Updated on janvier 19, 2021
[ #HistoiresExpatriĂ©es ] Pourquoi es-tu partie đ«đ ?
(avec pour marraine Jéromine Gilet, expatriée en GrÚce)
ThĂšme proposĂ© :Â
POURQUOI ES-TU PARTI(E) ?
[ Mi-dĂ©cembre 2017, Quelque part dans le sud de la France… ]
ă â VoilĂ , ça y est !!! Je connais le thĂšme pour #HistoiresExpatriĂ©es de janvier : « Pourquoi es-tu parti(e)? ». Alors forcĂ©ment, je vais avoir un peu besoin de toi cette fois-ci ! Parce que lĂ , spontanĂ©ment Ă chaud comme ça, ma rĂ©ponse Ă cette question tient en une seule phrase : « Par amour ! Juste pour suivre mon Homme… ». Ă priori, c’est un peu lĂ©ger pour en faire un article… Donc tu rĂ©pondrais quoi toi Ă cette question ? En plus de trois mots si possible…â parce que je ne savais pas ce qui m’attendrait… Je croyais partir en vacances !Ââ đ … je te remercie pour cette rĂ©ponse circonstanciĂ©e qui tient en plus de trois mots !!! ă
[ DĂ©but janvier 2018, au mĂȘme endroit… ]
Bon alors, pourquoi es-tu partie ?
J’ai beau tourner la question dans tous les sens, je ne trouve vraiment pas d’autre rĂ©ponse. Si je suis partie, c’est uniquement par amour ! Juste pour suivre mon Homme qui m’a proposĂ© de partir en terre inconnue avec lui…
Je dois bien reconnaĂźtre que si PhilĂ©as n’avait pas cherchĂ© par tous les moyens Ă assouvir son dĂ©sir de tenter une expĂ©rience d’expatriation, cette idĂ©e ne m’aurait jamais effleurĂ© l’esprit par moi-mĂȘme ! Sans compter qu’Ă l’Ă©poque de cette parenthĂšse de vie ailleurs, nous Ă©tions encore en plein dans nos Ă©tudes d’expertise comptable : nous achevions Ă peine les cinq premiĂšres annĂ©es, il nous restait encore les trois derniĂšres Ă faire (avec des contraintes d’accomplissement prĂ©cises) avant de pouvoir terminer et puis surtout valider notre cursus BAC+8. Durant ces trois derniĂšres annĂ©es justement, nous n’avions droit qu’Ă 12 mois dĂ©rogatoires rĂ©alisĂ©s hors du parcours classique imposĂ©, ainsi que 12 mois de suspension.
IndĂ©pendamment de l’option “finir nos Ă©tudes” avant d’envisager quoi que ce soit d’autres, cette perspective de partir vivre Ă l’Ă©tranger ne m’Ă©tait tellement jamais venue Ă l’esprit que lorsqu’il m’avait annoncĂ© qu’il allait faire ses bagages, je calculais tristement dans mon coin le temps de la sĂ©paration plutĂŽt que d’envisager spontanĂ©ment la probabilitĂ© de le suivre…
Tandis que lui de son cĂŽtĂ©, il avait minutieusement tout calculĂ© et planifiĂ© pour optimiser au maximum les choses dans ce contexte. Il a rĂ©ussi Ă trouver un plan B pour conjuguer ses obligations militaires (qui ne pouvaient plus ĂȘtre repoussĂ©es une Ă©niĂšme fois), la derniĂšre Ă©tape de nos Ă©tudes (avec les contraintes d’accomplissement imposĂ©es donc) et son dĂ©sir ardent de voyager (n’importe oĂč dans le monde, pourvu qu’il mette les voiles).
Il Ă©tait hors de question pour lui d’aller perdre dix mois dans une caserne Ă ne rien faire de concret pour son avenir. Donc il a optĂ© pour la solution alternative qui existait alors : pas de passage imposĂ© par la caserne, pas d’uniforme ni d’entrainements militaires, mais en contrepartie il fallait s’engager pour seize mois et trouver par soi-mĂȘme un contrat de C.S.N. (CoopĂ©rant du Service National) impĂ©rativement Ă l’Ă©tranger.
Bingo ! Tout en honorant ses devoirs de conscription, en remplissant ses obligations Ă©tudiantes sans “gaspiller” trop de temps dans notre long cursus, son irrĂ©pressible envie de partir dĂ©couvrir le monde allait ainsi ĂȘtre assouvie…
Comme j’ai acceptĂ© de faire partie de ce projet d’expatriation, une fois sur place, il ne me restait plus qu’Ă dĂ©crocher un boulot (Ă©ligible au diplĂŽme d’expertise comptable) me permettant de bĂ©nĂ©ficier moi aussi des 12 mois dĂ©rogatoires (plutĂŽt que la suspension du cursus Ă conserver en cas d’alĂ©as de parcours)…
Sur le papier, vus les endroits Ă©loignĂ©s de la capitale sĂ©nĂ©galaise oĂč nous avons atterri, cela semblait ĂȘtre mission impossible. Mais finalement, la vie Ă l’Ă©tranger m’aura enseignĂ© une premiĂšre grande leçon : oser ! Dans la seconde ville oĂč nous avons habitĂ©, j’ai osĂ© aller frapper Ă la porte du seul Cabinet d’Expertise Comptable non situĂ© Ă Dakar Ă l’Ă©poque, pour oser proposer mes services Ă l’unique expert-comptable/commissaire aux comptes, sĂ©nĂ©galais Ă©videmment comme tout le personnel travaillant pour lui. Devant sa rĂ©ticence Ă m’embaucher faute de moyens financiers pour me rĂ©munĂ©rer au tarif conventionnel de France, j’ai alors osĂ© renoncer Ă toutes mes prĂ©tentions (niveau de salaire et congĂ©s payĂ©s) pour le convaincre. Il m’a finalement dit oui, comme un dĂ©fi ! DĂ©fi que nous avons rĂ©ussi Ă relever du mieux possible, malgrĂ© les nombreuses difficultĂ©s liĂ©es Ă nos Ă©normes diffĂ©rences de culture, de mĂ©thode de travail, de façon de voir les choses, de gĂ©rer les problĂšmes. Le dĂ©calage fut total, permanent, dĂ©stabilisant, mais tout de mĂȘme enrichissant de chaque cĂŽtĂ© de la barriĂšre.
Les voyages forment la jeunesse ! Vivre et travailler Ă l’Ă©tranger (qui-plus-est dans la peau de “l’Ă©tranger”) est extrĂȘmement formateur…
Des scientifiques ont dĂ©couvert assez rĂ©cemment que le “gĂšne du voyage” existerait bel et bien. Il concernerait environ 20% des gens.
En ce qui concerne PhilĂ©as, il ne fait aucun doute que l’esprit du voyageur est profondĂ©ment inscrit dans son ADN. Plus ça va et plus sa “voyagite aiguĂ«” s’aggrave đ ! D’ailleurs, si ça n’avait tenu qu’Ă lui, il y a bien longtemps que nous serions repartis vivre loin, avec nos enfants sous le bras cette fois. Mais la vie, avec ses innombrables contraintes et impondĂ©rables, en a dĂ©cidĂ© autrement jusqu’Ă maintenant…
Pour ma part, puisque les gĂšnes se transmettent, et avec la quantitĂ© d’oiseaux migrateurs que je compte parmi mes ascendants (ancĂȘtres pas si lointains que ça, Ă commencer par mes grands-parents maternels), j’aurais dĂ» avoir la bougeotte dans le sang comme PhilĂ©as. D’autant plus que j’ai mĂȘme appris (avec stupĂ©faction) un jour que mes parents avaient envisagĂ© l’expatriation vers l’Australie (ça, c’Ă©tait avant que je dĂ©barque sur cette Terre et que j’envahisse leur vie), projet qui n’avait pas pu se concrĂ©tiser au final pour je-ne-sais-plus trop quelle raison.
Quoiqu’il en soit, ce qui semble Ă©vident Ă mes yeux c’est que je n’ai pas hĂ©ritĂ© de ce gĂšne-lĂ ! Ou alors, si vraiment il m’a Ă©tĂ© transmis, il est vraiment trĂšs discret, bien enfoui, et il s’exprime d’une façon franchement beaucoup moins Ă©vidente…
D’abord, partir de chez moi m’a toujours pesĂ© Ă©normĂ©ment de prime abord.
Ensuite, la notion mĂȘme d’inconnu me panique invariablement, c’est plus fort que moi.
Et puis surtout, j’ai une peur irrationnelle et irraisonnĂ©e de tout et n’importe quoi !
C’est grave docteur đ ?
ă Ne t’inquiĂšte pas, dans 15 jours elle sera de retour Ă la maison. Tu la connais, tu sais comment elle est. Comment veux-tu qu’elle survive lĂ -bas ? C’est impossible ! ă
En thĂ©orie, il n’avait pas tort Ă©tant donnĂ© la chochotte dĂ©licate que j’Ă©tais avant de faire le grand saut vers l’inconnu ! Mais moi, j’ai voulu (me) prouver que TOUT est possible…
Comme quoi, l’amour est un moteur d’une redoutable efficacitĂ© et une sacrĂ©e motivation pour surpasser ses craintes et ses apprĂ©hensions ! Et pourtant cette expĂ©rience ne fut pas de tout repos, c’est le moins que l’on puisse dire !!!
Â
Quand je pense que PhilĂ©as s’imaginait partir en vacances… Il a tellement Ă©tĂ© soulagĂ© de quitter le SĂ©nĂ©gal Ă la fin de son contrat (et moi donc…) ! Depuis cette Ă©poque lointaine, avec les annĂ©es de recul, il a quelque peu revu son jugement. Comme beaucoup, il a Ă©tĂ© ensorcelĂ© par cette Afrique si envoĂ»tante. Il retourne en voyage au SĂ©nĂ©gal chaque annĂ©e avec son sac Ă dos et une poignĂ©e d’amis qu’il initie Ă des aventures SĂ©nĂ©Gauloises Ă©piques. Nous y avons mĂȘme embarquĂ© Ă deux reprises nos enfants, pour des voyages en immersion totale.
Depuis ce temps, l’envie de tenter Ă nouveau l’expatriation ne l’a toutefois pas quittĂ©. Mais plus au SĂ©nĂ©gal. Au fil de nos voyages, il continue de chercher le pays idĂ©al oĂč s’exiler…
En revanche moi, je suis toujours pĂ©tocharde, mĂȘme si j’ai (plus ou moins) apprivoisĂ© ma trouille en apprenant Ă la gĂ©rer tant bien que mal, “sur le tas”. J’ai peur de tout, mais j’accompagne quand mĂȘme PhilĂ©as partout ! #BouletUnJourBouletToujours…
Il semblerait que j’aie transmis mon gĂšne “poule mouillĂ©e” Ă mes enfants, et c’est bien dommage. J’espĂšre qu’en devenant adulte ils apprendront aussi, comme moi, Ă composer avec ça pour pouvoir aller dĂ©couvrir le monde, voir comment c’est et ça se passe ailleurs… Et pourquoi pas tenter l’expĂ©rience de l’expatriation Ă leur tour un jour ?
Ă©dition n°2 : FĂȘtes et lumiĂšres d’ailleurs…
Ă©dition n°1 : Un nouveau “chez soi” ailleurs…
Toutes les autres participations abordant ce thĂšme sont listĂ©es en fin d’article ici.
Merci StĂ©phanie. Les voyages forment la jeunesse dit-on… Je confirme đ !!! Oui effectivement, ça n'a pas Ă©tĂ© une partie de plaisir, Ă tel point que je suis rentrĂ©e en France fĂąchĂ©e avec le SĂ©nĂ©gal… Mais je n'avais pas rĂ©alisĂ© que j'avais Ă©tĂ© ensorcelĂ©e par le virus envoĂ»tant de l'Afrique ! Et je me suis rĂ©conciliĂ©e avec le pays prĂšs de 15 ans plus tard en y retournant (un peu contrainte et forcĂ©e…) pour la 1Ăšre fois, mais en vacances cette fois !!! Et depuis, j'y suis retournĂ©e encore et encore, y compris avec mes enfants, c'est une longue histoire đ !
Merci Estelle. Et bravo Ă toi pour ta "teen-expat'" đ ! Toi tu as vraiment chopĂ© le gĂšne du voyage, c'est sĂ»r et certain !!!
Bravo pour ton courage, ça n'a pas dĂ» ĂȘtre facile ! Quelle expĂ©rience !
TrĂšs intĂ©ressant d'avoir le point de vue d'une personne qui a "suivi" son conjoint. Une raison trĂšs noble de s'expatrier. Et bravo de ne pas avoir craquĂ© au bout de 15 jours pour rentrer en France. L'expatriation a Ă©tĂ© une rĂ©ussite, mĂȘme si vous Ă©tiez tous les deux soulagĂ©s de enfin rentrer en France.