[ #HistoiresExpatriées ] Mon ailleurs la nuit…

 
 
 

https://occhiodilucie.com/
 
(édition n°503/2018)
(avec pour marraine Lucie, expatriée en Italie)

Thème proposé

MA VILLE/MON PAYS LA NUIT

 
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En découvrant le thème des #HistoiresExpatriées de ce mois-ci, je l’ai spontanément interprété comme une invitation à la découverte nocturne des coins branchés et tendances où sortir, des endroits sympas où se divertir, manger, boire, danser, faire la fête jusqu’au bout de la nuit. Tout un programme alléchant en théorie… sauf que, pour moi, ça s’est avéré être un véritable casse-tête.
Ah bon ? Mais pourquoi ?
 
D’abord parce que je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout, d’un tempérament noctambule ? !  
#JeNeSuisPasUnOiseauDeNuit
 
Ensuite parce qu’entre les mondanités et moi, ça n’a jamais été l’amour fou, je me sens plutôt mal à l’aise en société.  
#JeSuisPresqueUneNanaSauvageCachéeAuFondDeSaCaverne ?
 
Enfin, et surtout, parce que là où j’ai habité au Sénégal, et à l’époque où on y vivait, ça ne se prêtait pas vraiment à ce qu’on peut s’imaginer de la vie nocturne à l’occidentale…
#JeN’aiPasFranchementAtterriAuBonEndroit

J’aurais pu avoir quelque chose de concret à raconter si on avait habité à Dakar, capitale infernale coincée sur la presqu’île du Cap-Vert. Mais même lorsque nous devions y aller pour des formalités ou pour récupérer de la famille à l’aéroport, la vie nocturne Dakaroise nous était totalement étrangère.
Je peux seulement citer les trois restaurants que nous avions choisis comme point de chute :

« Chez Loutcha » (rue Mousse Diop). Un établissement très kitsch, incontournable et ultra-fréquenté, tenu (d’une main d’acier) par une Cap-verdienne pur jus. Qui va à Dakar sans aller manger chez Madame Loutcha rate incontestablement une expérience à vivre. Les rations étaient gargantuesques ; parvenir à finir son assiette était un défi à chaque fois ! La diversité des spécialités culinaires proposées est hallucinante : cuisines cap-verdienne, créole, africaine, européenne, orientale, américaine. Petit détail insolite pour les français : on pouvait même y commander à l’avance de la choucroute, de la raclette ou encore de la bouillabaisse par exemple. Consulter l’imposant menu (avec ses pages aux messages subliminaux…) annonçait la couleur !!!

à méditer… relevé des copies dans 4 heures !

« La Galette » (avenue Georges Pompidou). C’était à la fois une pâtisserie, une boulangerie, un restaurant, un glacier, une crêperie, un salon de thé. Cet endroit était tout sauf typiquement sénégalais… Mais, dès que l’occasion se présentait, on aimait y aller pour y manger quelques gourmandises qui nous faisaient cruellement défaut : des crêpes (salées et sucrées) et surtout de vraies glaces (sans l’option tourista qui va généralement avec ce genre de dégustation en pays exotiques).

« Le Dagorne » (rue Dagorne, juste à côté d’une entrée du marché Kermel). C’était un restaurant tenu par des expatriés. La cuisine proposée était de bonne qualité. Rien de typiquement local là non plus, mais ça faisait du bien de sortir de nos « standards locaux » plutôt médiocres d’expatriés…

Chose à peine croyable, plus de 20 ans après les avoir fréquentés épisodiquement, ces trois établissements existent encore aujourd’hui. Ils se trouvent dans l’incontournable « quartier plateau », cœur névralgique de la capitale où se situaient alors les plus vieux bâtiments, ainsi que le Palais Présidentiel, la grande Place de l’Indépendance ou encore la Gare ferroviaire de style colonial. Ce quartier était comme un centre-ville historique. Depuis, les choses ont beaucoup évolué, les vieilles bâtisses tombées en ruine ayant été remplacées par des bâtiments modernes et chics.

Hormis Dakar, j’aurais pu aussi évoquer des bonnes adresses et des bons plans si on avait vécu dans la principale région touristique du Sénégal, appelée la Petite Côte. Mais c’est tellement cliché que ça n’aurait absolument rien de typique puisque l’ambiance dans ces coins-là est 100% artificielle. Elle est uniquement destinée aux touristes désireux de dépaysement à l’africaine (mais pas trop quand même…).
Ceci dit, il est toujours sympa d’assister à un petit concert de tam-tam et djembés sous les étoiles et à la lueur d’un feu de camp allumé sur une plage

 

Lorsque nous vivions à Kaolack puis à Thiès, nos seules sorties nocturnes habituelles étaient soit au resto, soit au ciné, soit au Cercle des coopérants français (qui n’existait qu’à Kaolack), comme je l’expliquais dans la 1ère édition des #HistoiresExpatriées.

Me trouvant fort dépourvue pour parler de la vie noctambule au pays de la Teranga, j’ai alors envisagé le thème sous un angle différent, comme une invitation à des balades citadines nocturnes pour découvrir la beauté des villes illuminées, des bâtiments et monuments mis en valeur par de puissants éclairages.
Oui mais voilà, pour pouvoir illuminer/éclairer, il faut de l’électricité… L’éclairage urbain au Sénégal n’était pas très répandu, pour ne pas dire quasiment inexistant en dehors des lieux touristiques (et encore) ! Et puis avec le fléau des incessantes coupures de courant intempestives, c’était folklorique. Visiter by-night une ville à la lampe frontale, ça pourrait être un concept insolite, mais ce n’est quand même pas le top du top !

naviguer à l’aveugle…

Bref, comme j’ai malgré tout envie de participer à ce nouveau rendez-vous des #HistoiresExpatriées, je vais parler de ce que peut m’évoquer la nuit au Sénégal

La première chose qui me vient à l’esprit c’est qu’il fait nuit tôt sous ces latitudes ! À 19h, c’est plié, le soleil s’est couché et le nuit ne tarde pas à tout envelopper de son intense obscurité. Le jour se lève tout aussi tôt. Nos organismes ont fini par se caler sur un nouveau rythme biologique, celui du soleil. Ce qui ne veut pas dire qu’on allait forcément se coucher comme les poules ? !  
L’arrivée de la nuit était synonyme de trêve (toute relative) pour nos corps en surchauffe, malmenés par les températures infernales de la journée.
Et puis, comme je l’ai déjà expliqué précédemment ici, nos nuits étaient absolument magiques et restent inégalées dans leur catégorie. Les animaux environnants avaient aussi leur part de responsabilité : entre les ânes qui ne cessaient de braire en imitant le grincement d’une pompe grippée, les coqs en jetlag qui chantaient même la nuit, les chiens qui aboyaient, les chats qui se battaient à grands cris, les moutons et les chèvres qui bêlaient, les cochons qui grognaient et les innombrables oiseaux qui piaillaient, l’ambiance nocturne était assurée !

Pour les sénégalais, dès la nuit venue, la vie se poursuit à l’extérieur. Soulagement des corps mais pas forcément des tympans… comme je l’ai raconté .

En brousse aussi toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête autour d’un feu, au son d’un tam-tam. Les enfants ne manqueraient ces parenthèses d’insouciance pour rien au monde ! La nuit venue est pour eux propice aux petits plaisirs de la vie, aussi simples et basiques soient-ils : savoir se contenter de peu, c’est peut-être ça la clé du bonheur ?

Ce sont d’ailleurs les nuits passées en brousse qui m’ont le plus envoûtée. J’y ai découvert tous les bruits de la nature africaine, une expérience un peu paradoxale pour moi car j’étais à la fois effrayée et fascinée.
À la base, je croyais naïvement que dès le soleil couché, toute la vie se mettait en stand-by. Mais en réalité, il n’en est absolument rien, bien au contraire ! Le monde sauvage nocturne prend le relais, et autant dire qu’il y a de l’ambiance avec plein de bruits inconnus.

Dans un tel contexte, on dort bizarrement… quand on parvient à s’endormir vraiment ! C’est comme dans un demi-sommeil, on somnole, on est entre deux eaux. Curieusement, on dort sans vraiment dormir, on entend tout ce qui se passe et tous ces bruits inconnus mettent tous les sens en alerte. On est à la fois comme connecté à la nature environnante tout en étant en plein rêve. Non non, je n’ai pris aucune substance stupéfiante avant d’écrire, mais c’est très difficile à expliquer. Écouter la faune des alentours est fascinant.  

Chaque fois où j’ai dormi en brousse a été une expérience inoubliable, aussi bien exaltante que flippante parfois !

Comme par exemple lors de différents bivouacs au cœur du Parc du Niokolo Koba au Sénégal Oriental. Une fois, sans le savoir sur le moment (sinon j’aurais fait un arrêt cardiaque de terreur), j’ai passé une partie de la nuit allongée à côté d’un python royal (je précise que j’ai une peur panique des serpents !!!) venu se blottir contre mon dos, avec juste la toile de ma tente entre lui et moi. Pourtant j’ai tenté d’identifier ce que pouvait bien être ce bruit régulier vraiment très bizarre de souffle/sifflement derrière moi, mais en vain… J’avais alors cru que c’était le coussin gonflable de Philéas qui était crevé et qui se dégonflait petit à petit.
Une autre fois, j’ai entendu des cris effroyables ponctuant un chahut d’origine animale pas possible : c’était une hyène qui avait dévoré un bébé singe tombé d’un arbre juste à quelques mètres de la tente. Cette nuit-là, à peine quelques heures auparavant, je m’étais émerveillée de la jolie genette qui trônait fièrement sur une branche au-dessus de nos tentes… Le récit de ce moment épique est .

une magnifique genette impassible…
 
L’une de mes plus extraordinaires nuits sénégalaises fut celle d’un « réveillon du jour de l’An » singulier passé chez les Bédiks à Iwol, petit village perché en haut d’une colline au fin fond du Sénégal oriental. Cette nuit-là, nous avons eu le privilège exceptionnel de voir la Danse des Masques Chamboumbou. Je l’ai racontée ici.

 

 
 
Enfin, la nuit m’évoque forcément les couchers et levers de soleil. C’est incontournable mais ce sont toujours des moments magiques. Alors pour terminer cet article en images, en voici quelques-uns de mon ailleurs. 
Bonne nuit !
fleuve Gambie, parc du Niokolo Koba
dans le Siné Saloum
sur l’île Mar Lodj dans le Siné Saloum
Plage de Cap Skirring en Casamance
Plage de Cap Skirring en Casamance
Plage de Cap Skirring en Casamance
presqu’île du Cap-Vert du côté de Dakar-Yoff
presqu’île du Cap-Vert du côté de Dakar-Yoff
presqu’île du Cap-Vert du côté de Dakar-Yoff
en Casamance
dans le Siné Saloum
dans le Siné Saloum

 

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édition n°4 : Ma nouvelle routine…
édition n°3 : Pourquoi es-tu partie ?

Toutes les autres participations abordant ce thème sont listées en fin d’article ici.

8 Comments on “[ #HistoiresExpatriées ] Mon ailleurs la nuit…

  1. Merci pour ton commentaire.
    Je n'ai aucune photo des plats typiques des restaurants, désolée. Il ne te reste plus qu'à y aller, en priorité "Chez Loutcha" pour les voir en vrai et les photographier 😉 !!!

    Si le Sénégal te fait rêver alors tu trouveras de quoi lire et regarder sur mon blog, car j'en parle beaucoup 😂… Le Sénégal et moi, c'est une très vieille et longue histoire compliquée😊.

  2. Oh je deceiver tout juste ton blog, et ton article est magnifique ! J'aurais aimé voir les photos de ces portions de plat de folie que tu décris. Les photos du coucher de soleil sont sublimes ! Le Senegal me fait rêver depuis longtemps, mais je n'ai pas encore la chance d'y aller !

  3. J'adore l'angle qu'a pris cet article, comme quoi on a tous des histoires très différentes à raconter !

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