Découverte d’un coin wc en brousse…
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La discussion tourne rapidement court car un besoin naturel impérieux et irrépressible de pipi se fait sentir. Jean-Baptiste nous guide alors jusqu’au coin « sanitaires » où nous sommes affectés pendant notre séjour.
Alors là… euh… comment dire ?… ou plutôt décrire l’endroit ?…
Déjà, c’est extrêmement dépaysant !
Voici une photo pour visualiser ce genre de lieu à Iwol.
Bucolique non ?
Bon, là, ce n’est pas exactement celui où on devait aller car j’ai carrément oublié de prendre en photo le « nôtre ». J’y ai juste filmé la rencontre mémorable qu’on y a faite, pour en garder une preuve…
Première surprise (plutôt agréable) : paradoxalement, il n’y a pas l’odeur pestilentielle qu’on s’attend à trouver dans pareil endroit « public ». Et c’est même plutôt « clean » (tout étant relatif bien sûr).
Deuxième surprise (qui soulage) : étonnamment, aucun nuage de grosses moucham’ vertes et luisantes n’accueille le visiteur « en détresse ». A l’arrivée, il n’y a d’ailleurs pas de mouches du tout. Bon, une fois qu’on en repart, c’est une autre histoire…
Troisième surprise (quelque peu déroutante) : c’est on-ne-peut-plus aéré ! Il ne faut donc pas être trop pudique car il va falloir se donner en spectacle en plein air, « caché » (une fois accroupi !) derrière un paravent en osier (d’environ 1 mètre 20 de hauteur seulement), si l’entrée dispose d’une « porte » tressée amovible…
Le hic, c’est que « notre » coin po-po n’en avait pas, donc il fallait s’attendre à devoir saluer, le cul à l’air et dans une position gênante, chaque passant d’un chaleureux et enjoué 《 Améké 》 (= bonjour) comme si de rien n’était…
《 Esprit des Pierres……….améké-skejefoulà ??? 》
Quatrième surprise (un brin déstabilisante, au sens propre comme au sens figuré) : évidemment, il n’y a pas de cuvette, seulement une « dalle » avec un trou au milieu recouvert d’une grosse pierre plate. Il faut donc faire ça « à la turque », mais on commence à avoir l’habitude.
La première étape est cornélienne : choisir par quoi on veut commencer… Par devant ou par derrière ? Oui, un choix s’impose car étant donné la taille du trou (à peine un dizaine de centimètres de diamètre), on ne peut pas faire les deux en même temps… Suivant le besoin à soulager, la position acrobatique à adopter ne sera pas tout-à-fait la même pour viser et éviter du mieux possible d’en mettre partout !!!
Une fois la décision prise, il faut passer à l’action :
– pousser courageusement du bout du pied la grosse pierre (le spectacle qui s’offre à nous est évoqué ensuite…),
– remonter les bas du pantalon puis baisser le haut sans le lâcher, afin d’éviter autant que possible qu’il ne traîne sur la chape et ne s’imprègne des traces du passage des précédents visiteurs (ce n’est pas vraiment le genre de souvenirs qu’on a envie de ramener),
– se dérouiller les genoux (qui n’en peuvent plus après l’ascension),
– s’accroupir,
– tester la visée de la cible et enfin se soulager… sans pousser un cri d’horreur en réalisant ce qui se produit sous nos fesses à ce moment-là !!! (fuir est impossible vue la position précaire d’équilibriste dans laquelle on se trouve… toute tentative reviendrait à trébucher, entravé par le pantalon, et tomber comme une merde… ceci dit, le lieu est approprié !)
– (et lors de la première visite du lieu) s’apercevoir qu’il n’y a évidemment pas de papier cul et sombrer en mode « désespérance » parce qu’on n’a pas pu faire suivre de kleenex puisqu’on n’en a plus sur soi (à cause des saignements de nez) et que le stock de réserve est dans les sacs à dos qui sont restés dans le 4×4, toujours coincé sur la piste…
Dernière surprise (et pas des moindres…. âmes sensibles s’abstenir) : mais que va-t-on découvrir sous la grosse pierre plate posée sur le trou ?
D’abord, en la poussant, on libère quelques magnifiques spécimens de mouches (je me disais aussi, c’est pas normal…).
Ensuite, logiquement on découvre un trou…. Oui, il y a bien un trou au-dessus d’une grande fosse creusée jusqu’à hauteur d’homme.
Où est le problème ? me direz-vous.
En réalité, il n’y a pas de problème, c’est juste que « notre » fosse était pleine jusqu’à environ une vingtaine de centimètres du trou. Le spectacle qui s’offre à nous est super appétissant : un bouillon épais noirâtre dont la surface semble étrangement frémir… Il faut se faire violence pour parvenir à faire abstraction du dégoût qui nous prend alors en découvrant ça. Mais l’horreur survient lorsque nos déchets organiques atterrissent dans la soupe ! On se rend alors compte que ce bouillon de culture (dont la moindre éclaboussure sur une partie du corps provoquerait une septicémie) est « vivant » : le léger frémissement détecté au départ de l’action devient un bouillonnement crépitant laissant découvrir une colonie de milliers d’asticots affamés remontant à la surface… On pourrait presque les entendre crier 《 à table !!! 》…
La première fois, on n’a pas vraiment compris ce que c’était car il faisait trop sombre. Mais le lendemain matin, quand on y est retourné, une fois la stupéfaction passée, je me suis empressée de filmer ça pour garder une preuve en images.
Moralité : les asticots, c’est écolo !!!
Anthony s’est beaucoup amusé à pisser dans le trou pour faire remonter à la surface toute cette faune grouillante…
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