Concilier vie professionnelle et vie personnelle. Retour d’expérience sur ma tentative de résolution de cette équation complexe…
Un beau matin, en parcourant les réseaux sociaux, j’ai vu passer cette publication :
Je me suis alors posée cette question, et la réponse qui m’est spontanément venue est :
Et puis je me suis soudain souvenue que, dans le cadre des études supérieures de ma fille, j’avais été interrogée sur le sujet de la conciliation vie professionnelle / vie personnelle lorsque ses enfants sont petits. C’est ainsi que, pour les besoins d’un projet à réaliser pour ses cours de « Psychologie des organisations », j’ai été invitée à apporter mon témoignage écrit.
Dans le panel représentatif des personnes sélectionnées, j’étais celle qui « a décidé de changer de vie en passant en télétravail à temps partiel pour pouvoir m’occuper de mes enfants ».
L’occasion est donc parfaite pour partager mon retour d’expérience !
Ma journée type de travail commençait avec mon costume de maman : réveil de mes enfants (dans la joie et la bonne humeur !), les préparer, les faire petit-déjeuner, les distraire et emmener ma fille aînée à l’école.
Retour à la maison avec mon petit dernier que je gardais dans mon bureau pendant que je travaillais. Les journées étaient inévitablement rythmées par ses besoins : heure des tétées (jusqu’à ses 6 mois), des siestes (où je mettais les bouchées double pour avancer le taff), des soins, des sorties, des rendez-vous médicaux.
Quand ma fille aînée est rentrée au CP, mes journées sont devenues encore plus hachées car je la récupérais à l’école à midi pour manger à la maison avec nous. Puis je la ramenais et retournais la cherchais à la sortie de l’école vers 16h. De retour à la maison, c’était l’heure du goûter et des devoirs (au secours !!!…).
Une fois ces missions accomplies, je reprenais mon boulot (en pointillés car constamment interrompue par mes bouts de choux qui ne savaient pas se passer de moi…) dans mon bureau jusqu’au moment des bains, repas du soir.
Donc mes journées étaient extrêmement fragmentées, sans horaires précis. Pour pouvoir venir à bout de mon travail, je me levais bien avant mes enfants pour travailler avant de les réveiller, et je pouvais aussi travailler après les avoir mis au lit. Entre les deux, je jonglais en permanence… Sinon, je pouvais bosser le week-end aussi quand c’était nécessaire.
Je m’imaginais devenir une femme expert-comptable charismatique entièrement dévouée à ma profession, indépendante, et surtout sans enfants.
Sauf que la vie réserve toujours des surprises auxquelles on ne s’attend pas (mais alors vraiment pas)… et au final, ça ne s’est pas du tout passé comme j’avais prévu !
Si on m’avait dit, quand j’étais jeune, qu’après avoir atteint mon BAC+8 je renoncerais à mon métier « prestigieux » pour me consacrer à mes enfants, je n’aurais pas cru ça possible une seule seconde ! Comme quoi, rien n’est jamais écrit d’avance…
Pas du tout !
Depuis très jeune, réussir à devenir expert-comptable.
Je n’ai jamais vraiment voulu faire un autre métier. C’est un truc totalement irrationnel !
Une fois que je me suis finalement décidée à avoir des enfants, je voulais absolument m’en occuper moi-même le plus possible.
Pour ma fille aînée, je n’avais malheureusement pas les moyens de pouvoir m’arrêter de travailler à plein temps. J’ai quand même pu la garder jusqu’à ses cinq mois (à cause de ses soucis de santé), donc un peu plus que le congé maternité. Ensuite, je m’étais organisée pour que ce soit ses mamies/papi qui se relaient pour s’occuper d’elle jusqu’à son entrée à la maternelle.
En revanche, quand mon fils est né, j’ai pu m’arrêter et prendre un congé parental jusqu’à ses 3 ans, après quoi j’ai fini par démissionner de mon boulot d’alors. Je ne me sentais pas capable de faire à la fois ce métier à 100% (avec toutes les contraintes, exigences et sacrifices qu’il réclame pour une femme) et m’occuper convenablement de mes enfants. Donc quand je me suis mise en congé parental, j’ai commencé à bosser à temps partiel à la maison pour mon travail actuel. La règle pour m’organiser était simple : je veux être disponible en priorité à mes enfants, le reste c’est pour le boulot. Donc pas d’horaires/jours fixes, 100% de flexibilité : je m’adapte en fonction du contexte du moment.
Pas vraiment. Mais ce qui est sûr c’est que télétravailler en pouvant être libre de décider de mon organisation me convient bien.
Je ne sais pas si l’on peut dire que ce sont des frustrations, mais ce qui m’exaspère et me blesse le plus c’est la vision faussée qu’ont les gens de mon mode de fonctionnement. Être surdiplômée et, au final, rester à la maison à s’occuper de ses enfants tout en télétravaillant à temps partiel est synonyme, au mieux, de « vie trop cool » et, au pire, de « ne rien foutre de ses journées ».
J’ai renoncé il y a bien longtemps à expliquer que c’est tout le contraire en réalité !
Oui : consacrer les mercredis et les vacances scolaires à faire des activités pour et avec mes enfants. C’était un peu ambiance « Nature et découvertes » à la maison.
Tous les matins en me réveillant. Mais je redescends vite sur Terre ! L’herbe est toujours plus verte ailleurs…
Comme je travaille pour/avec mon mari, expert-comptable lui aussi, forcément la séparation entre notre vie professionnelle et notre vie personnelle n’est pas très étanche… Donc ça parle souvent boulot à la maison, même en dehors des horaires (théoriques) de travail. C’est inévitable.
Mais ce qui m’est le plus pénible c’est quand c’est notre entourage, famille, amis proches et autres connaissances, qui nous sollicitent systématiquement dès qu’on les voit « ah au fait, j’ai un truc à te demander/un papier à te montrer. Y’en a juste pour 2 minutes ». C’est jamais pour « juste deux minutes », au contraire, une question en entraîne une autre et encore une autre et ça finit invariablement en tournée générale de consultations, et ça m’horripile.
Devoir être assaillie par l’entourage pour leurs soucis « administratifs », ce n’est pas du tout un choix, on n’y échappe pas malheureusement. Il y a des professions comme ça où les gens ne peuvent pas s’empêcher de demander conseil (c’est pareil pour les professions médicales, ils sont aussi toujours en consultation).
Je subis… Faire remarquer que je suis hors horaires de travail, et que j’ai donc envie de penser à autre chose, est toujours très mal perçu. Je passe souvent pour la rabat-joie de service.
Comme elles viennent, quand elles viennent.
Il n’existe pas de solution magique prête à l’emploi, je suis bien obligée de faire avec.
En revanche, pour tout ce qui est « hors entourage proche », depuis que je suis en télétravail, je refuse d’être en contact direct avec les clients. D’ailleurs, ceux-là ne savent même pas que c’est moi qui m’occupe de leurs affaires dans l’ombre, ils pensent que c’est mon mari. C’est LA solution que j’ai trouvée pour m’épargner cet aspect du métier que j’ai fui, ça faisait partie du deal pour que je m’arrête de bosser à plein temps.
Je ne sais pas.
Si j’avais pu m’arrêter dès la naissance de ma fille, je l’aurais fait.
Toujours est-il que je ne regrette rien de la décision radicale que j’ai prise à la naissance de mon second enfant. Réorganiser de fond en comble ma vie m’a permis de voir grandir mes enfants, de m’en occuper, d’être là quand ils avaient besoin de moi. Et rien que ça, ça n’a pas de prix, même si je suis très loin d’être une mère parfaite.
Quand j’étais jeune, je ne voulais pas avoir d’enfants. Mais une fois mère, je ne voulais pas que quelqu’un d’autre les élève. A quoi bon faire des enfants si on ne s’en occupe pas ?