[ #HistoiresExpatriées ] Pourquoi es-tu partie ?

 

(édition n°301/2018)
(avec pour marraine Jéromine Gilet, expatriée en Grèce)

Thème proposé

POURQUOI ES-TU PARTI(E) ?

 
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[ Mi-décembre 2017, Quelque part dans le sud de la France… ]

─ Voilà, ça y est !!! Je connais le thème pour #HistoiresExpatriées de janvier : « Pourquoi es-tu parti(e)? ». Alors forcément, je vais avoir un peu besoin de toi cette fois-ci ! Parce que là, spontanément à chaud comme ça, ma réponse à cette question tient en une seule phrase : « Par amour ! Juste pour suivre mon Homme… ». À priori, c’est un peu léger pour en faire un article… Donc tu répondrais quoi toi à cette question ? En plus de trois mots si possible…

parce que je ne savais pas ce qui m’attendrait… Je croyais partir en vacances ! 

?… je te remercie pour cette réponse circonstanciée qui tient en plus de trois mots !!!
 
 

[ Début janvier 2018, au même endroit… ]

Bon alors, pourquoi es-tu partie ?

J’ai beau tourner la question dans tous les sens, je ne trouve vraiment pas d’autre réponse. Si je suis partie, c’est uniquement par amour ! Juste pour suivre mon Homme qui m’a proposé de partir en terre inconnue avec lui

Je dois bien reconnaître que si Philéas n’avait pas cherché par tous les moyens à assouvir son désir de tenter une expérience d’expatriation, cette idée ne m’aurait jamais effleuré l’esprit par moi-même ! Sans compter qu’à l’époque de cette parenthèse de vie ailleurs, nous étions encore en plein dans nos études d’expertise comptable : nous achevions à peine les cinq premières années, il nous restait encore les trois dernières à faire (avec des contraintes d’accomplissement précises) avant de pouvoir terminer et puis surtout valider notre cursus BAC+8. Durant ces trois dernières années justement, nous n’avions droit qu’à 12 mois dérogatoires réalisés hors du parcours classique imposé, ainsi que 12 mois de suspension.

Indépendamment de l’option « finir nos études » avant d’envisager quoi que ce soit d’autres, cette perspective de partir vivre à l’étranger ne m’était tellement jamais venue à l’esprit que lorsqu’il m’avait annoncé qu’il allait faire ses bagages, je calculais tristement dans mon coin le temps de la séparation plutôt que d’envisager spontanément la probabilité de le suivre…

Tandis que lui de son côté, il avait minutieusement tout calculé et planifié pour optimiser au maximum les choses dans ce contexte. Il a réussi à trouver un plan B pour conjuguer ses obligations militaires (qui ne pouvaient plus être repoussées une énième fois), la dernière étape de nos études (avec les contraintes d’accomplissement imposées donc) et son désir ardent de voyager (n’importe où dans le monde, pourvu qu’il mette les voiles).
Il était hors de question pour lui d’aller perdre dix mois dans une caserne à ne rien faire de concret pour son avenir. Donc il a opté pour la solution alternative qui existait alors : pas de passage imposé par la caserne, pas d’uniforme ni d’entrainements militaires, mais en contrepartie il fallait s’engager pour seize mois et trouver par soi-même un contrat de C.S.N. (Coopérant du Service National) impérativement à l’étranger.
Bingo ! Tout en honorant ses devoirs de conscription, en remplissant ses obligations étudiantes sans « gaspiller » trop de temps dans notre long cursus, son irrépressible envie de partir découvrir le monde allait ainsi être assouvie…

Comme j’ai accepté de faire partie de ce projet d’expatriation, une fois sur place, il ne me restait plus qu’à décrocher un boulot (éligible au diplôme d’expertise comptable) me permettant de bénéficier moi aussi des 12 mois dérogatoires (plutôt que la suspension du cursus à conserver en cas d’aléas de parcours)
Sur le papier, vus les endroits éloignés de la capitale sénégalaise où nous avons atterri, cela semblait être mission impossible. Mais finalement, la vie à l’étranger m’aura enseigné une première grande leçon : oser ! Dans la seconde ville où nous avons habité, j’ai osé aller frapper à la porte du seul Cabinet d’Expertise Comptable non situé à Dakar à l’époque, pour oser proposer mes services à l’unique expert-comptable/commissaire aux comptes, sénégalais évidemment comme tout le personnel travaillant pour lui. Devant sa réticence à m’embaucher faute de moyens financiers pour me rémunérer au tarif conventionnel de France, j’ai alors osé renoncer à toutes mes prétentions (niveau de salaire et congés payés) pour le convaincre. Il m’a finalement dit oui, comme un défi ! Défi que nous avons réussi à relever du mieux possible, malgré les nombreuses difficultés liées à nos énormes différences de culture, de méthode de travail, de façon de voir les choses, de gérer les problèmes. Le décalage fut total, permanent, déstabilisant, mais tout de même enrichissant de chaque côté de la barrière.
Les voyages forment la jeunesse ! Vivre et travailler à l’étranger (qui-plus-est dans la peau de « l’étranger ») est extrêmement formateur

Des scientifiques ont découvert assez récemment que le « gène du voyage » existerait bel et bien. Il concernerait environ 20% des gens.

En ce qui concerne Philéas, il ne fait aucun doute que l’esprit du voyageur est profondément inscrit dans son ADN. Plus ça va et plus sa « voyagite aiguë » s’aggrave ? ! D’ailleurs, si ça n’avait tenu qu’à lui, il y a bien longtemps que nous serions repartis vivre loin, avec nos enfants sous le bras cette fois. Mais la vie, avec ses innombrables contraintes et impondérables, en a décidé autrement jusqu’à maintenant…

Pour ma part, puisque les gènes se transmettent, et avec la quantité d’oiseaux migrateurs que je compte parmi mes ascendants (ancêtres pas si lointains que ça, à commencer par mes grands-parents maternels), j’aurais dû avoir la bougeotte dans le sang comme Philéas. D’autant plus que j’ai même appris (avec stupéfaction) un jour que mes parents avaient envisagé l’expatriation vers l’Australie (ça, c’était avant que je débarque sur cette Terre et que j’envahisse leur vie), projet qui n’avait pas pu se concrétiser au final pour je-ne-sais-plus trop quelle raison.
Quoiqu’il en soit, ce qui semble évident à mes yeux c’est que je n’ai pas hérité de ce gène-là ! Ou alors, si vraiment il m’a été transmis, il est vraiment très discret, bien enfoui, et il s’exprime d’une façon franchement beaucoup moins évidente…
D’abord, partir de chez moi m’a toujours pesé énormément de prime abord.
Ensuite, la notion même d’inconnu me panique invariablement, c’est plus fort que moi.
Et puis surtout, j’ai une peur irrationnelle et irraisonnée de tout et n’importe quoi !
C’est grave docteur ? ?

Pour autant, et surtout contre toute attente, j’ai affronté mes peurs et je suis quand même partie vivre un temps en Afrique, en plein cœur du Sénégal. C’était une situation tellement improbable et inimaginable pour la jeune fille que j’étais à ce moment-là, que même mon père a dit à ma mère le jour de mon départ :  
《 Ne t’inquiète pas, dans 15 jours elle sera de retour à la maison. Tu la connais, tu sais comment elle est. Comment veux-tu qu’elle survive là-bas ? C’est impossible ! 》

En théorie, il n’avait pas tort étant donné la chochotte délicate que j’étais avant de faire le grand saut vers l’inconnu ! Mais moi, j’ai voulu (me) prouver que TOUT est possible…

Comme quoi, l’amour est un moteur d’une redoutable efficacité et une sacrée motivation pour surpasser ses craintes et ses appréhensions ! Et pourtant cette expérience ne fut pas de tout repos, c’est le moins que l’on puisse dire !!!

 

Quand je pense que Philéas s’imaginait partir en vacances… Il a tellement été soulagé de quitter le Sénégal à la fin de son contrat (et moi donc…) ! Depuis cette époque lointaine, avec les années de recul, il a quelque peu revu son jugement. Comme beaucoup, il a été ensorcelé par cette Afrique si envoûtante. Il retourne en voyage au Sénégal chaque année avec son sac à dos et une poignée d’amis qu’il initie à des aventures SénéGauloises épiques. Nous y avons même embarqué à deux reprises nos enfants, pour des voyages en immersion totale.
Depuis ce temps, l’envie de tenter à nouveau l’expatriation ne l’a toutefois pas quitté. Mais plus au Sénégal. Au fil de nos voyages, il continue de chercher le pays idéal où s’exiler…

En revanche moi, je suis toujours pétocharde, même si j’ai (plus ou moins) apprivoisé ma trouille en apprenant à la gérer tant bien que mal, « sur le tas ». J’ai peur de tout, mais j’accompagne quand même Philéas partout ! #BouletUnJourBouletToujours

Il semblerait que j’aie transmis mon gène « poule mouillée » à mes enfants, et c’est bien dommage. J’espère qu’en devenant adulte ils apprendront aussi, comme moi, à composer avec ça pour pouvoir aller découvrir le monde, voir comment c’est et ça se passe ailleurs Et pourquoi pas tenter l’expérience de l’expatriation à leur tour un jour ?

 

 
 
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Toutes les autres participations abordant ce thème sont listées en fin d’article ici.

4 Comments on “[ #HistoiresExpatriées ] Pourquoi es-tu partie ?

  1. Merci Stéphanie. Les voyages forment la jeunesse dit-on… Je confirme 🙂 !!! Oui effectivement, ça n'a pas été une partie de plaisir, à tel point que je suis rentrée en France fâchée avec le Sénégal… Mais je n'avais pas réalisé que j'avais été ensorcelée par le virus envoûtant de l'Afrique ! Et je me suis réconciliée avec le pays près de 15 ans plus tard en y retournant (un peu contrainte et forcée…) pour la 1ère fois, mais en vacances cette fois !!! Et depuis, j'y suis retournée encore et encore, y compris avec mes enfants, c'est une longue histoire 😉 !

  2. Merci Estelle. Et bravo à toi pour ta "teen-expat'" 😉 ! Toi tu as vraiment chopé le gène du voyage, c'est sûr et certain !!!

  3. Très intéressant d'avoir le point de vue d'une personne qui a "suivi" son conjoint. Une raison très noble de s'expatrier. Et bravo de ne pas avoir craqué au bout de 15 jours pour rentrer en France. L'expatriation a été une réussite, même si vous étiez tous les deux soulagés de enfin rentrer en France.

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