Pour terminer l’année 2019, et accessoirement célébrer les deux ans d’existence (déjà !) des #HistoiresExpatriées, Lucie reprend les rênes de son formidable rendez-vous mensuel en nous proposant un thème très pertinent et plutôt introspectif.
Je participe assidument depuis le début (22 participations sur 26 éditions), pour assouvir un besoin de partager, en mots et en images, des épisodes de mon expérience de parenthèse expatriée un tantinet hors des sentiers battus… #DouxEuphémisme
Mais au fond, ai-je été une expatriée à proprement parler ?
Et finalement, me suis-je seulement considérée comme une expat’ un jour ?
⚠️🚨 ALERTE SPOILER 🚨⚠️
À ces deux questions existentielles, les deux réponses spontanées qui me sont instantanément venues à l’esprit sont « non, pas exactement. » et « NON, encore moins ! » (pour diverses raisons, ne divulgâchons pas totalement tout)…
Fin du suspense, merci, au revoir et à bientôt !
Bon, ceci dit, j’y ai quand même beaucoup (trop) réfléchi depuis que Lucie nous a demandé de plancher sur le sujet. Parce qu’en vérité, je me suis rendue compte que je ne m’étais jamais vraiment posée la question en ces termes auparavant. Ou plutôt, plus précisément, je ne me suis jamais demandée si moi, en tant que personne, j’endossais le statut spécifique d’expatriée.
En revanche, à mes yeux, ma tranche de vie au Sénégal relève clairement des histoires expatriées puisqu’elle s’est déroulée à l’étranger, donc littéralement « hors de ma patrie ».
Bref, ce n’est pas si évident et si simple que ça.
Je rends donc ma copie avec le fruit de mes (intenses) réflexions.
J’ai commencé par ouvrir des dictionnaires pour bien définir les choses.
EXPATRIÉ(E) :
→ personne qui s’est expatriée : du verbe pronominal « s’expatrier » signifiant partir en exil, quitter volontairement sa patrie ;
→ se dit d’un travailleur salarié exerçant son activité dans un autre pays que le sien ;
→ personne qui a été expatriée : du verbe transitif « expatrier » signifiant exiler, expulser quelqu’un ou l’envoyer loin de sa patrie. L’emploi du verbe passif « être expatrié » souligne la notion de quitter à regret un lieu dans lequel on aimait vivre.
Ces seules définitions me confortent dans l’idée que mes réponses spontanées ne sont pas si arbitraires qu’elles pourraient en avoir l’air.
En effet, je n’ai ni été expulsée de France, ni été une salariée envoyée travailler à l’étranger par son employeur, ni quitté volontairement mon pays pour une durée indéterminée.
Non, rien de tout cela.
Donc stricto sensu, je ne suis pas une expat’. CQFD
Pour autant, j’ai bel et bien été concernée par une expérience d’expatriation à travers ma période vécue sur le continent africain.
Alors pourquoi ne me suis-je jamais considérée comme une expatriée ?
Il y a trois raisons essentielles.
D’abord, l’idée d’une volonté délibérée, d’une envie farouche.
Comme je l’ai expliqué lors de l’édition des#HistoiresExpatriées consacrée au thème « Pourquoi es-tu parti(e) ? », à la base, je n’ai jamais souhaité ardemment quitter ma terre natale pour aller vivre ailleurs…
[…] 《 J’ai beau tourner la question dans tous les sens, je ne trouve vraiment pas d’autre réponse. Si je suis partie, c’est uniquement par amour ! Juste pour suivre mon Homme qui m’a proposé de partir en terre inconnue avec lui…
Je dois bien reconnaître que si Philéas n’avait pas cherché par tous les moyens à assouvir son désir de tenter une expérience d’expatriation, cette idée ne m’aurait jamais effleuré l’esprit par moi-même ! 》 […]
Pour moi, sont expatriées les personnes qui, à l’origine, l’ont voulu, l’ont décidé puis ont tout mis en œuvre pour réaliser leur projet.
L’envie farouche de partir est, à mon sens, un état d’esprit inhérent à la démarche de recherche de vie à l’international. État d’esprit que je n’ai jamais eu, contrairement à Philéas.
Ensuite, la notion de durée, de temporalité.
Lorsque je me suis envolée pour rejoindre mon Homme (parti trois semaines avant moi) au Sénégal, je savais dès le départ que ce serait pour une durée déterminée.
Dans ma tête, ça n’était par conséquent qu’un départ pour aller vivre ailleurs une expérience dépaysante ponctuelle et temporaire, avec comme date d’échéance fixée d’avance la fin du contrat de mission de Philéas.
Donc en ce qui me concerne, ça n’a jamais été un envol pour un changement de vie.
Là-bas, les expatriés que l’on a côtoyés avaient tous des contrats plus longs et renouvelables.
Ils étaient tous là parce que c’était le mode de vie qu’ils avaient choisi.
Beaucoup d’entre eux ne se voyaient d’ailleurs pas rentrer vivre en France avant longtemps.
Quelques-uns n’envisageaient même plus de rentrer un jour… Ce qui, du coup, faisait d’eux non plus des expatriés mais des immigrés.
La nuance est subtile, mais, là encore, elle relève de la temporalité me semble-t-il. Un expatrié quitte son pays pour un temps donné et, aussi long soit-il, un retour est envisagé/prévu, alors qu’un immigré quitte sa patrie d’origine pour partir s’installer ailleurs définitivement.
Enfin, l’aspect du statut professionnel.
Par rapport à tous les expat’ rencontrés lors de notre parenthèse au Sénégal (qui d’ailleurs, à cette époque, ne se qualifiaient pas d’expatriés pour la plupart, mais de coopérants), on n’avait pas les mêmes avantages liés au contrat de travail. Ce n’était pas du tout les mêmes niveaux de salaires(en moyenne entre 4 et 10 fois plus élevés pour les expat’ que pour Philéas), ni les mêmes droits acquis en matière de retraite(6 mois cotisés = 1 an de droits acquis pour les expat’ ; aucun droit à la retraite pour Philéas car période travaillée non validée), ni les mêmes avantages en nature(standing et confort des logements de fonction, des véhicules de fonction, nombre de billets d’avion aller/retour alloués aux expat’ pour rentrer dans leur pays d’origine chaque année).
Philéas avait le statut de C.S.N.=Coopérant du Service National
Un coopérant est une personne employée comme volontaire civil dans une mission de coopération internationale.
Le contrat décroché par Philéas était rémunéré selon un barème d’indemnisation forfaitaire applicable aux C.S.N. Ce barème était établi en fonction du niveau de vie du pays de destination. Ainsi, l’indemnité allouée pour une expatriation au Japon, par exemple, était 3 fois supérieure à celle reçue pour le Sénégal. Autant dire que notre train de vie était très éloigné des fastes des soirées chez l’ambassadeur (dont la rémunération était -logiquement- plus de 17 fois supérieure à celle de Philéas)(et puis quand bien même, de toute façon on était géographiquement domicilié très loin de l’Ambassade)…
Un logement de fonction (très spartiate, en immersion parmi les locaux) lui avait été attribué dans lequel, luxe ultime, le frigo était déjà installé (on a eu du bol car d’autres expat’ avec un autre type de statut de coopérant, devaient s’acheter un frigo en arrivant. Ne me demandez pas pourquoi, je n’ai pas la réponse…). Et puis son patron d’alors lui avait donné l’autorisation de pouvoir utiliser de temps en temps, à des fins personnelles, l’un des véhicules de l’entreprise. Une aubaine. (Merci Jean-Noël ! 😉)
Pour ma part, je n’étais pas salariée d’une entreprise française m’ayant envoyée travailler pour elle à l’étranger. J’avais simplement suivi mon conjoint, donc j’ai débarqué au Sénégal les mains dans les poches en tant que « femme de coopérant » #ViveLesÉtiquettes…, et accessoirement « chercheuse d’emploi »(avec tous les clichés qui vont avec).
Je m’étais débrouillée toute seule pour dénicher un job une fois sur place. #MiracleCarMissionImpossible
Je bossais dans le Cabinet d’un expert-comptable/commissaire aux comptes/expert judiciaire sénégalais, avec uniquement des collègues de travail sénégalais. Une expérience professionnelle pour le moins dépaysante et surréaliste à (re)lire ici.
J’étais payée au lance-pierre « à la sénégalaise » et je n’avais aucun droit social français (ni sénégalais d’ailleurs !) : pas de congés payés, aucune couverture sociale donc pas de prestations maladie, chômage, allocations familiales, ni validation de trimestres d’activité pour la retraite (ça, c’est pour ma poire, c’est perdu). C’était sans filets (j’ai pris des risques considérables aux yeux de certains, mais j’ai survécu, c’est le principal…).
En ce qui concerne la sécurité sociale et la mutuelle santé, Philéas non plus n’était pas couvert par son contrat. Il lui a donc fallu contracter une assurance maladie volontaire, sur laquelle j’étais rattachée comme ayant-droit, ce qui lui avait coûté un bras et un rein l’équivalent de deux mois de salaires. Mais heureusement qu’on l’avait souscrite ! Elle a été très largement amortie avec tous les pépins et autres déboires de santé qu’on a eus là-bas…
Bref, en résumé, Philéas et moi n’avons jamais eu la sécurité matérielle et sociale que pouvaient avoir les « vrais » expat’ que nous avons rencontrés là-bas (ce qui ne veut pas dire que tous les expat’ sont dans la même situation privilégiée… Je ne parle que de ceux que l’on a eus l’occasion de croiser au Sénégal. Attention de ne pas généraliser et mettre tout le monde dans le même panier !).
Mais là encore, il est impossible de généraliser car, comme souvent, cela dépendait un peu des cas et des individus.
Dans ma situation personnelle déjà racontée ici, mon expérience professionnelle en totale immersion m’a fait découvrir le désagréable inconfort d’être considérée comme une « femme blanche, étrangère et immigrée qui n’était pas chez elle ».
Philéas, de son côté, a connu les joies des jalousies et des menaces (jusqu’aux menaces de mort, carrément).
Bref, en conclusion, à la question posée par Lucie « Suis-je un(e) expat’ ? », je réponds : non, je ne le suis pas et, de mon point de vue, je ne l’ai jamais été.
Pourtant mon expérience de vie expatriée aurait très bien pu changer mon opinion et ma vision des choses. Mais les circonstances ont fait que ça n’a pas du tout été le cas (bien au contraire…). #BadKarma
Pour autant, cela ne signifie pas que c’est gravé dans le marbre. Comme le dit la maxime populaire : « il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis ! ».
Et puis surtout, comme me l’a appris la vie à de multiples reprises, « il ne faut jamais dire : fontaine, je ne boirai pas de ton eau ! »…
12 Comments on “[ #HistoiresExpatriées ] Suis-je une expat’ ?”
Hello, je pense que la définition d’être une expat doit se faire en fonction du moment! Chacun doit avoir sa propre définition en tout cas en ne se basant pas sur le dictionnaire. Quant à moi, je le suis depuis quelques années maintenant au Mexique, un pays dont je me suis amourachée après quelques courts passages! A bientôt !
Car en plus de l’expat il y a la femme d’expat… encore une autre histoire, un autre lot de préjugés et de préconçus. C’est assez courant en fait d’être « conjoint suiveur » comme on dirait aujourd’hui, et forcément ça amène à moins revendiquer son statut puisque le hasard de la vie nous a poussé à vivre à l’étranger.
Merci d’avoir partagé ton expérience et la preuve que les mots ont leur poids, c’est cette notion de coopérant que tu évoques. La question est encore plus compliquée dans un pays qui a subit la colonisation, j’imagine… j’aimerais bien avoir ton avis sur ça 🙂
Là-bas, j’ai eu l’occasion d’avoir des réflexions de locaux du style « tes ancêtres nous ont colonisés », mais très sincèrement, c’était marginal. Et en plus, ça venait toujours de jeunes qui n’avaient même pas connu la période coloniale… Mais on ne peut pas leur en vouloir quand on sait ce que certains expat’ se permettaient de faire, les comportements qu’ils avaient sous prétexte qu’ils se sentaient supérieurs car « blancs »…
Pour être honnête, les « conjoints suiveurs » n’étaient vraiment pas nombreux au Sénégal, en tout cas en dehors des expat’ vivant à Dakar, car vivre à la Capitale, c’était encore un autre monde qu’en vivre loin comme nous… Je ne peux pas en parler car je n’en fréquentais pas étant donné la distance.
Quand le couple était au complet, c’est que les deux avaient le même statut de coopérant la plupart du temps. Pour ce que j’ai vu, les femmes d’expat’ (sans contrat) ne restaient jamais très longtemps… étant donné le contexte et les conditions de vie (qui pourtant, pour elles, étaient très supérieures aux nôtres), elles préféraient rentrer vivre confortablement en France avec leurs enfants. Les rares qui restaient, je ne les fréquentais pas non plus car je n’avais rien en commun avec elles. Je n’aimais pas leur façon d’être, de paraître et de se considérer, leur état d’esprit, leur comportement avec tout leur personnel domestique… Et puis de toute façon, il y avait quand même une pointe de snobisme envers moi par rapport au statut de Philéas très nettement inférieur à celui de leur mari (on ne mélange pas les torchons et les serviettes voyons !). Et puis parfois, je ressentais un poil de médisance par rapport à mon propre « non-statut » lorsque je cherchais du boulot là-bas, et ensuite par rapport à mon « non-statut-standardisé-français-coopérant » quand je bossais pour un sénégalais avec que des sénégalais…
Bref, je me rends compte en écrivant ça que je devais être perçue comme un vilain petit canard 😀 !!!
Point de vue super intéressant ! C’est vrai que certains contrats locaux sans « sécurité » peuvent faire perdre pas mal de privilèges par rapport à d’autres « expats » (notamment ceux des ambassades, qui sont très très bien lotis), pour autant je pense qu’en tant que français / blancs qui voyagent, même si on ne se définit pas comme expat à proprement dit, on garde encore des privilèges par notre couleur de peau ou autre (trouver du travail, être protégé…).
Mais pour ton cas, c’est sur que correspondre à une définition stricte est compliqué ! C’est déjà très rare de partir sans « ce désir profond du voyage », comme de suivre quelqu’un même pour une année… Et peut être qu’on a pas besoin de tout définir non plus 😉
Merci Alexienne ! Je suis totalement d’accord avec toi avec tous les privilèges inhérents au caractère « d’expat’ blanc », et aux privilèges offerts par un passeport français. Même ceux qui partent vivre volontairement dans des conditions compliquées précaires pour participer à d’obscurs projets d’aide au développement, sont des privilégiés par rapport aux populations locales… Le problème est que peu d’entre eux veulent le reconnaître (ou n’en ont pas pris conscience).
Tu soulèves un point qui me surprend beaucoup car je n’y avais jamais pensé : le caractère « rare » de ma démarche. Je ne sais pas si c’est rare, atypique sans doute. En tout cas je sais que pour moi c’était juste normal d’accepter de partir 16 mois à l’aventure avec mon Homme. On partait faire notre vie d’adultes autonomes, c’était donc dans la continuité naturelle des choses (je veux dire par là que je n’ai pas suivi un inconnu les yeux fermés, nous étions déjà ensemble depuis un certain temps…). Qu’est-ce qu’on ne ferait pas par Amour !
Bien vu, Angélique Armand Fogues, avec le recul je me dis que j’aurais pu faire plus pour ton confort de vie et celui de Laurent. Mon second séjour au Sénégal m’a montré que l’on pouvait passer par dessus les règles que la Coopération Française et l’AFD nous imposaient; mais cela a forgé ton caractère 😉 😉 😉 😉
Juste un détail : je n’ai pas bénéficié du système de retraite (6 mois cotisés = 1 an de droits acquis pour les expat’) ce qui m’a amené à prendre la mienne à 64 ans. Mais je ne le regrette pas.
Comme tu dis Jean-Noël, ça m’a encore plus forgé/renforcé la caractère (qui valait déjà son pesant de cacahuètes avant ma parenthèse SénéGauloise) 😅 !
Je ne te fais aucun reproche sur nos conditions de vie là-bas, ce que tu as pu faire pour nous à l’époque était déjà beaucoup : entre le véhicule, les jours accordés à Philéas, et t’être démené pour nous trouver une « vraie » maison individuelle à Thiès avec la prise en charge de toutes les misères que nous a fait subir le proprio, c’était une bouffée d’oxygène…
Je précise en passant, au cas où mon témoignage pourrait le laisser penser, je n’éprouvais absolument aucune convoitise envers les autres coopérants. D’ailleurs, je ne connaissais même pas les « coulisses » de ton propre statut d’expat’. Je n’ai envié personne, ce n’est pas du tout dans mon tempérament, j’ai simplement beaucoup observé comme je le fais toujours dans la vie…
Cette étiquette de « femme de … », mais quelle horreur ! Ça réduit tellement ton propre status je trouve. Enfin bref, ce n’est pas le débat. Je trouve ça très intéressant / intriguant que les termes s’expatrier et expatrier aient des définitions aussi paradoxales. D’un côté, l’idée de partir volontairement, de l’autre l’idée d’être éjecté. Très intéressant ton point de vue en tout cas !
Je parlais justement de ce genre de situation avec une amie hier, quand tu n’es plus dans le cadre de l’Africain qui s’installe en Europe mais de l’Européen qui s’installe en Afrique. On se demandait si les deux expériences étaient similaires sur certains points. Je vais partager ton article avec elle ! xx
« Quelle horreur ! »… Je ne te le fais pas dire !!! Ca me hérissait le poil au plus haut point !
Moi aussi j’ai été surprise par les définitions.
Merci de partager mon article à ton amie. Je serais intéressée de connaître son point de vue sur la question.
J’ai beaucoup d’amies ici qui ont suivi leurs maris et qui se battent contre le cliché de la femme d’expat’ riche et oisive alors qu’elles passent leur temps à gérer tous les problèmes d’installation et à s’occuper des enfants.
Vous êtes restés combien de temps au Sénégal ?
je n’étais pas du tout dans ce genre de situation. Pas encore d’enfants à ce moment-là (j’avais alors 22 ans à l’époque, et l’étape « enfants » n’était pas du tout prévu au programme), et pas de problèmes liés à l’installation puisque nous n’étions que de passage… Mais j’ai rencontré quelques femmes qui étaient dans le cas que tu décris.
On est restés au Sénégal 15 mois (au lieu des 16 prévus au départ). J’ai catégoriquement refusé de rempiler pour un nouveau contrat, mais ça n’a rien à voir avec l’étiquette de « femme de »…
Hello, je pense que la définition d’être une expat doit se faire en fonction du moment! Chacun doit avoir sa propre définition en tout cas en ne se basant pas sur le dictionnaire. Quant à moi, je le suis depuis quelques années maintenant au Mexique, un pays dont je me suis amourachée après quelques courts passages! A bientôt !
Ooooh le Mexique ! Notre voyage préféré, indétrôné encore à ce jour !!! On avait adoré les Chiapas.
Merci d’être passée par ici.
Car en plus de l’expat il y a la femme d’expat… encore une autre histoire, un autre lot de préjugés et de préconçus. C’est assez courant en fait d’être « conjoint suiveur » comme on dirait aujourd’hui, et forcément ça amène à moins revendiquer son statut puisque le hasard de la vie nous a poussé à vivre à l’étranger.
Merci d’avoir partagé ton expérience et la preuve que les mots ont leur poids, c’est cette notion de coopérant que tu évoques. La question est encore plus compliquée dans un pays qui a subit la colonisation, j’imagine… j’aimerais bien avoir ton avis sur ça 🙂
Là-bas, j’ai eu l’occasion d’avoir des réflexions de locaux du style « tes ancêtres nous ont colonisés », mais très sincèrement, c’était marginal. Et en plus, ça venait toujours de jeunes qui n’avaient même pas connu la période coloniale… Mais on ne peut pas leur en vouloir quand on sait ce que certains expat’ se permettaient de faire, les comportements qu’ils avaient sous prétexte qu’ils se sentaient supérieurs car « blancs »…
Pour être honnête, les « conjoints suiveurs » n’étaient vraiment pas nombreux au Sénégal, en tout cas en dehors des expat’ vivant à Dakar, car vivre à la Capitale, c’était encore un autre monde qu’en vivre loin comme nous… Je ne peux pas en parler car je n’en fréquentais pas étant donné la distance.
Quand le couple était au complet, c’est que les deux avaient le même statut de coopérant la plupart du temps. Pour ce que j’ai vu, les femmes d’expat’ (sans contrat) ne restaient jamais très longtemps… étant donné le contexte et les conditions de vie (qui pourtant, pour elles, étaient très supérieures aux nôtres), elles préféraient rentrer vivre confortablement en France avec leurs enfants. Les rares qui restaient, je ne les fréquentais pas non plus car je n’avais rien en commun avec elles. Je n’aimais pas leur façon d’être, de paraître et de se considérer, leur état d’esprit, leur comportement avec tout leur personnel domestique… Et puis de toute façon, il y avait quand même une pointe de snobisme envers moi par rapport au statut de Philéas très nettement inférieur à celui de leur mari (on ne mélange pas les torchons et les serviettes voyons !). Et puis parfois, je ressentais un poil de médisance par rapport à mon propre « non-statut » lorsque je cherchais du boulot là-bas, et ensuite par rapport à mon « non-statut-standardisé-français-coopérant » quand je bossais pour un sénégalais avec que des sénégalais…
Bref, je me rends compte en écrivant ça que je devais être perçue comme un vilain petit canard 😀 !!!
Point de vue super intéressant ! C’est vrai que certains contrats locaux sans « sécurité » peuvent faire perdre pas mal de privilèges par rapport à d’autres « expats » (notamment ceux des ambassades, qui sont très très bien lotis), pour autant je pense qu’en tant que français / blancs qui voyagent, même si on ne se définit pas comme expat à proprement dit, on garde encore des privilèges par notre couleur de peau ou autre (trouver du travail, être protégé…).
Mais pour ton cas, c’est sur que correspondre à une définition stricte est compliqué ! C’est déjà très rare de partir sans « ce désir profond du voyage », comme de suivre quelqu’un même pour une année… Et peut être qu’on a pas besoin de tout définir non plus 😉
Merci Alexienne ! Je suis totalement d’accord avec toi avec tous les privilèges inhérents au caractère « d’expat’ blanc », et aux privilèges offerts par un passeport français. Même ceux qui partent vivre volontairement dans des conditions compliquées précaires pour participer à d’obscurs projets d’aide au développement, sont des privilégiés par rapport aux populations locales… Le problème est que peu d’entre eux veulent le reconnaître (ou n’en ont pas pris conscience).
Tu soulèves un point qui me surprend beaucoup car je n’y avais jamais pensé : le caractère « rare » de ma démarche. Je ne sais pas si c’est rare, atypique sans doute. En tout cas je sais que pour moi c’était juste normal d’accepter de partir 16 mois à l’aventure avec mon Homme. On partait faire notre vie d’adultes autonomes, c’était donc dans la continuité naturelle des choses (je veux dire par là que je n’ai pas suivi un inconnu les yeux fermés, nous étions déjà ensemble depuis un certain temps…). Qu’est-ce qu’on ne ferait pas par Amour !
Bien vu, Angélique Armand Fogues, avec le recul je me dis que j’aurais pu faire plus pour ton confort de vie et celui de Laurent. Mon second séjour au Sénégal m’a montré que l’on pouvait passer par dessus les règles que la Coopération Française et l’AFD nous imposaient; mais cela a forgé ton caractère 😉 😉 😉 😉
Juste un détail : je n’ai pas bénéficié du système de retraite (6 mois cotisés = 1 an de droits acquis pour les expat’) ce qui m’a amené à prendre la mienne à 64 ans. Mais je ne le regrette pas.
Comme tu dis Jean-Noël, ça m’a encore plus forgé/renforcé la caractère (qui valait déjà son pesant de cacahuètes avant ma parenthèse SénéGauloise) 😅 !
Je ne te fais aucun reproche sur nos conditions de vie là-bas, ce que tu as pu faire pour nous à l’époque était déjà beaucoup : entre le véhicule, les jours accordés à Philéas, et t’être démené pour nous trouver une « vraie » maison individuelle à Thiès avec la prise en charge de toutes les misères que nous a fait subir le proprio, c’était une bouffée d’oxygène…
Je précise en passant, au cas où mon témoignage pourrait le laisser penser, je n’éprouvais absolument aucune convoitise envers les autres coopérants. D’ailleurs, je ne connaissais même pas les « coulisses » de ton propre statut d’expat’. Je n’ai envié personne, ce n’est pas du tout dans mon tempérament, j’ai simplement beaucoup observé comme je le fais toujours dans la vie…
Cette étiquette de « femme de … », mais quelle horreur ! Ça réduit tellement ton propre status je trouve. Enfin bref, ce n’est pas le débat. Je trouve ça très intéressant / intriguant que les termes s’expatrier et expatrier aient des définitions aussi paradoxales. D’un côté, l’idée de partir volontairement, de l’autre l’idée d’être éjecté. Très intéressant ton point de vue en tout cas !
Je parlais justement de ce genre de situation avec une amie hier, quand tu n’es plus dans le cadre de l’Africain qui s’installe en Europe mais de l’Européen qui s’installe en Afrique. On se demandait si les deux expériences étaient similaires sur certains points. Je vais partager ton article avec elle ! xx
« Quelle horreur ! »… Je ne te le fais pas dire !!! Ca me hérissait le poil au plus haut point !
Moi aussi j’ai été surprise par les définitions.
Merci de partager mon article à ton amie. Je serais intéressée de connaître son point de vue sur la question.
J’ai beaucoup d’amies ici qui ont suivi leurs maris et qui se battent contre le cliché de la femme d’expat’ riche et oisive alors qu’elles passent leur temps à gérer tous les problèmes d’installation et à s’occuper des enfants.
Vous êtes restés combien de temps au Sénégal ?
je n’étais pas du tout dans ce genre de situation. Pas encore d’enfants à ce moment-là (j’avais alors 22 ans à l’époque, et l’étape « enfants » n’était pas du tout prévu au programme), et pas de problèmes liés à l’installation puisque nous n’étions que de passage… Mais j’ai rencontré quelques femmes qui étaient dans le cas que tu décris.
On est restés au Sénégal 15 mois (au lieu des 16 prévus au départ). J’ai catégoriquement refusé de rempiler pour un nouveau contrat, mais ça n’a rien à voir avec l’étiquette de « femme de »…