Les FOGUES sur la piste des Incas…
Résumer un voyage est invariablement un exercice drastique pour moi tant je suis (trop) prolixe (aussi bien à l’oral qu’à l’écrit) et dépourvue de toute capacité (volonté ?) de concision ! #PersonneN’estParfait Et je ne parle même pas de devoir choisir seulement quelques photos en guise d’illustrations…
Ses paysages sont aussi grandioses que leur diversité est stupéfiante. Grosso modo, pour schématiser, sur la côte pacifique il y a une zone extrêmement aride (avec même le désert de sable !) ; au centre l’imposante et majestueuse cordillère des Andes domine avec ses très hautes montagnes et son altiplano ; et à l’Est s’étend l’épaisse jungle amazonienne (où nous ne sommes pas retournés, faute de temps).
Son histoire est très riche et surtout pleine d’énigmes non encore élucidées, sans compter sa multitude de vieilles pierres et autres cités perdues mythiques où se sont succédées d’intrigantes civilisations (plus ou moins) mystérieusement disparues. Mais qu’on se le dise : il n’y a pas eu que les Incas au Pérou, loin de là ! Si cet Empire est si célèbre c’est simplement parce que c’est celui qui existait au moment où les conquistadors espagnols ont débarqué et fait main basse sur le pays…
Une bonne partie des quelques 32 millions d’habitants formant sa population est globalement restée encore authentique, même si le « folklore touristique » a inévitablement pris le dessus par endroits. Le Pérou est de plus en plus victime de son succès…
Sa gastronomie est l’une des plus réputée d’Amérique du Sud. Tout est relatif bien-sûr ! Surtout pour des papilles françaises. Les goûts et les couleurs… Ceci dit, nous avons toujours mangé à notre faim ; ce que nous avons eu dans nos assiettes était même carrément très bourratif ! Rajouter à ça que les doses servies étaient gargantuesques : un plat pour deux était largement suffisant en général.
Les aliments de base péruviens sont le riz ET leurs 3 300 variétés de pommes de terre cultivées (#LesPatatesC’estLaVie vs #OverdoseDePatates). Ces deux incontournables indissociables agrémentent quelque chose : viande, poisson, œuf, fromage. Il faut aussi compter sur les soupes en tout genre qui débutent le repas la plupart du temps.
Quant au quinoa, j’en ai beaucoup moins mangé que ce que je pensais (espérais), un comble au Pérou…
Quelques exemples de nouveautés culinaires découvertes cette fois :
➝ l’alpaga, que j’ai trouvé excellent !
➝ la oca aux faux-airs de topinambour en apparence mais avec un petit goût de patate acidulée, qui se laisse manger mais ne me laissera pas un souvenir impérissable.
➝ le lupin dont j’ai détesté la purée qui nous a été servie à une table d’hôte chez une dame Quechua. C’était tellement aigre que j’ai eu l’impression de manger du vomi…
➝ le chuño, une variété de patate déshydratée (goût évoquant un peu la châtaigne) qui te déshydrate le gosier en l’avalant.
➝ la chicha morada qui est du jus d’une variété de maïs presque noir. La première saveur en bouche m’a rappelé le jus de bissap au Sénégal, mais ensuite un arrière-goût de maïs arrive. Ce n’est pas mauvais, juste beaucoup trop sucré je trouve.
➝ le lucuma, fruit clone de l’avocat mais en version sucrée. Philéas en a acheté un dans un marché local. Sa dégustation a été non concluante, c’était mou et farineux. Pour ma part, j’ai passé mon tour car l’aspect me paraissait plus avarié qu’autre chose.
➝ l’emblématique ceviche, du poisson cru mariné dans du citron vert avec du piment, des tomates et des oignons. Bien que détestant le poisson, j’ai quand même goûté par curiosité et… sans grand suspense je n’ai pas franchement aimé, mais Philéas (piscivore averti) a beaucoup apprécié.
➝ le pisco et sa déclinaison en cocktail pisco sour, LE breuvage alcoolisé à base de raisin. L’alcool et moi, ça fait 4. Je n’aime pratiquement aucune boisson alcoolisée, donc je ne picole pour ainsi dire jamais. MAIS j’ai goûté malgré tout, puisqu’un jour on a visité un producteur de pisco, et que le dernier soir on a même participé à un atelier « apprendre-à-préparer-son-pisco-sour-au-shaker-siouplé ». Et je te le donne en mille… #ZéroSuspense je n’ai pas basculé du côté obscur de la force cette fois non plus, le penchant pour la bouteille n’a toujours pas eu lieu en ce qui me concerne ! En revanche, d’autres (dont je tairai les noms) en ont fait une cure intensive !!!
Sinon à part ça, je n’ai pas souhaité goûter à la boisson nationale, l’Inca Kola, un soda gazeux jaune fluo au goût de bubble-gum qui m’a paru plus que suspect… #100%Chimique On en trouve absolument partout au Pérou.
Nous avons donc parcouru environ 2500 kms dans la partie Sud du pays, en partant de Lima et en finissant à Cuzco l’ancienne capitale des Incas.
Pour nous déplacer, en plus de nos pieds et jambes qui ont été extrêmement sollicités chaque jour, nous avons pris des mini-bus, des grands cars de ligne (dont un en partie de nuit, avec fauteuils semi « couchés »), un avion-coucou-montagnes-russes-spécial-vomito, deux bateaux, un voilier traditionnel et un drakkar en roseaux, un train, un taxi-riquiqui-calibre-quechua où caser ses genoux relève du défi contorsionniste, et un collectivos (transport en commun 100% local dans lequel moins il reste de place, plus on s’y entasse) pittoresque où on a chanté à tue-tête 《 aaah qu’est-ce qu’on est serré … au fond de cette boîte … chantent les sardines … chantent les sardines … 》 sous les regards stupéfaits puis l’hilarité générale des péruviens nous prenant pour des fous furieux débarqués de nulle part !
Après une matinée de visite du cœur de Lima (l’embrumée capitale… bof bof, sans grand intérêt pour nous !), nous avons pris la route longeant la côte pacifique, direction Paracas au bord de l’océan. Au large se trouvent les îles Ballestas vers lesquelles nous avons vogué pour observer la faune marine (colonies de lions de mer, de manchots et oiseaux à gogo) dans la brume, ce qui donnait une chouette atmosphère fantasmagorique mais qui nous a camouflé le géoglyphe XXL du cactus candélabre creusé à flanc de colline.
Nous avons poursuivi notre chemin vers Ica, visitant au passage une cave viticole produisant du Pisco, avant de faire une halte à l’inattendue oasis de Huacachina nichée au creux d’immenses dunes de sable fin.
Après une nuit dans une hacienda perdue au milieu de nulle part (endroit parfait pour une « retraite spirituelle 100% bio / stage méditation 90% déconnexion »), nous avons rejoint Nazca et ses mystérieuses lignes et dessins (extraterrestres ?). Là, un nouvel épisode a été tourné durant notre survol des fameuses lignes en mini-avion-coucou-qui-secoue-beaucoup…
Suite à ces émotions, nous avons embarqué dans un grand car de ligne à double étage (« bus-couchettes confortables » qu’ils disaient… Traduire par « bus avec grands sièges s’inclinant à moitié », mais certes suffisamment pour piquer un petit somme jusqu’à l’arrivée à la gare routière à 2h du mat’…) pour quitter la côte et attaquer la montée dans la cordillère des Andes. Heureusement que la majeure partie des 10h de trajet se déroule la nuit, lorsqu’on ne peut pas voir la route, ses virages de la mort-qui-tue et les ravins vertigineux avec lesquels le chauffeur flirtait allègrement !!! On a mieux compris pourquoi il y avait autant de mini-chapelles et stèles-fleuries au bord des routes, en hommage aux nombreuses victimes…
L’ascension s’est faite par étapes afin de s’acclimater progressivement à la haute montagne et l’altiplano, en commençant par Arequipa, jolie ville coloniale perchée à 2340 m d’altitude et cernée par trois majestueux volcans aux sommets enneigés. Le couvent Santa Catalina qui s’y trouve est sublime, faut juste aimer les couleurs qui claquent et brûlent les rétines.
Nous avons continué à prendre de la hauteur en passant ensuite un col à 4900 m (où nous avons croisé un troupeau de lamas et alpagas avec des pomponnettes cousues aux oreilles…)
Nous sommes aussi allés vers le gigantesque canyon de Colca (l’un des plus profonds du monde… ou d’Amérique du Sud… ou du Pérou… On n’a pas vérifié, étant habitués aux batailles de clochers qui sévissent un peu partout dans le monde…) pour admirer l’envol des majestueux condors profitant des courants ascendants lorsque les premiers rayons de soleil chauffent l’air.
Puis il nous a fallu une journée de mini-bus, en repassant par le col du Mirador de los Volcanes à 4900 m, pour rejoindre le mythique lac Titicaca, plus haut lac navigable du monde à 3810 m d’altitude. Il est tellement immense (15 fois le lac Léman, une paille quoi) qu’on dirait carrément une mer intérieure.
《 la cabane en haut du jardin … on y fait caca, on s’y sent bien … mais il faut y plier les genoux … pour éviter de s’en foutre partout … 》
Sinon, pour les urgences urinaires nocturnes (ce n’est pas pour rien qu’on dit que les filles sont des pisseuses…), nous avions un mini pot de chambre à disposition.
Ma première réaction quand je l’ai vu posé par terre près de mon lit ? 《 Hors de question ! 》.
Et puis la nuit est venue… et j’ai changé mon point de vue…
Emmaillotée dans mon sac de couchage, écrasée sous 4 couvertures super épaisses et ultra lourdes, une irrépressible envie de pisser me montant à la gorge m’a réveillée à minuit (il faut boire beaucoup plus que la normale en altitude, on se déshydrate très vite sans s’en rendre compte. J’ai suivi scrupuleusement les consignes moi ! Ceci explique cela…). Mais rien que l’idée de devoir remettre mes godasses de rando, remettre mes 50 couches de vestes et polaires pour ne pas choper une pneumonie avec le froid, trouver un moyen de débloquer discrètement la porte dont Philéas avait malencontreusement coincé le loquet, sortir dans le noir avec la frontale et grimper jusqu’au wc, m’a dissuadée de partir en expédition de l’extrême by-night.
Alors je me suis résignée…
J’ai mis ma frontale et attrapé la mini bassine. Et là, c’est le drame !
Avec mon envie très pressante, j’ai eu beau viser, mon jet (façon asperseur de jardin) était si puissant que j’ai raté la cible au début… avant de rectifier le tir et remplir le récipient presque à ras bord (j’ai bien cru que ça allait finir par déborder !!!).
Après mon soulagement puissance 10, il ne me restait plus qu’à nettoyer du mieux possible avec les moyens du bord. Je me suis donc retrouvée à quatre pattes à essuyer le plancher avec du papier-cul et des lingettes. Grand moment de solitude au cœur de la nuit !
Le lendemain matin, je n’ai pas fait attention, et en me levant j’ai mis un grand coup de pied dans la bassine… tsunami, exaspération et rebelote : opération nettoyage…
La nuit suivante, je ne me suis pas faite avoir (ça a du bon l’expérience) et pour éviter l’étape « copieux éclaboussement », je me suis presque ventousée le pot de chambre au robinet : mission réussie…
Nous sommes allés en voilier traditionnel, et en bateau, sur les îles flottantes (pas celles qui se mangent), entièrement faites en roseaux, Uros de Titino (là aussi, îles encore authentiques développant plutôt une forme de tourisme social solidaire, et non pas « usines-à-touristes-faisant-la-queue-pour-attendre-son-tour-juste-pour-la-photo » comme ses célèbres voisines les îles Uros). Ce ne sont pas des quechuas mais des aymaras qui vivent (vraiment réellement) là en permanence. Nous y avons mangé, fait la « visite guidée » (et du shopping local), avant de grimper dans un drakkar en roseaux pour une petite virée sur les flots. La balade aquatique était rythmée par les chants plurilingues (en français, c’était « Alouette gentille alouette »), les rires et les pirouettes virevoltantes (qui m’ont donné des sueurs froides… les enfants doivent savoir nager très tôt ici…) des fillettes de l’île qui nous ont accompagnés sur le rafiot avec un enthousiasme pas du tout maîtrisé.
Le dernier soir, notre famille d’accueil nous a déguisés avec leurs tenues traditionnelles quechuas… notre réputation en a encore pris un coup !!!
Nous sommes ensuite remontés sur l’altiplano, entre 4000 et 4400 m, en direction de Cuzco à 400 kms de là. Durant tout ce long trajet (en grand bus touristique assez pénible), nous avons visité plusieurs sites incas et pré-incas, ainsi que la singulière « chapelle Sixtine des Andes » (celui qui a décrété ça n’a manifestement jamais mis les pieds pour de vrai au Vatican…) de Andahuaylillas (débrouillez-vous pour le prononcer ! Nous avons déclaré forfait très rapidement).
Nous avons posé nos bagages à Cuzco, ancienne capitale des Incas nichée à 3400 m. Nous avons visité à pied une partie de la ville, son centre historique colonial est superbe.
Puis nous sommes descendus dans la vallée sacrée des Incas où se situent une multitude de sites archéologiques majeurs aux noms quechuas toujours plus imprononçables les uns que les autres. Pour l’occasion, nous avons dû laisser les valises à Cuzco et prévoir juste un petit sac à dos pour 3 jours et 2 nuits, dont une dans en campement rustique, avec toilettes sèches, sans électricité et avec douches communes.
C’est à ce moment du voyage que la cerise sur le gâteau est enfin arrivée : le MACHU PICCHU !
La veille, nous avons débarqué en train panoramique à Aguas Calientes, la ville (100% usine touristique infernale) au pied de la montagne, uniquement accessible à pied (en longeant la voie ferrée) ou en train donc. Il n’y a pas de route dans ces gorges enclavées en pleine jungle.
Le lendemain, ce fut le grand jour, nous étions au taquet : debout à 4h du mat’ pour aller faire la queue parmi la foule dans une rue à 5h du mat’ et réussir à prendre l’un des 24 bus de 28 places qui font les rotations pour monter par une piste (vertigineuse !!!…) jusqu’à la mythique cité Inca qui ouvre ses portes à 6h du matin. (Il n’y a désormais que 2500 personnes par jour autorisées à visiter le site, la moitié le matin de 6h à midi, et l’autre moitié de midi à 17h30. Il existe des options supplémentaires pour grimper sur les montagnes autour, le nombre d’entrées étant encore plus limitées.).
Nous avons eu droit au lever du soleil, à la brume qui enveloppe le Machu Picchu avant de s’évaporer avec les premiers rayons. C’était absolument magique…
Après ce rêve devenu réalité, la fin du périple a montré le bout de son nez…
Pour terminer ce fabuleux voyage, nous avons remonté la montagne jusqu’à près de 3800 m pour visiter les derniers sites de notre circuit, dont notamment les impressionnantes salines de Maras (qui étaient encore en eau au mois de mai).
Et puis nous sommes retournés à Cuzco pour une dernière soirée et une ultime nuit avant de prendre l’avion le lendemain pour rentrer à la maison…
Pour ceux qui envisagent d’aller au Pérou, voici ce qu’il faut absolument savoir à mon humble avis.
Pour des non-sportifs (d’âge canonique) comme nous, un tel voyage est très très exigeant d’un point de vue physique… Entre la très haute altitude (qui joue des tours même aux plus aguerris… le soroche, grave mal aigu des montagnes, pend au nez de tout le monde…) et le manque d’oxygène à apprivoiser, les levers très(très très) tôt chaque jour, les journées entières à marcher, à randonner, à monter et descendre des centaines et des centaines de marches en permanence (escaliers antiques de pierre, construits à l’envers avec des marches trop hautes et irrégulières… Une chance que personne ne se soit cassé la gueule !), le corps est vraiment soumis à rude épreuve. Ce n’est pas une destination pour se reposer… On revient avec des cuisses et des mollets en béton armé (et les genoux/chevilles en vrac qui crient au secours !). Mais la récompense était toujours au bout du chemin ou en haut de la montagne à chaque fois !
merci Jean-Noël
Magnifique récit, comme toujours. Et on apprend des détails amusants, je ne savais pas que tu n'aimais pas le poisson et que tu ne savais pas viser un certain récipient