[ #HistoiresExpatriées ] Tourisme dans le(s) pays voisin(s)…

 

https://occhiodilucie.com/
 
(édition n°1905/2019)
(avec pour marraine Kenza, expatriée au Canada)

Thème proposé :

LE TOURISME DANS

LES PAYS VOISINS

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Six pays sont voisins du Sénégal.
La Mauritanie au Nord.
Le Mali à l’Est.
La Guinée Conakry et la Guinée Bissau au Sud.
Les îles du Cap Vert au large des Côtes Ouest.
Et enfin la Gambie enclavée en plein milieu du territoire.
Autant dire que les possibilités de découvrir et explorer cette vaste zone d’Afrique de l’Ouest étaient nombreuses.

J’aurais pu raconter un dimanche à Bamako, le fascinant pays Dogon, ou encore la mythique « cité de sable » de Tombouctou (saccagée par les terroristes en 2012).

J’aurais pu montrer des photos de l’archipel des Bijagos, un petit paradis d’îles sacrées pour le moins méconnues (sincèrement, qui connait ou en a déjà entendu parler ?).

J’aurais pu relater les jours de treks pour explorer le Fouta Djalon, cette magnifique région montagneuse appelée le « château d’eau d’Afrique de l’Ouest », d’où prennent leur source de grands fleuves africains.

J’aurais pu expliquer comment s’organise la vie des hommes du désert et leurs chameaux durant une méharée au cœur du Sahara.

J’aurais pu présenter chacune des dix îles volcaniques capverdiennes éparpillées dans l’océan Atlantique entre 600 et 900 kms des côtes africaines.

Oui, j’aurais pu ! Mais je ne le ferai pas car ce serait mentir effrontément en réécrivant mon histoire expatriée…

En vérité, alors que le champ des possibles était immense, les circonstances de notre parenthèse de vie ailleurs en ont décidé autrement. Le contrat de travail de Philéas stipulait noir sur blanc l’interdiction de toute sortie du Sénégal. Et puis, quand bien même, de toute façon on n’avait pas les moyens de s’offrir des billets d’avion. Forcément, dans ces conditions, ça a stoppé net tous projets de tourisme dans les pays voisins. Enfin… presque !

Quand on vivait au Sénégal au milieu des années 90, Philéas avait envisagé faire Dakar/Bamako en train, une « expérience » des plus aventureuses s’il en est pour rejoindre le Mali. Sauf que pour ça, il fallait plusieurs jours de congés, et l’on n’en avait tout simplement pas…
C’est bien dommage car à l’époque, la ligne ferroviaire existait encore, mais très aléatoirement (euphémisme) : les jours de départ des trains n’étaient pas fixes, quand il y avait un train ! Impossible donc de prévoir quoi que ce soit dans le contexte qui nous contraignait.
Même lorsque ce projet aurait pu voir le jour quelques années après notre retour définitif en France, il n’a pas pu être réalisé car le train n’existait carrément plus…
Bref, on n’a jamais pu aller au Mali par le rail ! #ItWasTheBigFail

On a traversé la Gambie par le bac de Farafenni plusieurs fois pour rejoindre plus « rapidement » la belle région de la Casamance au Sud du Sénégal (lire le récit épique de ma première traversée ici). Mais point question de tourisme ici, puisqu’on ne s’est jamais arrêtés pour visiter ce petit pays sans réel intérêt à nos yeux.

Pour la Guinée-Bissau, ce n’était pas très recommandé d’aller y traîner ses tongs à l’époque de notre expatriation. Et puis de toute façon, comme pour la Guinée Conakry, c’était beaucoup trop loin en distance terrestre et en temps. Cela nous était donc impossible par la « route ». Quant à l’option « avion », comme je l’ai dit, c’était hors budget.

Le Cap Vert, pour être honnête, on ne l’avait carrément jamais envisagé.

Reste la Mauritanie, tout au Nord, de l’autre côté du fleuve Sénégal constituant la frontière naturelle. Sur l’autre rive, c’est le désert, un bout du mythique Sahara, le territoire des Touaregs.
À l’époque de notre parenthèse expatriée (en 1994/1995), la situation géopolitique locale était toujours très tendue tout le long de la zone frontalière. Le conflit sénégalo-mauritanien (qui a éclaté en 1989, les frontières n’ayant été rouvertes qu’en mai 1992) avait laissé des traces suite à la rupture des relations diplomatiques et aux déplacements de milliers de réfugiés de part et d’autre. Ce pays était donc un mystère inaccessible. Autant dire qu’on n’avait jamais espéré pouvoir y mettre le bout d’un orteil un jour !
Les hasards de la vie (qui, pour le coup, ont bien fait les choses, une fois n’est pas coutume) ont fait qu’un beau jour, mes dix orteils, mes deux pieds (et tout le reste) ont traversé la frontière « interdite ». Oh pas longtemps… Juste une échappée belle d’une longue journée, mais quelle journée ! Intense ! Grandiose !

C’était lors d’un week-end prolongé (merci les jours fériés démultipliés par les différents courants religieux locaux ), le dernier week-end du petit mois de vacances que mes parents étaient venus passer chez nous à Thiès.
On les avait alors embarqués à la découverte de la région Nord-Ouest du Sénégal : Saint-Louis, la Langue de Barbarie, Richard Toll, le lac de Guiers (dont je garde un formidable souvenir). Et puis l’opportunité de faire une virée dans le désert mauritanien s’était présentée. On avait sauté sur l’occasion sans hésiter, sans se poser de questions, ne serait-ce que pour l’autorisation de franchir la frontière à l’improviste. Un détail sans grande importance dans ce genre de pays…? D’autant plus qu’on était censés ne pas sortir du territoire sénégalais, je le rappelle.
Philéas avait averti son patron d’alors ; celui-ci lui avait donné sa bénédiction informelle et non officielle, tout en nous recommandant avec insistance d’être vraiment extrêmement prudents !

Ce petit air d’aventure interdite au goût de fruit défendu n’a fait qu’amplifier les sensations de cette parenthèse enchantée.

C’était la première fois de ma vie que j’allais dans un vrai désert (qui ne ressemble pas tout-à-fait à ce que je m’imaginais), et aussi que je voyais des dunes de sable blond à perte de vue. C’était magique, irréel, avec une pointe de frayeur et de montées d’adrénaline. Tout ce qu’il fallait pour rendre cette virée furtive inoubliable.

Extrait de mon carnet de bord de l’époque, illustré de quelques-unes des rares photos argentiques que j’avais prises ce jour-là.

 

~⟴~⟴~⟴~⟴~ FLASHBACK ~⟴~⟴~⟴~⟴~

 

Dimanche 29 janvier 1995.

Hier, la grande virée en brousse jusqu’à l’immense lac de Guiers en passant par des minuscules « villages » de nomades peuls, puis en revenant par Richard Toll au milieu des plantations de cannes à sucre, était déjà vraiment super.

Mais alors aujourd’hui, on a atteint des sommets : l’excursion dans le désert en Mauritanie était absolument génialissime !

Cette fois-ci, au détour d’une conversation, c’est le patron de l’hôtel (un amoureux fou du désert) qui nous a proposé cette balade totalement improvisée à bord de son gros camion-pick-up 4×4 trafiqué maison, entièrement décortiqué pour être garanti 100% aéré (plus aucun habitacle fermé, il ne reste plus que les armatures, la structure est ainsi transformée pour être entièrement ouverte).
Deux autres couples passant aussi le week-end là, se sont joints à nous quatre. Parmi eux, une pintade de compétition qui a su se distinguer avec brio du début à la fin de la journée…

{ Il paraît qu’il y a toujours une chieuse tête-à-claque quelque part… Et bien on l’a eue, c’était du très haut niveau, classée hors catégorie…
Petite présentation du phénomène valant son pesant de cacahuètes. Bimbo ultra sapée, couverte de bijoux, savamment coiffée et maquillée à outrance comme si elle se rendait à une soirée huppée fashion-tendance… sauf qu’on partait pour une expédition aventureuse plutôt physique (être secoué non-stop à l’arrière du pick-up, c’est du sport !), décoiffante (c’est le cas de le dire) et salissante, ressemblant plus à une étape du Paris-Dakar qu’à un défilé de haute couture ! Il est clair que personne ne l’a avertie (ou alors elle n’a pas bien compris les consignes)… Petit détail supplémentaire qui a mis du piment (et un chouïa de crispations) dans l’ambiance du petit groupe : elle est enceinte de deux mois et l’a bien fait savoir à tout le monde dès le départ de l’action en posant ses conditions. Manifestement, cette future parturiente n’est pas au courant qu’une grossesse normale n’est ni une maladie, ni un handicap. Elle a voulu s’asseoir devant avec le chauffeur, mais uniquement sur un coussin épais pour amortir les secousses et éviter ainsi de faire une fausse couche…
On s’est regardés, dubitatifs et perplexes, en se demandant si l’on n’était pas en plein tournage d’une caméra cachée. Mais la tête déconfite et navrée de son mec en a dit suffisamment long (du genre ≪ vraiment désolé, mais l’excès d’hormones lui monte à la tête. ) pour qu’on comprenne que la scène se jouant en direct live devant nous était bien réelle. }

On est partis de Saint-Louis au petit matin, à la fraîche, en longeant le fleuve Sénégal direction le grand barrage de Diama, situé avant le Parc National du Djoudj (l’un des plus grands parc ornithologique du monde). C’est là que l’on a traversé le fleuve-frontière. Je n’ai pas trop compris les formalités… Le patron de l’hôtel est allé longuement parlementé avec les agents (armés de mitraillettes) en poste là et finalement on est passés comme ça !?!?

Monsieur Pélican barbote gaiement
après les deux piquets, c’est la Mauritanie !
 

 
 
On est alors remontés dans les terres au milieu de nulle part sur une quarantaine de kms, cheveux au vent, bouffant de la poussière par tous les trous et copieusement remués dans tous les sens. On avançait au gré des envies du patron de notre hôtel, notre super chauffeur du jour. On était assis dehors à l’arrière dans le pick-up, sous la bâche nous protégeant juste du soleil implacable. On ne savait absolument pas où on allait, ni où on était exactement, ni si on prenait des risques inconsidérés, mais on se sentait bien, et finalement, c’était parfait comme ça.
 
 
 
 

{ La bulle d’insouciance dans laquelle on s’est retrouvés avec délectation ne semblait pas franchement être partagée par Miss Pintade accrochée sur son coussin XXL dans la cabine à l’avant… Elle a fait la gueule tout le temps, poussant des cris, soufflant et engueulant son mec à chaque secousse. Et des secousses, ce n’est pas ce qu’il a manqué vu le rodéo qu’on a fait (j’ai eu des courbatures pendant plusieurs jours après), alors autant dire qu’elle s’est hyper ventilée les poumons, pendant que ce pauvre garçon s’en prenait plein la tronche… }
 

Les paysages arides et désertiques, avec parfois des étendues aquatiques surgies de nulle part, sont stupéfiants. Quelques mirages aperçus. Des points d’eau par-ci par-là, ne ressemblant pas vraiment à l’idée que je me fais d’un oasis. Difficile de penser que des gens parviennent à vivre dans un tel milieu hostile. Et pourtant, de temps en temps, on a observé quelques signes de vie, notamment avec la présence de troupeaux dromadaires.
 

non non, ce n’est pas un mirage, c’est bien de l’eau…
troupeau de dromadaires

 
En milieu de journée, sous un soleil de plomb et une chaleur accablante, on a atteint une zone arborée, l’endroit idéal pour s’arrêter pique-niquer à l’ombre.

 

Après avoir bien mangé et bien bu, une fois la peau du ventre bien tendue, on est repartis plein Ouest pour rejoindre l’océan. Les paysages ont subitement radicalement changé. On s’est retrouvés au beau milieu d’une zone avec du sable à perte de vue, c’était grandiose ! Je n’ai jamais vu du sable aussi fin et clair.

 

Rouler à fond dans un tel décor, monter et descendre les dunes avec le camion donnent des sensations complètement dingues. Surtout quand notre chauffeur nous a fait le coup de la panne !!! On y a tous cru, forcément, sinon ce ne serait pas drôle… Mais c’était juste pour nous montrer comment on utilise les rails pour se sortir d’affaire lorsque l’on se retrouve ensablés.

{ Miss Pintade n’était pas à la fête à ce moment de l’action… On est passés à deux grains de sable d’une crise d’hystérie d’anthologie !!! }
 

Pendant les opérations de désensablement, on est tous descendus du camion. J’en ai profité pour tester la marche dans le sable en plein cagnard. Ce n’est pas une légende, c’est bel et bien épuisant ! Cette sensation de forcer comme un âne en soufflant comme un buffle pour avancer aussi vite qu’un escargot léthargique, tout en ayant l’impression de faire du surplace est très bizarre.

rôtir au soleil, à la recherche de la paix intérieure

 

On a rangé les rails puis on est repartis. L’océan est enfin apparu à l’horizon.

 

On s’est arrêtés sur la plage, une surprise nous attendait ! Le patron de l’hôtel a sorti une grande voile du coffre du camion. Le vent était idéal pour la gonfler et nous occuper à faire mumuse avec cet énorme « cerf-volant » une bonne partie de l’après-midi.

{ Pendant ce temps, Miss Pintade s’est mise en maillot et a boudé dans son coin… }
 

Je n’en reviens pas de la force qu’il faut avoir pour tenir l’engin. Plus on donne du lest en rallongeant les cordes et plus la puissance se démultiplie. Quand mon tour est arrivé, je n’arrivais pas à tenir les pieds au sol (il faut dire qu’à cette époque, j’étais encore un poids plume…). J’ai bien cru que j’allais carrément m’envoler ou, pire, finir démembrée tellement mes bras étaient écartelés sans que je ne puisse rien faire !!! Philéas a dû venir à ma rescousse pour m’aider à ramener la voile et m’en décrocher.

 

 

 Mais ce qui m’a rassurée c’est que Philéas a bien bataillé lui aussi !

allégorie de l’expression « ne pas toucher terre » !

Et puis on a tout remballé et on s’est remis en route pour les 40 kms retour. Cette fois-ci, on a longé la côte par la plage. Absolument personne à l’horizon. En revanche, tout le long du rivage, la quantité d’épaves de pétroliers et autres cargos échoués est hallucinante.
On roulait à vive allure, zigzaguant dans les vagues nous éclaboussant généreusement au passage, c’était grisant. L’eau de mer nous a transformés petit à petit en statues de sel : les cheveux complètement emmêlés et figés façon stalagmites sur la tête, la peau desséchée et salée, les yeux irrités avec les cils enrobés de cristaux de sel, les lèvres gercées.

{ Miss Pintade, assise devant, était aux premières loges pour se prendre encore plus de flotte que nous à l’arrière. Elle s’est rapidement retrouvée trempée jusqu’aux os. Carnage sur sa coiffure et son maquillage… (Je n’ose pas imaginer sa réaction quand elle s’est vue dans un miroir en arrivant à l’hôtel…). Alors qu’on roulait vite et que le vent soufflait, son « chapeau » s’est soudain envolé avant d’atterrir dans l’eau. Elle a poussé un cri de fureur, a ordonné qu’on s’arrête sur le champ et a incendié son mec pour qu’il aille fissa le lui récupérer en courant avant que les vagues ne l’emportent au large. }
 

C’est à ce moment-là que le camion a décidé de ne pas redémarrer ! Et ce coup-ci, ce n’était pas un remake du (fake) coup de la panne.
On était encore en Mauritanie, loin d’être arrivés au niveau de la frontière…

Voyant au bout d’un moment que ce n’était pas du tout une blagounette pour nous offrir une dernière décharge d’adrénaline, mon père s’en est mêlé. Et heureusement ! (Mon papa était un véritable Mac Gyver). Il a fini par trouver un moyen de réparer temporairement la panne avec trois bouts de ficelle, juste de quoi parer au plus pressé et nous permettre de rouler jusqu’à l’hôtel.

Sur le retour, on s’est arrêtés dans une concession familiale paumée au milieu de nulle part pour boire le thé traditionnel. La famille nous a accueillis en sortant un immense tapis aux effluves puissants… Les plus délicats (suivez mon regard…) ont eu du mal à s’y assoir dessus. Ceux qui ne connaissaient rien du rituel des trois thés n’ont pu réprimer leur grimace de dégoût en observant le mode de préparation après le « lavage » et essuyage des petits verres avec un chiffon crasseux. Leur salut est venu du gros retard qu’on a pris lors de la vraie panne. Il fallait absolument rentrer au Sénégal avant le coucher du soleil. Du coup, on n’a pu déguster qu’un seul des trois thés. Normalement ça dure des heures…

 

On s’est remis en route, toujours sur la plage, quand soudain, le chauffeur s’est arrêté sans raison apparente. Enfin… pour nous. Car en réalité on était arrivés au niveau de la frontière… invisible à l’œil nu ! Pas de barrages, pas de barbelés, pas de clôtures, pas de poste de police des frontières ni de douane. Rien de tout ça, le néant le plus total.
Franchement, celui qui ne connait pas la zone comme sa poche ne peut pas savoir que la frontière passe juste là. Si l’on ne s’était pas arrêtés pour se signaler aux militaires (surgi de nulle part) postés à cet endroit, ils nous auraient tirés dessus comme des lapins avec leur mitraillette !
Dernier coup d’adrénaline… Surtout quand notre chauffeur nous a vaguement expliqué que normalement c’est interdit de passer par là. Je croisais les doigts pour qu’on n’ait pas à faire demi-tour et se retaper le chemin en sens inverse la nuit tombée…
Heureusement, comme le patron de l’hôtel est un habitué, il les connait bien. Il a emporté un filet garni. Il le leur a offert, et hop, abracadabra, frontière ouvre-toi ! Sacs de riz, paquets de sucre, doses de thé, lames de rasoir, et le tour a été joué, on est passés sans aucun problème ✌ !

{ Miss Pintade semble lessivée par toutes ces émotions et le grand air iodé de l’océan. On ne l’a plus entendue caqueter jusqu’à l’arrivée ! }
 

On est donc revenus à Saint-Louis par la plage où une dernière petite péripétie a terminé cette journée mémorable.
Là, des gamins s’agitaient comme des furies. Intrigués, on s’est dirigés vers eux. Ils voulaient tuer un varan à coups de pierres. Le varan est une espèce protégée en voie d’extinction (à l’époque de l’action. Je ne sais pas ce qu’il en est de nos jours). Cette bestiole est totalement inoffensive. Enfin, disons que le varan n’est pas du tout agressif, mais il a de quoi se défendre s’il se sent menacé. En effet, sa longue queue est très puissante (un seul coup peut briser une jambe) et il s’en sert de fouet pour chasser l’ennemi.
On a passé plus d’une heure à tenter de capturer le varan pour le sauver d’une mort certaine. Heureusement qu’il était petit (seulement un mètre de long) car il a donné beaucoup de fil à retordre au chauffeur, Philéas et mon père, les valeureux courageux constituant le commando d’approche.

{ Terrorisée, Miss Pintade a catégoriquement refusé de bouger de son coussin… }
 

On a vidé la glacière du pique-nique et les garçons ont tout fait pour pousser cette pauvre bête affolée à y entrer et ainsi pouvoir la transporter sans prendre de risques. Mais le varan a fui vers le 4×4 où il a trouvé refuge sur l’essieu de la roue avant. On avait peur de l’écraser en avançant le camion. Pendant ce temps, les gamins nous ont suivis, nous entouraient et étaient survoltés.
Le patron de l’hôtel a redémarré très lentement, le varan s’est décalé sur le pneu et s’est mis à marcher sur la roue au fur et à mesure que le camion roulait. Puis soudain le varan a sauté sur le sable. Philéas l’a pris en chasse et lui a sauté dessus en réussissant à lui poser la glacière sur le corps. Mais impossible d’y faire glisser la queue qui fouettait furieusement à l’extérieur sur le sable. Ils ont réussi à finir la manœuvre grâce au rail de désensablement du 4×4 qu’ils ont glissé doucement en dessous. Une fois le varan capturé, ils ont retourné la glacière avec le rail en guise de couvercle et on est partis le relâcher dans le fleuve. Sain et sauf.

C’est après ce dernier périple héroïque qu’on est rentrés à l’hôtel où on a eu la surprise d’y découvrir Richard Bohringer et Bernard Giraudeau installés au bar. Ils étaient là pour le tournage de leur film « Les caprices d’un fleuve ».

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Le tourisme dans les pays voisins n’a donc malheureusement pas été vraiment possible lors de notre parenthèse expatriée au Sénégal. Mais avec Philéas, nous avons la ferme intention de remédier à ça un jour, en fonction des opportunités et des situations géopolitiques locales compliquées par endroit…
Dans un premier temps, nous avons dans l’idée de partir en repérage avec nos sacs à dos pour explorer le Fouta Djalon en Guinée Conakry. Ce voyage était prévu à l’automne dernier, sauf qu’il a dû être annulé au dernier moment pour des raisons de santé. Mais ce n’est que partie remise !

 
 
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édition n°18 : Leurs coutumes/habitudes devenues miennes. (je n’ai pas participé à ce numéro)
édition n°17 : Qu’est-ce qu’on écoute au Sénégal ?
édition n°16 : Un mot, une expression…
édition n°15 : La cuisine…
édition n°14 : Mon intégration…
édition n°13 : Le système médical…
édition n°12 : Les rapports humains…
édition n°10 : Le corps ailleurs…
édition n°7 : Votre coin de France. (je n’ai pas participé à ce numéro)
édition n°5 : Mon ailleurs la nuit…
édition n°4 : Ma nouvelle routine…
édition n°3 : Pourquoi es-tu partie ?
 

Toutes les autres participations abordant ce thème sont listées ici.
 
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2 Comments on “[ #HistoiresExpatriées ] Tourisme dans le(s) pays voisin(s)…

  1. Oh ouah! Je comprends pourquoi il fallait anticiper la publication, le temps de chercher tes archives, recopier, scanner, quel travail ! Par contre, pourquoi vous n’aviez pas le droit de sortir du pays ? c’est la première fois que j’entends ça !

    • C’est un peu le même « travail » à chaque édition pour moi 🙂 !
      Pour répondre à ta question : le contexte du lieu d’expatriation (au fin fond du Sénégal, loin de la capitale, à une époque où il n’y avait pas tous les moyens de communications modernes) y est pour beaucoup. Pour cette expatriation, mon Homme était sous contrat de CSN qui stipulait l’interdiction de sortir du territoire pour des raisons d’assurances et de sécurité. Je ne sais pas ce qu’il en était pour ses collègues expat’ qui avaient un statut professionnel de coopérant. Et je ne sais pas non plus ce qu’il en est de nos jours.

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