Brèves de mémoire : #JeSuisUnBoulet (et je ne le vis pas trop mal) !

 

 
Un beau jour de début septembre, en découvrant un post de la pétillante Solcito (célébrissime pour ses photos de dos) annonçant son imminente aventure souterraine initiatique, il m’est revenu en pleine tronche mémoire ma propre initiation cauchemardesque non-concluante à la spéléologie.
 
Je me suis alors mise à chercher dans mon bordel mes archives les quelques rares photos argentiques de cette lointaine époque (là, je te parle d’un temps que les moins de 20 35 ans ne peuvent pas connaître…). Et je les ai retrouvées du premier coup !
Quel flashback de malade en les regardant… Je me suis soudain retrouvée propulsée vers le milieu des années 80, pendant ma période collège, en pleine adolescence (tu sais, cette période ingrate où le cerveau des enfants est subitement pris en otage pendant plusieurs années par des hormones en furie), mais avec mes yeux (et mon cerveau rescapé) d’aujourd’hui, presque 35 ans après les faits. (inutile de partir chercher une calculette ou de tenter de résoudre une équation complexe… j’aurai 48 ans en décembre 2019, fin du suspense…)
 
C’est ainsi que l’envie de raconter cet épisode ne m’a plus lâchée. Un peu d’autodérision n’a jamais fait de mal à personne, et comme le ridicule ne tue pas…
 
Au fil des années et des expériences, j’ai parfois été un boulet avec mes gaffes et, surtout, avec mes foutues peurs irraisonnées et irrationnelles de tout et n’importe quoi (mais ce n’est pas pour ça que je ne fais rien… J’ai appris à les apprivoiser, autant que faire se peut, avec plus ou moins de réussite…). Alors par la même occasion, j’en profite pour relater quelques autres brèves de comptoirs mémoire.
#BouletUnJourBouletToujours
#Enjoy
 
 
 
 
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 Supplices en série à Méjannes-Le-Clap (de fin)… 

 
Cet épisode se déroule donc au cœur des années 1980, lors d’un voyage scolaire de fin d’année du collège où je sévissais.
Toute ma classe était montée à Méjannes-Le-Clap en vélo depuis le collège (situé à Bagnols-sur-Cèze dans le Gard)
Une sacrée trotte d’une trentaine de kilomètres, avec quelques passages de grimpette en cadeau bonux.
Ça commençait déjà mal : je déteste le vélo (la selle et mon popotin ne sont pas du tout copains… Manifestement, mon anatomie n’est pas compatible car à chaque fois que j’enfourche une bicyclette, je termine toujours avec des douleurs très… comment dire… localisées, du style “moule meurtrie et escalope tuméfiée”…)
 
Pendant cette fameuse semaine, le programme prévoyait essentiellement de nous épuiser pratiquer tout un tas d’activités de plein air (en plus du cadeau pourri de l’aller et du retour en vélo) : du tir à l’arc, de l’escalade, du canoë-kayak, de la spéléologie, de la randonnée.
 
 
 
Pourtant très sportive à mon adolescence (j’ai pratiqué jusqu’à une vingtaine d’heures de sports par semaine), la seule activité qui avait trouvé grâce à mes yeux avait été le tir à l’arc.
 
En ce qui concerne le canoë-kayak, je n’ai pas du tout apprécié lorsque mon rafiot s’est retourné dans les “rapides”. J’ai eu peur de rester coincée et de me noyer.

Je suis revenue de cette virée aquatique passablement énervée, ressemblant plus à un chat mouillé enragé qu’à une ado enthousiasmée…
 
 
 
Bref ! À cette époque, je n’avais pas encore clairement pris conscience que certaines de mes réactions et sensations physiques étaient dues au fait que j’ai le vertige (parfois même sur un escabeau, c’est dire l’étendue des dégâts) et une peur panique du vide.

Alors pour l’escalade et la spéléo, ce fut le drame pour moi…

 
Lors de la journée d’escalade, malgré mes grognements énervés vives protestations, j’ai dû grimper comme tout le monde. Et ce qui devait arriver arriva : je suis restée tétanisée de peur sur la paroi. Impossible pour moi de redescendre en rappel, j’ai disjoncté et je ne maîtrisais plus rien. Il a fallu que le moniteur grimpe me chercher, sous les moqueries débiles réflexions pleines d’esprit de mes petits camarades évidemment….
 
Pour la session de spéléo, la journée au fond du gouffre fut encore plus interminable et éprouvante pour moi (heureusement qu’en plus on n’y avait pas dormi… j’avais peur dans le noir à cette époque).
Dans un passage extrêmement étroit de la cavité, j’ai réussi l’exploit de me coincer les hanches et le bassin entre deux parois. C’est pas que je suis claustro mais ça m’a confirmé que les endroits confinés, exigus, ce n’est pas ma tasse de thé !
Panique.
Larmes.
Sarcasmes des autres ados bourrés de conneries et d’hormones débilitantes…
Je parviens à me décoincer et finis par passer, mais la peur m’envahit et je fais la gueule.

Le pompon m’attend à la fin pour remonter à la surface… Seul moyen : une échelle riquiqui en câble. Quand je vois ça, j’ose espérer que c’est une vaste blague et qu’il y a forcément un plan B. Mais mon corps, lui, a tout compris et il m’envoie des S.O.S. désespérés.
Le moniteur, pressentant la galère qui s’annonce, me fait passer en premier #ConvoiExceptionnel
Je râle, je crache mon venin avec tous les jurons de mon vocabulaire, mais je n’ai pas le choix. J’y vais.
J’ai cru mourir !
Mes bras tétanisent, mes jambes flageolent.
Je n’avais plus de force pour me hisser, je tremblais de tous mes membres, je ne parvenais même plus à garder mes pieds pleins de boue sur les échelons glissants, je suffoquais.
(Re)Panique.
(Re)Larmes.
Hurlements d’hystérique.
(Re)Sarcasmes criés dans l’hilarité générale par une bande de dégénérés décérébrés mes camarades de classe pleins de bienveillance… Sarcasmes qui se sont transformés en encouragements quand tout le monde a fini par comprendre que ce n’était pas du bluff et que si je ne montais pas, tout le monde resterait coincé en bas…
Le moniteur n’a pas pu venir m’aider sur ce coup-là. Celui qui assurait le rappel, ne pouvait pas me hisser.
Après un temps qui m’a paru interminable, j’y suis parvenue au final (et au mental) ✌️.
Je peux dire aujourd’hui que je suis fière d’avoir réussi à me dépasser, mais JE NE FERAI PLUS JAMAIS DE SPÉLÉOLOGIE DE MA VIE ! (et je me fous royalement des « il ne faut jamais dire jamais » et autre « fontaine, je ne boirai pas de ton eau » !)
La foldingue qui fait sa maline, c’est moi ! Il fallait bien que j’évacue tout mon stress et les litres d’adrénaline que mon corps m’avait balancés….
 
 
 
 
 
 
 

 Angélique (et vomito) en parapente à La Réunion… 

 
Automne 2005. Je suis dans un tourbillon après avoir pondu mon second rejeton l’année précédente.
Avec Philéas, une opportunité s’offre à nous. On a grand besoin de souffler alors on s’accorde enfin 10 jours de vacances à deux bien méritées. Direction l’île de La Réunion.
 
Depuis le temps, je sais désormais que, même adulte, j’ai le mal des transports (quels qu’ils soient, et même parfois en conduisant moi-même), le vertige et la peur du vide (bref, je suis un cadeau, un pur bonheur, le compagnon de voyage idéal). Alors autant dire que lorsque Philéas m’annonce fièrement qu’il a prévu en douce qu’on fasse notre baptême de parapente là-bas, je frémis d’effroi (euphémisme) ! Je ne la mène pas large mais je prends sur moi. Je me persuade que j’ai beaucoup de chance car cette occasion de voler au-dessus de La Réunion ne se représentera pas une deuxième fois.
 
Le jour J arrive beaucoup trop vite. J’ai le trouillomètre dans les abysses, c’est comme si je montais à l’échafaud.
On m’a vivement recommandé de ne pas trop petit-déjeuner et d’éviter de boire beaucoup avant de partir. Comme tous les matins, j’ai les crocs mais je me contenterai d’un café.
On monte en voiture jusqu’au site de décollage sur les hauts de Saint-Leu. La route est étroite et sinueuse, ça me fout la gerbe d’entrée de jeu.
Arrivés sur zone, je me demande si je ne vais pas déclarer forfait finalement quand je découvre d’où il va falloir prendre son envol… La vue est absolument magnifique, mais je flippe à mort ! Surtout que Philéas n’a pas fait les choses à moitié et a choisi le baptême d’une heure. Je me décompose…

 
Pas le temps de réfléchir, on nous affecte un moniteur pour le vol en biplace et on nous équipe.
 
Philéas est hilare quand il se retrouve avec un pilote du style “rasta rocket” avec des dreadlocks, parlant à la “cool reggae man” en ricanant, les pupilles dilatées et sentant la beuh.
 
Moi je n’ai pas trop envie de me bidonner à ce moment de l’action. Je suis un peu soulagée de constater que mon moniteur est moins exubérant, beaucoup plus rassurant, surtout depuis qu’il a compris que je vais être son boulet du jour suis terrorisée par l’expérience initiatique qui m’est offerte ! Il a beau me promettre qu’on ne peut pas avoir le vertige en parapente, je ne le crois pas…
 
Il me traîne prend par la main jusqu’au bout du goudron de la piste et me donne toutes les consignes pour le déroulement du vol (tout le matos qu’il m’a refourgué sur le dos n’est pas du tout encombrant ! J’ai l’impression d’être une tortue) :
« à mon signal, tu te mettras à courir aussi vite que tu peux, sans t’arrêter surtout, même si tu as l’impression de ne pas arriver à avancer ou de faire du surplace, et même quand tu sentiras que tes pieds ne touchent plus trop le sol. Je suis derrière toi, ne t’inquiète pas et ne te préoccupe pas de ce que je fais. Tu écoutes mes instructions, c’est tout.
Pour l’atterrissage, avant de toucher terre, tu devras te mettre à courir dans le vide et continuer sans t’arrêter une fois les pieds sur le sol.
Et puis si jamais pendant le vol tu ne te sens pas bien, tu me le dis aussitôt. Au cas où tu aurais envie de vomir, surtout tu m’avertis, tu tournes la tête sur ta gauche, j’ai bien dit du côté GAUCHE, ça nous évitera de tout nous prendre en pleine poire. Tu as bien compris ? ».
Oui, j’ai tout écouté (j’appréhendais tellement que si j’avais pu, j’aurais pris des notes) et tout compris… enfin, presque tout… l’histoire de devoir tourner la tête à gauche pour vomir m’a échappé…
 
 
C’est maintenant le moment de décoller, le point de non retour est arrivé, je ne peux plus reculer.
Mon pilote communique avec celui de Philéas (hilares tous les deux) par talkie-walkie. Je les entends donc se foutre ouvertement de ma gueule sans aucune gêne ricaner bêtement…
 
Au signal, je me mets à (essayer de) courir de toutes mes forces. Mon cœur s’emballe tellement j’ai peur. La force qui me freine et me tire vers l’arrière est dingue, j’ai le réflexe de vouloir m’arrêter mais mon moniteur me crie de continuer. Je sens le sol se dérober sous mes pieds, mon corps être soulevé et soudain, on s’envole pour de bon.
Là, c’est la stupéfaction et le soulagement de l’extrême : je n’ai AUCUNE sensation de vertige ni de vide, alors qu’on est déjà haut. Mon pilote ne m’avait pas menti. L’explication est toute simple : pas de pieds en contact avec le sol = pas de sensation de vertige possible. OUF !
On prend de l’altitude. Le vol est doux, sans à-coups, silencieux. J’ai l’impression de glisser sur l’air. Je passe subitement de l’angoisse à l’enthousiasme débordant en poussant des WOUAHOU d’émerveillement (moi qui, malgré ma “tare”, rêverais de pouvoir contempler les paysages depuis le ciel. Oui, je sais, je suis un paradoxe bourré de contradictions…) face au paysage grandiose à 360° s’offrant à moi. Je me dis que j’ai eu raison de repousser mes limites.
Tout se passe super bien, mon pilote est à l’écoute et bienveillant, j’entends les deux autres compères ricaner dans le talkie-walkie, je ne sais plus où donner de la tête pour admirer ce panorama aérien de folie. Je m’amuse même à regarder dans le vide sous mes pieds, comme pour défier ma peur, et je n’éprouve aucune crainte.
Je suis joie ! Mais plus pour longtemps…
Mon pilote m’explique qu’on va prendre les courants d’air ascendants pour qu’on puisse voler une heure. Je ne me méfie pas du tout, la confiance est revenue, je lui dis OK sans réfléchir. Et là, on commence à prendre de l’altitude en faisant de grands cercles avec la voile. Au bout du troisième tour, je commence à suer du front et des tempes, à blêmir, à saliver, à avoir l’estomac au fond du gosier. Je comprends soudain ce qui m’arrive : je n’ai pas le vertige, le vide sous mes pieds ne me tétanise pas, mais je réussis le tour de force de choper le mal des transports ! Non mais sans déconner, c’est possible ça ??? (oui, apparemment, je l’ai testé pour vous…) Je ne m’attendais tellement pas à ça.
 
Voyant que je ne dis plus rien #PipeletteForever, mon moniteur me demande si tout va bien. Et là, je lui explique le mauvais trip qui se prépare. Il me répète les consignes pour vomir en cas de besoin. « surtout, n’oublie pas, tu tournes la tête vers la gauche ! ».
Il n’a pas eu le temps de finir sa phrase que vomito a surgi tel un tsunami en plein vol deux secondes après avoir tourné la tête sur la gauche… Et là, j’ai compris… On ne réalise pas vraiment la vitesse à laquelle on vole, jusqu’à ce qu’on dégoupille en plein ciel en croisant des oiseaux ! Tout part à l’horizontale à côté de toi et pas à la verticale à tes pieds ! (amis de la poésie, bon appétit) Le côté gauche, c’est simplement parce que le matos et le moniteur sont du côté droit.
 
Ma vidange terminée, je me sens beaucoup mieux, et c’est soulagée que je confirme au pilote que je veux bien continuer le vol. Sauf que les ascendants ne sont pas terminés, et vomito revient inlassablement au galop dans ce mauvais scénario.
 
Quand j’en arrive à dégueuler de la bile, je n’en peux plus. Je veux mettre fin au calvaire. Je déclare forfait et demande au pilote de me ramener sur terre. Le problème c’est qu’on est montés haut en altitude, donc il faut le temps de redescendre jusqu’à la plage. Pendant toute la redescente interminable, c’est vomito à gogo.
Je nourris au passage la réserve de tortues marines qu’on survole…
Dans le talkie-walkie, j’entends “rasta rocket” dire à Philéas : « eh mec, ta copine elle est malade ! ».
 
Mon pilote me rappelle les consignes pour atterrir. Moi, en bon petit soldat, je me mets à courir péniblement dans le vide, tout en vomissant mes tripes sur le côté. Je vois le sol s’approcher à une vitesse inquiétante, je vomis à nouveau, mes pieds touchent le sol, je tente de continuer à courir sur la plage mais je trébuche, vomis, et m’étale de tout mon long, entraînant dans ma chute mon moniteur. Je vomirai une dernière fois allongée comme une merde, la tête par terre, sous les applaudissements de compassion du staff d’accueil qui avait été averti que Miss Catastrophe était en approche…
Grand moment de solitude, de honte et d’humiliation !
Tout ce que j’ai trouvé à dire en me relevant c’est « pardon d’avoir sali la combinaison, je suis vraiment désolée. ». Un coup de jet d’eau, à peine ma combi enlevée, a lavé tout ça en moins de dix secondes… « pas de problème, on a l’habitude. » Et on m’a délivré mon diplôme de baptême de parapente !
 
Depuis ce jour, je n’ai jamais retenté l’expérience lorsque j’en ai eu l’opportunité. Néanmoins, même si cette première fois fut très pénible, j’ai trouvé ça vraiment super : la Terre vue du ciel est tellement belle !
Alors il n’est pas exclu que j’essaie à nouveau à l’occasion, surtout que désormais, j’ai adopté des médicaments contre le mal des transports, une vraie délivrance pour moi…
 
 
 
 
 
 

 Angélique (et vomito are back) dans un coucou au Pérou… 

 
Printemps 2018, on est en voyage au Pérou avec Philéas. On a décidé de s’offrir le survol des mystérieuses lignes de Nazca si les conditions météorologiques le permettent.
On a de la chance : le ciel est avec nous, on va pouvoir décoller.
Moi, je suis au taquet, j’ai tout prévu : un médoc contre le mal des transports, et hop c’est réglé !
Ce que je n’avais pas prévu, c’est que dans ce genre d’excursion, on ne sait pas très en avance quand notre tour arrive, et le médoc en question n’a une durée d’action que d’environ six heures. Je calcule dans tous les sens le temps que j’ai devant moi, le nombre de personnes inscrites multiplié par le temps du vol. Bref, à force, je finis par m’embrouiller toute seule et, impatiente de décoller, j’oublie d’avaler un second comprimé lorsque l’on nous appelle pour se préparer.
GRAVE ERREUR ! Que j’ai amèrement regrettée…
 
On nous accompagne sur le tarmac jusqu’à notre coucou : je suis impatiente comme rarement je l’ai été. Je m’installe juste derrière les pilotes, je prépare mon appareil photos, je repère le sac à vomi dans la poche du siège devant moi (je remarque au passage qu’il n’est pas en papier kraft comme habituellement, mais en plastique transparent), je n’ai jamais été aussi prête ! J’écoute religieusement toutes les consignes de sécurité.
 
L’avion démarre et roule vers la piste pour décoller dans un vacarme assourdissant. Dès que les roues ont quitté la piste, on est secoués sur nos sièges. Je trouve ça assez normal étant donné la taille du coucou. Mais pour Philéas, manifestement c’est une autre histoire. C’est la première fois que je le vois blêmir. Je l’entends même marmonner « on va se crasher ! ». Le truc impensable venant de Philéas… Curieusement, moi, indécrottable peureuse, je suis totalement sereine.
 
Je vais rapidement dégueuler déchanter.
Les “manœuvres-rotations” de l’avion au-dessus de chacun des sites à admirer sont assez éprouvantes. Le pilote nous a prévenus, il faut avoir le cœur bien accroché. Le coucou se penche brusquement sur la gauche pour voir du côté gauche tout en tournant au-dessus du site, puis sur la droite pour voir du côté droit en tournant dans l’autre sens au-dessus du site, ensuite demi-tour et on recommence le lessivage-essorage avec un second passage. Puis on vole vers le site suivant à observer et rebelote, et ça une dizaine de fois.
Après le survol du deuxième site, à force de me contorsionner pour regarder par le hublot, viser dans l’objectif pour filmer et prendre des photos, une terrible nausée me prend. Mon visage perle de sueur froide, passant du blanc au verdâtre. Je réalise alors que j’ai oublié de prendre un second comprimé. Je range mon appareil photo, attrape un sachet à vomi, l’ouvre et le tiens prêt, puis me concentre en fixant l’horizon autant que possible… Je suis dégoûtée, au sens propre comme au sens figuré.
Vomito ne se fera pas attendre bien longtemps !
Alors qu’il crie ses commentaires en plusieurs langues dans son micro, le co-pilote s’aperçoit de mon very bad trip(es), avertit le pilote en rigolant, et me dit de ne pas m’inquiéter, ils ont l’habitude, c’est quasiment systématique.
Merci pour ce réconfort.
glamour un jour, glamour toujours !
 
Entre chaque vidange, je peux admirer la couleur et étudier le contenu de mon bol gastrique en exposition publique dans le sachet.
Grand moment de solitude une fois de plus. Je crains qu’il ne soit pas étanche et fuite partout ; par chance, j’ai été épargnée de ça.
 
Malgré tout, je réussirai quand même tant bien que mal à voir toutes les lignes des différents sites survolés. Je ne suis pas venue là pour rien, et c’était drôlement impressionnant ! Je le recommande vivement, et d’autant plus aux adeptes des manèges et autres attractions à sensations fortes !
 
 
 
 

 Paniques (ridicules) en plein snorkeling… 

 
Voici deux anecdotes où mes peurs débiles sont tellement ridicules qu’en les écrivant, franchement, je me fatigue toute seule… (mais il y a des choses qu’on ne maîtrise pas toujours, malgré la meilleure volonté du monde)
 
Petit retour en 2005 lors de notre voyage à La Réunion.
Avant de m’envoler pour mon baptême de parapente, j’ai accepté de m’essayer au snorkeling dans un petit lagon de la côte Ouest.
Dès le départ de l’action, je ne suis pas vraiment rassurée car je panique dès que je perds pied, dès que je sens quelque chose me frôler sous l’eau, dès qu’il y a des vagues trop fortes, etc. Bref, je suis une plaie je ne suis pas une grande adepte des baignades…
Philéas, lui en revanche, est très enthousiaste et je le vois déjà au loin dans le lagon barbotant gaiement comme un gamin. Moi, pendant ce temps, je peine à rentrer un pied dans l’eau au bord de la plage. J’ai peur des bestioles que je vais forcément rencontrer une fois au milieu du lagon.
Je parviens finalement à me faire violence et le rejoindre en bougonnant. J’enfile mon masque et me penche pour jeter un coup d’œil sous l’eau depuis la surface. Là, je découvre une myriade de poissons colorés, c’est magnifique. Je me détends et me laisse aller dans l’eau, sans trop m’éloigner de là où j’ai pied toutefois…
Je flotte laborieusement (on n’avait pas de gilet) en admirant les merveilles du lagon quand, soudain, je me retrouve “nez-à-nez” avec un truc non identifié ayant vaguement une forme de serpent ! #Phobie
Là, c’est le drame.
Je surgis hors de l’eau, le souffle coupé, me débattant comme si je me noyais (alors que j’avais pied, mais ne voulais pas les poser au fond) et m’arrache le masque.
J’appelle Philéas au secours aussi discrètement que possible en gueulant comme un veau. Mais il est loin de moi et ne m’entend pas tout de suite.
Je suis alors submergée par le stress à l’idée que cette bestiole bizarre puisse me toucher. Je me mets à hurler en faisant de grand gestes pour qu’il vienne me chercher.
Philéas se retourne, me voit mais ne comprend pas ce qui m’arrive.
Il a fallu que je me donne en spectacle avec mes gestes et mes cris d’hystérique avant qu’il ne percute que je faisais une vraie attaque de panique en plein milieu du lagon à cause… d’un vulgaire concombre de mer ! (La honte…)
#JeSuisUnBouletDeCompèt’
 
J’étais tellement agitée qu’il a eu toutes les peines du monde à me ramener sur la plage et à me calmer.
Je n’ai plus voulu mettre un orteil dans l’eau de tout le séjour…
Depuis cet épisode tragique consternant, je m’évertue à trouver systématiquement une excuse bidon imparable pour éviter d’avoir à me baigner où que ce soit.
 
 
Pourtant, j’ai fait une entorse à mon règlement en acceptant (sans grand enthousiasme) de tenter à nouveau le snorkeling, à la seule condition que, cette fois, j’aie un gilet pour pouvoir flotter sans m’épuiser.
 
Cet épisode s’est déroulé en 2019, sur l’île de Lombok (Indonésie).
 
On partait en virée pour la journée à bord d’un bateau traditionnel local, naviguant d’îles en îles dans un archipel au Sud-Ouest de Lombok. La halte sur Gili Nanggu a été consacrée au snorkeling.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
look parfait pour une belle tête de vainqueur
 
Je trouve des équipements à peu près à ma taille. Je ne me sens pas du tout ridicule.
 
Les palmes me paraissent très encombrantes, mais elles me tiennent aux pieds, c’est le principal.
 
Le plus grand gilet que je trouve dans le tas est un chouïa trop petit. Je le desserre autant que possible pour pouvoir respirer. Je suis comprimée comme si j’avais un corset.
Pour le coup, autant dire que j’ai du monde au balcon je ne risque pas de couler !!!
 
 
Le masque intégral “alien” ne me paraît pas vraiment 100% étanche… la forme de mon visage ne semble pas super compatible. Mais bon, comme je n’en ai jamais essayé auparavant, c’est l’occasion de tester le truc, alors je dois faire confiance.
 
Philéas me motive à sa façon…
tentative de bouche-à-bouche  test (foireux) d’étanchéité…

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Je suis prête, je me jette à l’eau. Enfin… c’est une expression. Je vais sur la plage et j’enfile mes palmes avec autant d’aisance qu’une otarie évoluant hors de l’eau.
Évidemment, ainsi accoutrée, si on ne veut pas se vautrer comme une merde trébucher, il faut avancer à reculons. Je le sais pertinemment, je m’y emploie, mais ça ne m’empêche pas de réussir l’exploit de m’emmêler les pinceaux et de me retrouver les quatre fers dans le sable avant même d’être immergée.
Il me monte la bouffaïsse.(=bouffée d’agacement et de stress)
Je parviens finalement à entrer dans l’eau chaude et teste immédiatement le masque. Des bancs de poissons sont là, juste au bord, nageant au milieu… de déchets et de plastiques flottant entre deux eaux… La pollution marine en Indonésie n’est pas une légende, c’est un désastre écologique que les populations locales sont les premières à subir…
Je refoule mon dégoût et me mets à nager… la brasse avec des palmes au pied… je ne m’en sors pas vraiment, je te laisse imaginer le sketch.
Je n’ai rapidement plus pied mais comme j’ai mon gilet, je ne m’angoisse pas plus que ça (hip hip hip, hourra !).
Le hic, c’est quand je veux m’arrêter et me laisser flotter pour observer. Je ne sais pourquoi je ne parviens pas à rester stationnaire sans devoir m’agiter comme si je chassais des mouches. Je ne m’en sors pas avec ces putains de palmes qui m’entravent plus qu’autre chose. Je me retourne systématiquement, me retrouvant, tel un poisson crevé, le poitrail en l’air à la surface ! J’ai toutes les peines du monde à manœuvrer pour me remettre “sur le ventre”. C’est très chiant agaçant à force, et ça commence à me gaver sévère.
Je me résigne donc à ne plus m’arrêter de “palmer”. Tout se passait pas trop mal quand, soudain, mon masque (que je trouvais vachement bien jusque là !) se met à prendre l’eau pour une raison inconnue.
Alors là, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le masque vase (c’est le cas de le dire !).
Je sors la tête, en panique, car je bois la tasse par le nez et par la bouche dans le masque. J’appelle Philéas au secours, mais il est loin de moi, la tête sous l’eau. Je n’ai pas pied là où se passe le drame l’action, et je n’arrive pas à enlever mon masque, le vider, le remettre bien en place tout en pédalant avec des palmes au pied pour pouvoir rester droite dans l’eau puisque je me retourne invariablement sur le dos.
C’est la loose totale !
J’ai essayé de reprendre mes esprits et de poursuivre le fil de mon exploration de la déchetterie faune marine, mais rebelote, même scénario qui se répète.
J’ai donc jeté l’éponge, enlevé le masque et nagé laborieusement jusqu’à la plage (toujours le réflexe de la brasse malgré les palmes).
J’étais tellement énervée que je n’arrivais même pas à me mettre debout là où j’ai eu pied. Je n’arrêtais pas de tomber lamentablement à cause des palmes, que j’ai fini par m’arracher des pieds avant de les balancer sur le sable. J’avais l’impression d’être un cachalot venant de s’échouer.
 
Fin de la plaisanterie, merci !
 
Pour être tout-à-fait honnête, je ne suis pas certaine de vouloir retenter l’expérience du snorkeling un jour… L’envie ne me tiraille pas du tout, mais l’avenir me le dira.
 
 
 
 

 VeryBadTrip en eau vive au Nord de la Thaïlande… 

 
Cet épisode se déroule durant les fêtes de fin d’année 2015, lors d’un voyage familial en Thaïlande.
 
Notre circuit monte dans le Nord du pays, à Chiang Maï.
Là, une journée prévoit une virée aquatique avec, au programme, des activités totalement inédites pour nous : une descente en rafting (GLOUPS !), suivie d’une navigation en radeau de bambous (RE-GLOUPS !).
 
Dire que je ne languissais pas du tout ce jour-là est de nouveau un euphémisme…
Moi et l’eau, ce n’est plus du tout l’amour fou.
 
La distribution des équipements (toujours aussi seyants) se fait dans la joie et la bonne humeur, pendant que je rumine intérieurement.
La première chose qui me gonfle, c’est que je ne vais pas pouvoir embarquer mon matos pour faire des photos.
Ensuite, je n’ai pas envie de me mettre pieds nus, de me mouiller, de galérer à pagayer, que le bateau se retourne et que je tombe à l’eau.
Comme toujours, j’ai très peur de ce foutu rafting. Sauf que là, en plus, il y a mes kids, alors j’ai encore plus la trouille ! On n’en a jamais fait, on ne connait pas le niveau réel du parcours (dans ce genre de truc, on te dit toujours que c’est très facile, même quand c’est super dur), si les rapides à franchir sont vraiment des rapides. 
Bref, c’est l’inconnu, et fidèle à moi-même, je vois des dangers absolument partout, là où d’autres ne voient que du kiff en barre à venir. Chassez le naturel…
 
Nous voilà partis sur la rivière.
Le moniteur thaï, dont je trouve les pupilles anormalement dilatées, n’est pas souriant pour deux sous (il paraît que la Thaïlande est le pays du sourire… Fake News !) et, cerise sur le rafiot gâteau, il est exécrable. On ne comprend strictement rien à ce qu’il nous aboie en “thaïlanglais”.
 
Je pressens que ça va être long…
 
Dès les premiers rapides, pas encore trop rapides, je subis.
Pendant que ma petite famille pousse des cris et s’éclate de rire dans le rafiot, moi je n’aime rien dans tout ça, ni les sensations, ni la position mi-assise mi-à-genou en équilibre précaire les fesses au bord du boudin (inconfortable au possible, les crampes me pendaient au nez), ni les éclaboussements qui, certes, rafraichissent mais qui m’empêchent rapidement d’y voir clair les paysages (les lunettes de vue avec essuie-glaces intégrés n’ont pas encore été inventées, et c’est bien dommage), ni les trous que je viens de détecter au fond du pneumatique ! A chaque rebond du bateau, le fond de l’embarcation se remplit d’eau par ces orifices et, heureusement, se vide aussi : ce sont les grandes marées à nos pieds. Ce qui commence à me faire psychoter sur une éventuelle bestiole qui pourrait très facilement s’infiltrer par là…
 
On pagaye, je râle, on avance, on galère, on se fait engueuler par le moniThaï, on pagaye, on prend l’eau, mes kids rigolent, je râle, quand soudain, on entend hurler un peu plus loin devant nous. Un autre rafiot comme nous semble en déperdition sous des arbres. Lorsque l’on arrive à leur niveau, la fille nous appelle à l’aide comme une hystérique en s’agitant comme une tarée, comme si elle voulait sauter par-dessus bord. On ne capte pas ce qui cloche, jusqu’à ce qu’elle crie « SNAKE ! SNAKE ! SNAKE ! PLEEEASE HEEEEELP ! ».
Là, mon sang ne fait qu’un tour, et je sens la panique m’envahir (j’ai la phobie des serpents)… On finit par comprendre qu’en s’échouant sous les arbres, un serpent est tombé d’une branche, a atterri au fond et se tortillait à leurs pieds.
HORREUR ET ANGOISSE !
Je passerai tout le reste de la virée rafting à trembler à l’idée qu’un serpent nous tombe dessus ou rentre par les trous.
J’étouffe des petits cris dès que je sens une vague de flotte me tremper les pieds (autrement dit, très souvent), pieds que je tente de soulever… en vain étant donné la position improbable dans laquelle je galère. Je m’épuise à pagayer encore plus vite pour abréger ce calvaire, mais c’était aussi efficace que si j’avais pisser dans un violon.
 
Je sens bien que je suis pathétique (quand je dis que je me fatigue toute seule parfois…), mais à ce moment de l’action, je ne maîtrise plus rien…
 
Au bout d’un moment, on arrive à un ponton. Je pense la délivrance proche. Sauf qu’on ne fait qu’une halte “technique”, juste le temps de changer d’embarcation.
 
On descend du pneumatique pour le charger sur un radeau fait d’énormes bambous. Notre moniteur, toujours sympa comme une porte de prison, nous crie de monter sur le radeau en faisant attention car c’est extrêmement glissant. Je m’exécute la première, et là, nouveau drame !
Pendant que je grimpe laborieusement sur les bambous en tremblant de tous mes membres, le moniteur y saute dessus à côté de moi, ce qui me déséquilibre et me fait glisser. Mon pied passe à travers le radeau entre deux gros bambous, jusqu’au-dessus de la cheville. J’ai peur qu’une bestiole me bouffe le pied alors je pousse un cri. Le moniteur se retourne pour me tendre la main, et là, lorsqu’il avance vers moi, il saute sur les bambous entre lesquels mon pied est coincé, ce qui les resserrent en me cisaillant la cheville au niveau des malléoles. Je hurle de douleur, tire sur ma jambe et parviens à me délivrer.
La douleur est tellement vive que mes larmes coulent toutes seules. Je suis dans une colère noire, je ne sais pas si c’est grave ou pas, je ne sens plus mon pied sur le moment.
Je me laisse tomber sur le radeau, m’attrape la cheville entre les mains et ne veut plus bouger (malgré cette nouvelle position encore plus inconfortable que la précédente). Le moniteur cherche à m’aider mais je l’envoie vertement chier le repousse en français sur un ton tellement agressif qu’il n’insiste pas, même s’il n’a pas compris ce que je lui ai dit.
Curieusement, il baisse d’un ton et son comportement se radoucit. Manifestement, il vient de comprendre qu’il n’aura pas le pourboire qu’il nous réclame en boucle depuis le début ! C’est d’ailleurs la seule phrase en anglais qu’il savait prononcer impeccablement, comme par hasard…
Il accroche le bateau pneumatique à l’arrière du radeau de la méduse et on reprend les flots. On avance au gré des courants, mais cette partie de la rivière étant beaucoup plus calme, il pousse et dirige à l’aide d’un grand bambou planté dans l’eau.
 
Pendant cette seconde partie de la navigation, les pagaies du pneumatique sont tombées à l’eau. Le moniteur s’est alors soudain jeté à l’eau pour aller les récupérer. C’est ainsi qu’on s’est retrouvés seuls sur le radeau (à moitié immergé) à la dérive, avec mon fils (frêle esquif de 11 ans à l’époque) aux commandes de la perche-bambou-gouvernail. Notre trajectoire devenait plus qu’aléatoire. On a frôlé les parois d’un passage sous des roches où il a fallu se baisser et pousser contre les rochers pour pouvoir passer, on a foncé dans des arbres (je n’arrêtais pas de regarder partout, complètement effrayée à l’idée qu’un serpent nous tombe sur la tronche comme cette pauvre touriste). Et ce qui devait arriver arriva : au premier “virage” mal négocié, on s’est lamentablement échoués sur un tronçon de rivage où la végétation était beaucoup trop dense et luxuriante à mon goût (autrement dit, c’était le paradis des bestioles en tout genre que je n’avais pas envie de rencontrer). Là, j’ai un peu pété un câble… Mea culpa…
Heureusement, le moniteur a retrouvé les pagaies et a pu nous rejoindre pour nous sortir de ce mauvais pas.
 
Épilogue : arrivée à destination, j’ai pu me relever, poser le pied et marcher en boitillant. Je m’en suis tirée avec seulement des contusions et un énorme hématome tout autour de ma cheville.
Le moniteur, que je soupçonnais depuis le début d’être passablement alcoolisé, n’a pas eu de pourboire (pour continuer à se bourrer la gueule) et a beaucoup râlé.
Sinon, à part ça, j’ai définitivement tiré un trait sur les activités en eau vive
 
 
 
 
 
 
 
Pour terminer empotée en beauté (ou pas), je ne résiste pas au plaisir suprême de partager ces deux derniers extraits de mes tribulations (déjà publiées sur le blog). Je ne m’en lasse pas, elles font partie de mes préférées et me font toujours autant me bidonner !
#100%HumourEtAutoDérision
#LeRidiculeNeTuePas
 
 
 

 Pipi au lit de nuit au Titicaca… 

 
Ce sketch nocturne s’est passé à près de 4000m d’altitude, lors d’un séjour chez l’habitant sur les rives du lac Titicaca, pendant notre voyage au Pérou  en 2018.
 
[…]

la cabane en haut du jardin
on y fait caca, on s’y sent bien
mais il faut y plier les genoux
pour éviter de s’en foutre partout
Sinon, pour les urgences urinaires nocturnes (ce n’est pas pour rien qu’on dit que les filles sont des pisseuses…), nous avions un mini pot de chambre à disposition.
Ma première réaction quand je l’ai vu posé par terre près de mon lit《 Hors de question ! 》.
Et puis la nuit est venue… et j’ai changé mon point de vue…
Emmaillotée dans mon sac de couchage, écrasée sous 4 couvertures super épaisses et ultra lourdes, une irrépressible envie de pisser me montant à la gorge m’a réveillée à minuit (il faut boire beaucoup plus que la normale en altitude, on se déshydrate très vite sans s’en rendre compte. J’ai suivi scrupuleusement les consignes moi ! Ceci explique cela…). Mais rien que l’idée de devoir remettre mes godasses de rando, remettre mes 50 couches de vestes et polaires pour ne pas choper une pneumonie avec le froid, trouver un moyen de débloquer discrètement la porte dont Philéas avait malencontreusement coincé le loquet, sortir dans le noir avec la frontale et grimper jusqu’au wc, m’a dissuadée de partir en expédition de l’extrême by-night.
Alors je me suis résignée…
J’ai mis ma frontale et attrapé la mini bassine. Et là, c’est le drame !
Avec mon envie très pressante, j’ai eu beau viser, mon jet (façon asperseur de jardin) était si puissant que j’ai raté la cible au début… avant de rectifier le tir et remplir le récipient presque à ras bord (j’ai bien cru que ça allait finir par déborder !!!).
Après mon soulagement puissance 10, il ne me restait plus qu’à nettoyer du mieux possible avec les moyens du bord. Je me suis donc retrouvée à quatre pattes à essuyer le plancher avec du papier-cul et des lingettes. Grand moment de solitude au cœur de la nuit !
Le lendemain matin, je n’ai pas fait attention, et en me levant j’ai mis un grand coup de pied dans la bassine… tsunami, exaspération et rebelote : opération nettoyage…
La nuit suivante, je ne me suis pas faite avoir (ça a du bon l’expérience) et pour éviter l’étape “copieux éclaboussement”, je me suis presque ventousée le pot de chambre au robinet : mission réussie…

[…]
 
 
 
 

 Baptême de douche au seau à Dindéfélo…

 
Cet épisode se passe à l’occasion d’un voyage-aventure familial d’anthologie au Sénégal durant les fêtes de fin d’année 2014, alors que l’on venait de passer 3 jours à bivouaquer sans pouvoir vraiment se laver.
 

[…]

Une fois les estomacs remplis, nous avons pris possession de nos “chambres/murs en pierres avec salle d’eau individuelle” siouplé.

 
Dans ce campement, il y a trois sortes de cases construites suivant des techniques traditionnelles différentes (rappelant assez les maisons des trois petits cochons…) : les cases/murs en bambous sont de tradition Mandingue, les cases/murs en pierres sont de tradition Bassari, et les cases sur pilotis sont de tradition Peul.
 
J’espérais qu’on puisse avoir les fameuses cases sur pilotis, mais cette petite déception a vite été balayée par l’option “salle d’eau individuelle”. La promesse d’avoir un peu d’intimité pour se laver à l’abri des regards indiscrets…
 
On prend nos sacs et on se répartit les cases : après d’intenses négociations, Estelle et Anthony consentent à être ensemble puisqu’on n’aura pas à dormir sous une tente en pleine nature au milieu des animaux sauvages.
 
Pas plus tôt ont-ils jeté leurs affaires par terre qu’ils nous rejoignent dans notre chambre et s’écroulent sur le lit.
 
Pendant ce temps, Philéas tente d’ouvrir la porte au fond de la case pour sortir faire un tour à la salle d’eau et surtout aux toilettes. On l’entend rire quand il découvre l’endroit. En revenant, il dit : C’est bien aéré. Je sens qu’on va rire ce soir ! La mère va adorer la “douche” ! Il n’y a pas de robinet…
Je déchante : C’est-à-dire ???? Comment ça il n’y a pas de robinet ?
Je vais, de ce pas, constater par moi-même, et là, les bras m’en tombent.

 

En sortant de la chambre, j’atterris à l’extérieur dans une courette de graviers emmurée et couverte d’un toit en chaume. C’est très bucolique ! Il n’y a rien d’autre qu’une corbeille pour la poubelle et une vasque ébréchée avec un miroir. Je constate qu’il n’y a effectivement pas de robinet, seulement une timbale en métal.
A côté de cette courette, il y a une autre “pièce” carrelée où je ne vois qu’un wc dans un premier temps. En y accédant, je découvre, sur le droite, deux seaux d’eau légèrement terreuse alignés sur une étagère toute de guingois (faite de bâtons de bois) suspendue à deux bouts de ficelle noués à la charpente. Par terre, dans l’angle à gauche, je vois une bonde d’évacuation ; il n’y a ni robinet, ni tuyau, mais j’en déduis qu’il ne peut s’agir que du coin “douche”. C’est juste devant les chiottes, donc c’est pratique pour se laver les pieds pendant qu’on trône sur la cuvette !!! Je comprends alors, un peu catastrophée, qu’il n’y a pas d’eau courante. Pour se laver, comme pour “tirer” la chasse, il faut aller chercher de l’eau au puits avec les seaux posés là. Je réalise que ma délivrance sanitaire passera donc obligatoirement par une douche au seau, exercice que je n’ai absolument jamais pratiqué auparavant ! Estelle et Anthony non plus d’ailleurs, et ils se marrent en voyant la tête que je tire…
 
Comme dit Papa, je vais rire (jaune) ce soir… Ce sera une première pour moi la douche au seau !!!! Par contre, à mon avis, deux seaux, ça ne me suffira jamais vue l’étendue des dégâts. On fait comment pour en demander d’autres ?
 
Je mandate Philéas pour aller se renseigner dehors. Il réussit à trouver quelqu’un dans les parages et revient avec le précieux mode d’emploi :
– un mec m’a expliqué qu’il suffit de poser le seau vide devant la porte et quelqu’un va nous le remplir au puits.
– ah ouais, c’est cool. Mais bon, connaissant le temps de réactivité locale, faut pas être dans l’urgence car il ne va pas y avoir un mec posté devant la case en permanence. On va déjà mettre devant la porte le seau qu’on a vidé pour les wc. Et on va quand même aller voir où est ce puits, qu’on puisse se débrouiller seul ce soir !!!
– bon, ok. Mais maintenant il faut y aller car c’est déjà 4h et il y a un peu de marche jusqu’à la cascade.
– pitié Papa, faut encore marcher pendant des heures ?
– non, pas des heures. Prenez maillot et serviette, on pourra se baigner là-bas.
 
Nous posons notre seau vide devant la porte en sortant et nous nous mettons aussitôt en chemin pour aller à la cascade de Dindéfélo à environ 2 kms du village.

[… au retour de la balade …]

[…]

Moi, pour le moment, je ne rêve que d’une seule chose : pouvoir me laver ! C’est l’urgence sanitaire (pour ne pas dire humanitaire) absolue !!!
Arrivés au campement, je presse le pas et me précipite vers notre case. Devant la porte, le seau vide, laissé en partant, a été rempli. Philéas a repéré le puits pour aller au ravitaillement pendant les opérations de décapage. Tout se présente bien. La délivrance est imminente ; reste plus qu’à me lancer avec enthousiasme dans cette nouvelle épreuve inédite de notre Iwol Express : la douche au seau.

bon, désolée mais j’y vais en premier ! Là, tout de suite, je ne sais pas comment je vais procéder pour défier les lois de la gravité, mais je vais être créative et m’adapter, comme toujours. Il faut bien une première fois à tout…

Philéas (qui, évidemment, maîtrise la douche au seau, mais pas les subtilités de la toilette féminine) commence à se moquer de moi. Estelle et Anthony rigolent, ils pressentent qu’ils vont être au spectacle. Du coup, ils veulent absolument rester et attendre dans notre chambre pendant la manœuvre.
《 – Maman, s’il-te-plaît, on reste sur le lit. Promis, on te laisse tranquille !!! On ira se laver après. Papa a dit qu’il viendra nous aider aussi pour porter le seau trop lourd.
– bon, ok, ok ! Allez, au boulot. 》

Ne pouvant attendre une minute de plus, je prends ma serviette, ma trousse de toilette, du linge propre et me rue au “patio-salle-d’eau”. Philéas, le seau plein à la main, me suit en ricanant. Estelle et Anthony s’affalent sur le lit en étouffant un fou rire.
Je suis tellement obnubilée par l’appel de la flotte que je zappe complètement mon incontournable rituel : passer l’endroit au crible pour vérifier qu’il n’y ait aucune bestiole indésirable qui se soit incrustée sous la paillote ouverte aux quatre vents. Le lieu est pourtant extrêmement propice aux invités de ce genre. Mais tant pis, je prends le risque !!!

La manœuvre va donc consister à me laver en extérieur, mais (à peu près) à l’abri des regards indiscrets des locaux, curieux d’apercevoir une toubab à poil. Il y a du passage derrière le mur, on entend trafiquer et parler. Mais bon…. ils ne peuvent voir que le haut de ma tête dépasser, donc je m’en accommoderai. Et puis à ma grande surprise, je trouve que c’est plutôt agréable dehors sous cette paillote.

Première étape : le mouillage initial (de la bête en sueur).
Va falloir la jouer serré et bien calculer son coup. Il n’y a que deux seaux à disposition, dont l’un déjà vidé aux trois-quarts pour les wc. Je n’ai aucune idée de la quantité d’eau dont je vais avoir besoin. Je décide donc de commencer avec parcimonie en utilisant la timbale que je plonge dans le seau, puis je me verse avec empressement l’eau sur la nuque et le dos. Je pousse un cri de surprise lorsque je sens à quel point elle est gelée ! C’est le choc thermique au contact de ma peau en surchauffe. J’entends aussitôt Estelle et Anthony derrière la porte qui s’écroulent de rire. Je leur crie :
Heureusement que vous m’aviez promis de rester tranquilles sur le lit tous les deux !!!!

Je plonge à nouveau la timbale et m’asperge un bras. Je replonge la timbale délicatement pour éviter au maximum que la terre en suspension, qui s’est déposée au fond du seau, ne se mélange à l’eau. Fidèle à moi-même, je bascule en mode sarcastique :
J’ai l’impression d’être un poulet rôti qu’on arrose de son jus dans le four ! Je me mouillerais à la louche que ce serait aussi (in)efficace… Vu la taille de la timbale, et vu ma surface corporelle, à ce rythme-là, je ne suis pas rendue !!!

Alors, pour me simplifier les choses, Philéas me propose de me soulever le lourd seau pour me le verser progressivement dessus. J’accepte volontiers et m’accroupis pour lui éviter d’avoir à lever trop haut.
《 – Doucement hein !!! D’abord parce qu’elle est vraiment très fraîche ; ça fait du bien, mais sur le coup c’est un peu trop vivifiant. Ensuite parce qu’on va tâcher d’être économe, ça t’évitera d’aller au puits.
– non mais déjà, j’irai récupérer les seaux dans la case des gosses, et je mettrai les vides devant leur porte. On gagnera du temps.

Heureusement qu’il est là mon Philéas ! A deux, c’est effectivement beaucoup plus simple. Mais survient pour moi l’inévitable casse-tête de l’arrosage efficace des zones féminines moins accessibles…
《 – Maintenant, va vraiment falloir que tu m’expliques comment tu arrives à défier les lois de la gravité toi. L’eau, forcément ça tombe et coule direct. Jusqu’à preuve du contraire, ça ne remonte pas.
– Tu dois bien être la seule femme au monde à ne pas savoir te laver sans un pommeau au bout d’un flexible de douche !
– oui ben excuse-moi de pas être assez habile, mais à moins de faire le poirier, je vois mal comment procéder pour ressusciter la moule qui crie au secours !!!

Estelle et Anthony sont en apnée, l’oreille collée derrière la porte, de plus en plus morts de rire. Il ne manquerait plus qu’ils nous fassent une syncope.
Rigolez bien les deux là-bas !!!! On verra comment vous allez vous débrouiller quand ce sera votre tour !!!!!

Philéas ricane aussi en douce…
《 – T’as qu’à te tremper carrément dans le seau !
– mais t’es dégueulasse, je vais pourrir toute l’eau !!! Et puis de toute façon, le seau n’est pas assez large ni assez plein !!! Non, allez, c’est bon, aux grands maux les grands moyens. Le moment de honte sera vite passé.

Je me positionne sur la bonde d’évacuation. Je remplis une timbale d’une main et, tant bien que mal, je fais asperseur avec l’autre main. Un sketch… Le fou rire me prend à mon tour. Cette technique système D n’est pas idéale, mais fera l’affaire.

Deuxième étape : le savonnage (découennage/décapage des couches de crasse accumulées depuis 3 jours).
Là, tempête sous un crâne : sans tremper ma savonnette dans le seau d’eau “propre” pour ne pas la souiller, comment vais-je réussir à la faire mousser entre mes mains tout en y versant de l’eau pour qu’elle mousse justement ? Me sentant de nouveau pas dégourdie du tout, j’éclate de rire. Philéas, toujours bienveillant et fort de son expérience, avec une patience à toute épreuve, se risque à me suggérer une méthode :
t’as qu’à la faire mousser dans une seule main pendant que de l’autre tu verses un peu d’eau…..
Ben pardi, ça tombe sous le sens ! Je m’exécute, mais la savonnette me glisse instantanément de la main et atterrit par terre. Je la récupère “panée” de tout ce qu’elle a ramassé sur le sol…
OK…. tout va bien, en plus de moi, j’ai une savonnette sale à laver maintenant !
Je rattrape la savonnette et la rince avec ma timbale. Comme je n’arrive décidément pas à la tenir d’une seule main, Philéas, dans son extrême bonté, me vient une fois de plus en aide :
Allez va, donne-moi ta timbale, je vais te verser l’eau…

Grâce à mon Sauveur, le savonnage peut enfin commencer. Je frotte aussi fort que possible, à la limite de m’entamer la peau. Je rêve même carrément d’une gratounette exfoliante (alors que je déteste ça). Rien que la simple odeur de ma savonnette au citron me donne l’impression d’être un peu moins crade. Sauf que je vais rapidement déchanter. Le stock d’eau s’amenuise. Il ne me reste plus que la timbale de pleine. J’en arrive aux zones sinistrées “confinées”, et là, c’est la catastrophe ! Le simple contact avec la mousse citronnée me provoque une sensation de brûlure insoutenable. Je beugle de douleur. Philéas ne comprends pas ce qui m’arrive :
《 – Qu’est-ce qui se passe ?
– oh la vache… ça me brûle ! La moule hurle à la mort « achevez-moi » !!! Vite de l’eau, c’est insupportable !!!
J’attrape la timbale comme une furie, manquant la renverser par terre, et me balance la flotte sur l’incendie à l’entresol… sauf que dans ma précipitation, je rate la cible…. (décidément…. moi qui suis plutôt habile de mes mains en temps normal, il faut croire que la chaleur et la fatigue ont eu raison de ma motricité manuelle).
Je t’en supplie, va vite me chercher de l’eau !!! Je vais pas pouvoir supporter ça longtemps !!!!

Philéas prend alors les seaux vides et part en courant chercher ceux de nos petits aventuriers hilares qui, eux, ne perdent pas une miette du “drame” qui se joue. Les villageois, de passage dans la rue derrière le mur, non plus apparemment… J’entends des gosses rire aux éclats. Et moi pendant ce temps, j’attends dans la position du crabe, très inconfortable et acrobatique, mais qui a le mérite de m’éviter au maximum tout contact. Je gémis en serrant les dents.

Philéas revient chargé comme un âne. Il pose un seau et me balance dessus la moitié de l’autre d’un coup. L’eau froide atteint la cible du premier coup et éteint l’incendie…
OUF ça soulage ! Ah non mais vraiment, j’en peux plus là : vive les joies de l’aventure quoi !!! .

Sauvée des flammes, je peux terminer les opérations de savonnage et passer à la suite.
 
 
Troisième étape : le rinçage (de la suppliciée).

Après ces émotions et ces sensations fortes, nous sommes techniquement au point avec Philéas ! Il me porte le seau pour me verser doucement l’eau en cascade pendant que je me rince en mode pub tahiti douche. La couleur du jus marronnasse qui coule est indescriptible… Le soulagement que je ressens est incommensurable. Je me délecte du bonheur immense de me sentir propre…
 
♬ ♪ ♫ ♪♪ ♫ ♬ ♪ ♫ ♪♪ ♫
Il en faut peu pour être heureux,
vraiment très peu pour être heureux.
Il faut se satisfaire du nécessaire… Oh oui !
Un peu d’eau fraîche et de verdure,
que nous prodigue la nature,
quelques rayons de miel et de soleil…
♬ ♪ ♫ ♪♪ ♫ ♬ ♪ ♫ ♪♪ ♫

Mon baptême de douche au seau aura été un grand moment (de ridicule et d’humiliation) que je ne suis pas prête d’oublier…

C’est au tour d’Estelle et Anthony de passer l’épreuve de l’initiation à la douche au seau. Ils ont mal aux abdos tellement ils ont ri, mais au moins, ça les aura détendus de cette journée harassante… Après cette bonne douche, ils seront requinqués.

Philéas embarque le peu d’eau qu’il reste et accompagne nos joyeux apprentis baroudeurs jusqu’à leur case. Devant la porte, ils y découvrent les seaux vides qui ont été remplis.
Leur patio-salle-d’eau jouxte le nôtre, je ne vois rien mais je peux tout entendre. Et je ne vais pas être déçue !!!
Anthony semble beaucoup s’amuser, l’eau fraîche ne lui posant pas trop de problème, au contraire.
Quand vient le tour d’Estelle, c’est moins “évident”. On l’entend pousser des petits cris stridents car, évidemment, elle trouve que l’eau est froide. Comme ils ont du gel douche, le savonnage ne pose pas de “soucis techniques”. Au moment du rinçage, elle rit comme une hyène en suppliant son père de verser doucement. Mais Philéas finit par lui balancer carrément tout le contenu d’un seau d’un coup : j’entends un grand SPLASH accompagné d’un hurlement d’hystérique.
Anthony est écroulé de rire :
Vas-y Papa, encore un seau !!! Elle est pas assez rincée…
– ANTHONY t’es un sadique. Je vais te crever !!!
– Calme-toi Estelle. Bon allez, pendant que tu termines, je vais prendre ma douche moi aussi. On se retrouve ensuite pour manger. .

Derrière le mur, l’attroupement de gamins profite toujours du spectacle sonore. Car il faut bien avouer qu’on met l’ambiance ce soir au Campement villageois de Dindéfélo, on ne passe pas inaperçu… comme souvent… partout où la FOGUES Family passe, la zénitude trépasse…

[…]                                          récit complet de l’intégralité de notre aventure à lire (et regarder) en cliquant ici

 
 
 
 
 
 
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