Trip vers Cap Skirring (Casamance/Sénégal) : en ferry maritime⛴, en car de brousse, à pieds et en taxi.

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Nous nous rendons au Port. En fin d’après-midi, nous devons embarquer sur le ferry Aline Sitoe Diatta, direction ZIGUINCHOR en Casamance, au Sud du pays. La traversée doit durer normalement une quinzaine d’heures.

 
 
 
 
 
 
Dans la salle d’attente avant l’embarquement sur le bateau, l’impression de décalage continue : il fait chaud et pourtant il y a le sapin et le Papa Noël.

La chance nous a souri car nous avons finalement pu avoir un cabine privative (mais ne pouvant se fermer à clé de l’extérieur) de 4 couchettes avec wc/douche(eau glacée) et clim(congélation) : le grand luxe !!! (Il en existe aussi pour seulement deux personnes, avec un unique lit double).
Je dis que la chance nous a souri car il faut savoir qu’il n’est pas possible de réserver à l’avance depuis la France (ou l’Europe). Les ventes des billets n’ouvrent qu’un mois à l’avance (en théorie… car en pratique, c’est seulement quelques jours avant) au seul guichet de la Gare Maritime de Dakar (ou de Ziguinchor). Le nombre de places est limité et elles sont réservées en priorité aux locaux puisqu’à la base, il s’agit d’un “moyen de transport en commun”, pas du tout d’un paquebot pour touristes. Il faut donc passer par une agence de voyage locale ou, comme Philéas, connaître quelqu’un de confiance (ayant les bons contacts) sur place pour le charger d’aller acheter les billets d’embarquement à notre place (après lui avoir envoyé par mail les copies des passeports).

Dans ces cabines, le moindre cm² est évidemment compté. S’y mouvoir à quatre, avec tous nos bagages entassés au milieu, relève des grandes manœuvres savamment orchestrées. Ouvrir la porte d’un des placards aussi d’ailleurs : il faut d’abord déplacer les lourds sacs à dos posés devant, puis se décaler d’un côté ou de l’autre de la porte. Pas possible non plus d’ouvrir à la fois la porte de la salle d’eau et la porte d’un placard.
Dans la salle d’eau, inutile d’espérer pouvoir l’utiliser à plusieurs ; déjà, pouvoir y entrer avec ses affaires de toilettes, c’est un exploit en soi.
En revanche, l’exiguïté du lieu finit par beaucoup amuser Estelle et Anthony qui passent d’un lit à l’autre sans avoir besoin de poser un pied par terre, c’est de l’accro-lits-superposés !

Si nous n’avions pas pu avoir cette catégorie de cabine, nous aurions eu le droit de dormir soit dans :

➥ des “dortoirs collectifs” de huit personnes pour hommes OU pour femmes (la mixité y étant interdite, nous aurions dû être séparés), avec, dans le couloir, les douches et les wc communs à tout le pont.

➥ des fauteuils pullman, plus ou moins défoncés et, pour la plupart, ne s’allongeant plus depuis bien longtemps, alignés en rangs serrés dans une salle où les bouches d’arrivées d’air climatisé au plafond sont réglées si fort qu’elles crachent de l’air à 15° : ambiance “voyage en chambre froide garantie” !!! Ne pas choper une pneumonie pendant le voyage tient du miracle…
D’ailleurs, Philéas, pourtant jamais malade, n’a pas été épargné : à l’arrivée, angine tellement carabinée et douloureuse qu’il a dû passer une semaine sous antibiotiques… Pour une fois, ma (trop grosse) pharmacie de voyage n’aura pas été inutile et superflue !!!

A noter enfin quelques consignes et règles de vie pendant la traversée.
Il est interdit de préparer à manger sur le bateau et à fortiori dans les cabines ! Car généralement, toute bonne Sénégalaise digne de ce nom ne se déplace quasiment jamais sans au moins une gamelle et tout le nécessaire pour cuisiner un petit Thiéboudiène (plat national sénégalais)
Il est aussi interdit de pisser (et plus si affinités) dans les douches collectives…

Le bateau largue les amarres en début de soirée. L’ambiance est plutôt joyeuse, il y a du monde, de la musique au bar extérieur. Tout se passe bien….. jusqu’au moment du repas du soir où les effets du roulis se font ressentir pour Estelle et Anthony qui découvrent le phénomène pour la première fois. Moi, je sais que j’ai le mal de mer/de terre/des airs/de route/de rail/etc etc, donc j’ai avalé mon comprimé de nautamine depuis longtemps.
Du coup, c’était “nautamine party” pour être sûr que la nuit ne basculerait pas en mode supplice cauchemardesque !!! Les pauvres, ils n’ont pas l’habitude, et ils étaient shootés… Ils ont dormi comme une masse malgré (les ronflements de Philéas et) la température frigorifique qu’il faisait dans la cabine à cause de la clim trop froide qu’on ne pouvait pas régler. Nous sommes tous restés plus ou moins habillés, et avec nos vestes en polaire.

Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, Estelle était encore sous l’effet soporifique des médocs, et ne tenant pas debout, tel un zombie elle a dû retourner s’allonger dans la cabine.
Pendant ce temps, de notre côté, nous avons pu profiter du beau temps et des paysages. Et nous avons eu la chance d’être escortés par des dauphins à l’approche de l’embouchure du fleuve Casamance.

 

Après une escale intermédiaire à Karabane qui nous aura retardés de deux heures, le bateau poursuit son itinéraire en remontant le fleuve jusqu’à Ziguinchor.

Notre “Croisière s’amuse” arrivera à destination à midi.

Bienvenue en Casamance, l’autre Sénégal…

 
 
 
Nous remettons nos sacs sur nos dos et dès la descente du bateau, l’aventure de la Fogues Family reprend son cours. Voici venu le moment tant redouté par Anthony : trouver par nos propres moyens un moyen de locomotion pour aller du Port de Ziguinchor jusqu’à Cap Skirring au bord de l’océan, à quelques 80 kms de là !
Même si cette “épreuve” prendra plus de trois heures, tout s’est bien passé. Nous avons d’abord pris un taxi de ville pour aller du Port à la gare routière. Puis là, nous avons choisi le transport en commun annoncé comme partant le premier pour Cap Skirring : un car de brousse (un fourgon Transit en très bon état…) bondé à l’intérieur (tous les quatre quichés avec nos petits sacs sur trois places derrière le chauffeur) et surchargé à l’extérieur (une montagne de bagages -dont nos quatre gros sacs à dos-, de bidons vides et autres marchandises volumineuses en tout genre entassés sur le toit).

Nous attendrons une bonne heure assis dans le fourgon, le temps que le véhicule se remplisse complètement ; c’est toujours ainsi que ça fonctionne pour les taxis et cars de brousse au départ d’une gare routière. On était en plein soleil, à l’heure la plus chaude de la journée, et on se sentait se dessécher comme des pruneaux, doucement mais sûrement !!! D’autant plus qu’on a rapidement renoncé à laisser la vitre ouverte car, évidemment, nous n’avons pas été épargnés par le rituel des défilés incessants des vendeurs ambulants venus harceler les chalands.
Estelle et Anthony n’en pouvaient plus, et comme nous n’avions pas encore mangé, ils commençaient à défaillir… On n’était pas au bout de nos peines !

Une fois “l’heure” du départ enfin arrivée, nous voilà en route pour…. la station-service à la sortie de la ville. Le chauffeur met dans son réservoir les quelques litres de gasoil qu’il peut payer. Pendant ce temps, des mecs montent sur le toit du fourgon, détachent les bidons et les balancent par terre. Un autre les ramasse, les débouche et les fait remplir de carburant jusqu’à débordement puis les recharge sur le toit !!! L’odeur d’essence est puissante…. Faut pas avoir peur de prendre feu ou d’exploser en plein soleil !!!
Le départ suivant est le bon cette fois. Mais comme c’est un car de brousse, on s’est arrêté tout le long du trajet pour descendre des gens, des marchandises, en prendre d’autres.

Et à chaque escale, c’est le balai des vendeuses de ravitaillement qui s’engouffrent par les vitres ouvertes. Nous leur avons acheté quelques bananes et des arachides pour calmer la faim de nos aventuriers ; nous avons goûté aussi les mandarines locales de couleur plutôt verte. L’expérience vaut le détour car elles ne sont pas mauvaises du tout : juteuses et gouteuses. Mais par contre, il faut quand même préciser qu’elles sont très difficiles à éplucher avec les doigts sans se retourner un ongle, et elles sont surtout farcies de pépins ! Une seule tranchette et tu te retrouves avec (un fou rire qui monte et) une poignée de pépins dans la bouche dont tu ne sais pas quoi faire au premier abord… jusqu’à ce que tu te rappelles que tu es au Sénégal, parmi des Sénégalais, et que tu peux donc faire comme eux pour t’en débarrasser : cracher les pépins par les vitres ! Le plus dur a été de bien viser la vitre !!! (J’ai gardé quelques pépins pour les planter à la maison, et ça a poussé. Nous verrons bien si le mandarinier survit.)

 

Après deux bonnes heures de route au total, nous sommes finalement arrivés à Cap Skirring en milieu d’après-midi. Nous avons demandé au chauffeur de nous laisser à la station-service à l’entrée de la ville. Et c’est justement là que nous avons compris pourquoi il y a eu tant de bidons d’essence transportés sur le toit du car de brousse : il y avait une grève du réapprovisionnement de l’unique station-service du coin. Plus de carburant depuis plusieurs jours !
Nous nous retrouvons plantés là, au milieu des pompes à essence à sec, croulant sous nos sacs à dos. Notre épreuve “trouver par ses propres moyens un moyen de transport” reprend de plus belle et elle ne s’annonce pas aussi simple que prévue… Notre point de chute n’est plus que quelques kms plus loin, mais à cause de la pénurie d’essence, nous ne trouvons personne pour nous y emmener sans nous escroquer sur le prix de la course exorbitant !
Résignés (et chargés comme des bourricots), nous décidons alors de partir à pied. Nous marchons en plein soleil, à l’heure la plus chaude de la journée, au bord de la route goudronnée qui, en plus, réverbère la chaleur extrême accumulée par l’asphalte. Nous la ressentons sous les pieds, à travers nos épaisses semelles de pataugas. Nous cuisons de haut en bas et de bas en haut !!! Notre convoi à pattes avance à deux à l’heure, mais nous sommes à fond… Malgré les casquettes, l’insolation nous pend au nez.
Estelle et Anthony sont carrément au bord de l’évanouissement lorsque nous quittons la route bitumée pour emprunter le chemin de sable sillonnant le quartier où se situe le campement. Je les oblige à boire, boire, boire, même s’ils ne veulent pas. Ils ne réagissent même plus, ils sont hagards. Alors, à environ un km de l’arrivée seulement, nous avons finalement dû (se faire plumer) prendre un taxi usurier avec encore de l’essence pour nous emmener (encore vivants) jusqu’à notre campement “Le Paradise”.

Nous y arrivons ruisselants de sueur, rougeots et épuisés.
Il n’y a pas âme qui vive à l’entrée, c’est l’heure de la sieste. Nous nous dirigeons vers l’accueil à la paillote, mais nous n’y trouvons qu’un déchet de Toubab sénégalisé d’une cinquantaine d’années, un verre de pastis à la main, perché sur une chaise haute du bar. Sa façon de bouger, de s’adresser à nous et son élocution ne font aucun doute : il est complètement bourré, imbibé jusqu’à la moelle. Il devait déjà en être à son vingtième Ricard de la journée…
《 – Mais d’où est-ce que vous arrivez comme ça ???
– De Dakar.
– Mais vous êtes complètement fous ! Non mais quelle idée !
– …..????
Bonjour le comité d’accueil…

Nous avons attendu, attendu, attendu (sans nous énerver…) que quelqu’un vienne nous accueillir, retrouve nos réservations (tâche ardue….. il n’y a pas foule… nous peuplons le campement presqu’à nous tous seuls…) puis les clés.

Nous sommes assoiffés et affamés. Nous en profitons donc pour commander de quoi nous désaltérer avant qu’il n’y ait de nouveau plus personne derrière le “bar/accueil”.

Philéas fait le forcing pour se faire préparer de quoi soulager notre faim de loup avec un poulet yassa improvisé de dernière minute, alors que l’équipe en cuisine avait fini son service.  
Rien n’est jamais impossible au Sénégal…

Il a fallu encore attendre, attendre, attendre avant que les boissons arrivent et que Philéas puisse se régaler de son sempiternel demi-litre de bière gazelle. Son argument pour préférer la bière à l’eau ? Imparable : la bière est bourrée de levures, c’est idéal pour limiter les inévitables désordres intestinaux… Mais bien sûr !!!
[ Mais efficace ! Note de relecture de Philéas…]

 
 
 
BREAKING NEWS (juin 2018) :
Les pépins plantés à la maison ont bien poussé. Nous avons désormais un joli mandarinier qui, pour la première fois, nous a fait une fleur !!!! Miracle ! Ne reste plus qu’à savoir si une mandarine arrivera jusqu’à maturité… Le suspense va être insoutenable.
 
 
 
 
 
BREAKING NEWS (juin 2019) :
Les fleurs de l’année dernière avaient été pollinisées, de minuscules mandarines étaient apparues, mais le vent estival (et les passages incessants trop près du pot) les ont faites tombées. SNIF…
Cette année, rebelote ! Une seule mandarine est rescapée pour le moment, et elle grossit !!! YOUHOU ✌️! Depuis, d’autres fleurs sont sorties… Vais-je pouvoir déguster ma première mandarine de Casamance née à la maison ? Le suspense se poursuit, il est à son comble…

 
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récit complet de l’intégralité de notre aventure 
à lire (et regarder) en cliquant ici

 

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