“Quebradas” autour de SALTA : paysages grandioses des Andes đ€© đŠđ·
Cap vers le nord-ouest Ă 1100 kms de lĂ , dans les Andes, oĂč rĂšgne un climat trĂšs chaud et trĂšs sec.
Nous atterrissons Ă SALTA, ville trĂšs Ă©tendue d’environ 580000 habitants Ă 1200 m d’altitude. Nous resterons dans cette rĂ©gion andine durant 4 jours… pour notre plus grand plaisir…
C’est la partie du voyage que j’ai le plus aimĂ© tant les paysages Ă couper le souffle m’ont subjuguĂ©e. La grande diversitĂ© et la beautĂ© Ă l’Ă©tat brut de cette nature sauvage de l’altiplano (hauts plateaux andins) m’ont envoutĂ©e.
Manifestement, les argentins ont des problĂšmes rĂ©currents de tuyauterie…. Mais ce n’est pas vraiment Ă©tonnant quand on sait ce qu’ils mangent ! La population est saturĂ©e en protĂ©ines et devient de plus en plus obĂšse… le mal du siĂšcle…
La rĂ©compense est au bout de l’ascension, que nous avons faite en mini-bus en ce qui nous concerne.
C’est confirmĂ© : les argentins adorent l’excĂšs de dĂ©cibels, car, une fois de plus, le niveau sonore Ă©tait insupportable. Sans compter que les sonoritĂ©s stridentes de certains instruments utilisĂ©s n’ont pas arrangĂ© les choses. On a eu beau demander Ă plusieurs reprises de baisser le volume ou bien d’Ă©teindre une des enceintes, rien n’y a fait : les argentins veulent devenir sourds !
Tout le groupe a Ă©tĂ© pris d’une nouvelle grosse crise de fou rire tellement c’Ă©tait surrĂ©aliste. La guide locale (une autre française expatriĂ©e) ne savait plus oĂč se mettre tellement elle Ă©tait gĂȘnĂ©e (pas par le bruit, mais par notre rĂ©action).
J’ai passĂ© une grande partie de la soirĂ©e Ă me boucher les oreilles de peur de perdre mes tympans, et j’Ă©tais en apnĂ©e tellement je pleurais de rire. Quelques-uns n’ont pas pu rĂ©sister au supplice, ils sont carrĂ©ment sortis du resto et ont passĂ© le reste de la soirĂ©e dehors sur le trottoir.
Voici 20 secondes de vidĂ©o de l’orchestre. Le niveau sonore n’y est pas du tout restituĂ©. On peut juste apercevoir un danseur Ă la chorĂ©graphie trĂšs recherchĂ©e et au costume d’un bleu puissant….. Petit indice pour le reconnaĂźtre : c’est le SanKuKaĂŻ qui s’agite aux pieds des musiciens…
Le lendemain a Ă©tĂ© une longue mais superbe journĂ©e oĂč le soleil a continuĂ© Ă ĂȘtre au rendez-vous pour notre plus grand plaisir.
J’ai Ă©tĂ© fascinĂ©e par les paysages grandioses que nous avons dĂ©couverts tout au long du road trip au travers de la QUEBRADA DE HUMAHUACA.
Une “quebrada” c’est une vallĂ©e profonde, comme un canyon en fait.
La Quebrada de Humahuaca est classĂ©e au Patrimoine Mondial de L’HumanitĂ© de l’UNESCO. Et j’ai compris pourquoi dĂšs notre premiĂšre halte au village indien de PURMAMARCA situĂ© au pied de l’incroyable “montagne aux sept couleurs”…
Nous avons visité ce petit village pittoresque avec son marché artisanal coloré, son église toute blanche à la charpente faite en bois de cactus, et son cimetiÚre orné de fleurs et de rubans multicolores.
Nous avons poursuivi notre road trip, puis fait une nouvelle halte Ă TILCARA pour visiter les vestiges d’une forteresse Inca appelĂ©e la PUCARA et entourĂ©e d’immenses cactus en fleurs.
Nous avons repris la route et continuĂ© l’ascension jusqu’Ă 3000 m d’altitude pour arriver Ă HUMAHUACA, la ville coloniale qui a donnĂ© son nom Ă la Quebrada.
Nous avons eu droit Ă une petite dĂ©monstration musicale, Ă©videmment…
Avant de reprendre la route, nous avons profitĂ© d’une petite balade digestive dans les rues (dĂ©sertĂ©es) de Humahuaca. C’est en gravissant les escaliers qui mĂšnent au Monument de l’IndĂ©pendance que nous avons subitement pris conscience que nous nous trouvions Ă 3000 m d’altitude ! Nous sommes arrivĂ©s lĂ -haut complĂštement essoufflĂ©s et Ă©puisĂ©s, mais la vue panoramique valait le petit effort…
Sur la route du retour, petit arrĂȘt photo au niveau du Tropique du Capricorne,
Donc, le lendemain, nous voilĂ partis pour un nouveau road trip.
AprĂšs avoir traversĂ© les plantations de tabac de la vallĂ©e de Lerma, nous atteignons la magnifique QUEBRADA DE LAS CONCHAS avec ses formations de grĂšs rouges, et ses faux airs de Grand Canyon AmĂ©ricain. L’altitude de ce haut plateau andin varie entre 1500 et 2000m.
Une atmosphÚre étrange et paisible rÚgne dans ce lieu.
Alors que PhilĂ©as rentre dans une Ă©picerie d’oĂč on entendait jouer un accordĂ©on, il en ressort soudain prĂ©cipitamment pour venir me chercher sur le trottoir. Il riait bĂȘtement mais je ne me suis mĂ©fiĂ©e de rien…
Pas plus tĂŽt il m’attire dans cette Ă©picerie (trĂšs couleur locale !) que je me retrouve dans les bras d’un vieux monsieur qui m’entraĂźne dans une danse endiablĂ©e, et qui me radote dans les oreilles des << Eres muy linda, muy bonita y bailas muy bien >> trĂšs appuyĂ©s en me dĂ©visageant de trĂšs trĂšs prĂšs tellement il me tenait serrĂ©e contre lui ! Et moi qui, pour tenter de calmer ses ardeurs, ne faisait que lui dire << No entiendo nada, lo siento. Ma que calor aqui !!! >>.
Il n’avait plus beaucoup de dents le bougre, mais il dansait encore trĂšs bien.
Il m’a fallu quelques secondes avant de rĂ©aliser ce qui m’arrivait et surtout constater que tout le monde Ă©tait mort de rire autour de moi…
PhilĂ©as voulait absolument immortaliser la scĂšne en me filmant mais il riait tellement qu’il ne s’est pas aperçu qu’il n’avait pas appuyĂ© sur le bon bouton pour dĂ©clencher l’enregistrement vidĂ©o. Il Ă©tait dĂ©goĂ»tĂ© quand il s’en est rendu compte, et moi, j’Ă©tais soulagĂ©e…. mĂȘme si le ridicule ne tue pas et que mon moment de “honte” est vite passĂ© pour se transformer en Ă©norme fou rire !
Quant Ă moi, j’ai fini de me ridiculiser toute seule lorsque je me suis adressĂ©e Ă l’Ă©picier qui se marrait bien derriĂšre son comptoir en regardant la scĂšne improbable qui se jouait dans sa boutique.
Il y avait plein de piments dans des bocaux, et je voulais savoir s’ils Ă©taient tous forts. Sauf que je n’arrivais pas Ă me faire comprendre et que du coup j’ai joint le geste Ă la parole. Mal m’en a pris : la guide m’a soudain attrapĂ©e les mains pour stopper mes gesticulations mimiques et m’a dit discrĂštement en faisant diversion
<< – Ouh lĂ , surtout ne fais plus jamais ce genre de gestes devant un argentin ! Sinon il va t’arriver des bricoles… >>
– hein ?
– ce que tu viens de faire comme geste, ici ça veut dire que tu l’invites Ă aller sous le comptoir avec lui si tu vois ce que je veux dire…. >>
Je suis devenue Ă©carlate, et ce n’est absolument pas parce que j’avais goĂ»tĂ© aux piments ! Tout le monde riait comme des tordus. L’Ă©picier ricanait avec un air lubrique. Il a fallu qu’on sorte de lĂ pour reprendre nos esprits et surtout notre agrĂ©able balade dans les rues de Cafayate…
Cette route aride Ă©tait hallucinante, on se sentait perdu au milieu de nulle part. Dans cette vallĂ©e Calchaquie dĂ©sertique, sous un soleil de plomb et une chaleur accablante, pendant des kms, aucun rĂ©seau tĂ©lĂ©phonique, aucun vĂ©hicule croisĂ© : il ne fallait pas tomber en panne ! Par moment, ça nous a mĂȘme carrĂ©ment Ă©voquĂ© l’Afghanistan…
Et pourtant il y a bien de la vie puisqu’il y a des troupeaux dans les prairies… Tout ça nous a beaucoup intriguĂ©s.
La guide nous a finalement expliquĂ© que dans ces rĂ©gions-lĂ , les gens vivent Ă l’intĂ©rieur, presque cloĂźtrĂ©s chez eux, et ils n’en sortent qu’en cas de nĂ©cessitĂ©s. C’est leur mode de vie.
Ce n’est qu’en fin de journĂ©e que nous sommes ENFIN arrivĂ©s, fourbus, Ă CACHI, adorable petit village indien perchĂ© Ă 2200m d’altitude. Les maisons y sont blanches, les rues sont entiĂšrement pavĂ©es, les panneaux dans les rues sont faits en bois de cactus, tout comme le plafond de l’Ă©glise d’ailleurs. Nous avons beaucoup aimĂ© cet endroit, ainsi que l’hĂŽtel (pas spartiate mais presque !) dans lequel nous avons passĂ© la nuit.
Pour redescendre Ă SALTA, nous avons parcouru un itinĂ©raire diffĂ©rent. Les paysages m’ont une nouvelle fois subjuguĂ©e.
Le lieu est aussi rempli dâĆufs de dinosaures datant de plusieurs millions d’annĂ©es et d’autres joyeusetĂ©s palĂ©ontologiques.
Tout va bien, j’ai pris de la nautamine…
Nous avons dû franchir ce pont métallique à pied car le mini-bus chargé de nos bagages était beaucoup trop lourd si on y restait dedans.
On s’est dĂ©gourdi les jambes, ça ne nous a pas fait de mal !
A la mi-journĂ©e, nous sommes arrivĂ©s dans une estancia datant du XVIIIĂš siĂšcle pour un dĂ©jeuner “asado”, le barbecue party typiquement argentin !
Alors lĂ , on s’en est mis plein la lampe ! La rĂ©putation de la viande argentine n’est pas du tout exagĂ©rĂ©e. Elle est vraiment excellente.
Le seul problĂšme avec leurs grillades, ce sont les doses gargantuesques prĂ©vues : il faut compter 1 kilo de viande et 2 litres de vin Ă 17° par personne… de la folie ! Je suis une vraie carnassiĂšre, mais lĂ , je dois avouer que j’ai rapidement calĂ© devant les montagnes de barbaque….
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– J’ai retenu qu’en Argentine, on y parle…. argentin et pas l’espagnol “castillan”. C’est encore bien plus flagrant qu’en Ăquateur.
Cela m’a occasionnĂ© bien des pĂ©ripĂ©ties pour comprendre et me faire comprendre. D’ailleurs, j’aurais dĂ» tilter dĂšs le dĂ©part dans l’avion Ă l’aller : au moment du repas, les hĂŽtesses proposaient deux choix, et ne sachant pas dĂ©crypter ce que c’Ă©tait que le “pocho”, j’ai pris l’autre plat. Quelle dĂ©ception quand j’ai vu que cet autre plat c’Ă©tait du poisson, et que je me suis rendue compte que le mystĂ©rieux “pocho” Ă©tait en rĂ©alitĂ© du “pollo” (prononcer polio) ! Car en Argentine, le double LL espagnol ne se prononce pas “llieu” mais “CHE”… Encore fallait-il le savoir ! Tout ça nous a bien fait rire, surtout quand on parlait des gauchos et de leurs “cabacho” : les “caballo”, les chevaux quoi !
Et il n’y a pas que des variantes dans la prononciation. Beaucoup de vocabulaire n’est pas du tout le mĂȘme, dans tout ce qui est alimentaire par exemple : pas pratique quand on veut commander quelque chose de prĂ©cis…
– PhilĂ©as a retenu de l’Argentine que l’aspect “Histoire et civilisations” est presque inexistant, ou tout du moins mis entre parenthĂšse pour ne pas dire savamment occultĂ©.
Seules les pĂ©riodes de grandes vagues d’immigrations de la fin du XIXĂš et dĂ©but XXĂš siĂšcle sont “assumĂ©es”.
Le passĂ© colonial, Ă part d’un point de vue architectural Ă certains endroits, il faut le chercher.
Quant aux cultures Indiennes du cĂŽtĂ© des Andes, alors lĂ , c’est carrĂ©ment Ă©touffĂ©. Ce n’est que pour le folklore touristique. PhilĂ©as a Ă©tĂ© trĂšs déçu par cet aspect-lĂ …
– Nous avons retenu que l’Argentine est rĂ©ellement LE pays de la viande ! Ce n’est pas un mythe. La gastronomie est presque exclusivement basĂ©e sur la viande, rouge essentiellement. Mais nous avons compris qu’il y a une raison Ă cela. Ce n’est pas juste une question de goĂ»t, c’est d’abord parce les terres argentines sont pour la plupart stĂ©riles, rien n’y pousse, et donc ils ne disposent que de trĂšs peu de fruits et lĂ©gumes localement. Pour trouver des zones cultivables, il faut s’approcher des rĂ©gions tropicales au nord. Mais c’est largement insuffisant pour nourrir tout le pays, et c’est trĂšs cher. Et comme ce qui est importĂ© est hors de prix…
Du coup, les argentins se gavent de barbaque, Ă chaque repas, et Ă des doses massives. Nos estomacs non habituĂ©s Ă autant d’apports protĂ©iniques n’ont pas supportĂ© bien longtemps. Il n’en reste pas moins que leur super barbecue, les repas “asados”, sont excellents.
Pour aider Ă digĂ©rer tout ça, couper un peu la faim et booster leur mĂ©tabolisme en carence de fruits et lĂ©gumes, les argentins boivent Ă longueur de journĂ©e de la “Yerba matĂ©”, l’infusion nationale.
C’est une tisane au goĂ»t prononcĂ©, qu’ils boivent selon un rituel prĂ©cis dans une tasse typique appelĂ©e “matĂ©” (une petite calebasse qui ne doit surtout pas ĂȘtre lavĂ©e) dans laquelle est plongĂ©e une paille mĂ©tallique appelĂ©e “bombilla” (prononcer “bombicha”…) qui filtre l’herbe en aspirant le breuvage. Le rituel se veut convivial car il est d’usage de le dĂ©guster Ă plusieurs en faisant tourner le “matĂ©”, chacun aspirant une gorgĂ©e et le passant au suivant. Tout bon argentin qui se respect possĂšde au moins un “matĂ©”. Notre guide française de Salta en avait un “format de voyage” qu’elle faisait suivre partout avec un thermos d’eau bouillante. C’est elle qui nous a initiĂ©s Ă ce rituel.
Trois autres spécialités culinaires sont typiquement argentines :
.- les “empanadas” : ce sont des petits chaussons faits en pĂąte Ă pizza, soit cuits au four soit frits (suivant les rĂ©gions), et gĂ©nĂ©ralement farcis de viande de bĆuf (Ă©videmment !). Mais il y en a aussi des farcis au poulet, aux Ă©pinards (trĂšs bons), au maĂŻs (un estouffe chrĂ©tien !), au jambon et fromage, ou encore aux oignons, etc etc etc C’est trĂšs bourratif…
.- l’incontournable “dulce de leche” !!! Alors ça, c’est une tuerie !!! C’est de la confiture de lait au goĂ»t de caramel. J’ai dĂ» me faire violence pour ne pas m’en gaver pendant tout le voyage, car c’est proposĂ© absolument partout et systĂ©matiquement Ă chaque repas.
.- les “alfajores” : c’est LE gĂąteau national (bien qu’il soit d’origine arabe en rĂ©alitĂ©). Il s’agit de deux biscuits ronds collĂ©s l’un contre l’autre soit avec de la confiture, soit avec du chocolat, soit avec du “dulce de leche”. Le tout est enrobĂ© de sucre ou de chocolat fondu. Bref, c’est trĂšs light comme pĂątisserie, juste 1000 calories la bouchĂ©e… Notre prĂ©fĂ©rence : ceux fourrĂ©s au “dulce de leche” et enrobĂ© de chocolat.
POUR CONCLURE…
— Je suis revenue avec la certitude que j’aime vraiment les paysages si grandioses, spectaculaires et variĂ©s de la CordillĂšres des Andes. C’Ă©tait la deuxiĂšme fois que je mettais les pieds dans ce coin du Monde, et je pense que ce ne sera pas la derniĂšre…
— PhilĂ©as est revenu avec la (quasi)certitude que ce n’est finalement pas dans ce pays (qu’il idĂ©alisait) qu’on Ă©migrera un jour… En dehors de la capitale, c’est dĂ©sert, et c’est Ă©conomiquement beaucoup trop alĂ©atoire. Depuis, il est Ă la recherche d’un plan B…
— Enfin, nous sommes revenus avec un nouveau record : distance BĂ©ziers/UshuaĂŻa = plus de 12800 kms… Record Ă battre !!!
C’Ă©tait dĂ©finitivement notre voyage jusqu’au bout du monde…
Ces paysages sont incroyables ! Dommage qu’il faille perdre son audition pour en profiter đ
On essayera d’y aller et probablement d’enchaĂźner avec la Bolivie, ça a l’air de bien se faire.
Oh oui, c’est tout Ă fait possible, la Bolivie est toute proche. J’avais d’ailleurs suivi des voyageurs en tour du monde il y a quelques annĂ©es qui avaient fait ça. Toute une aventure si je me souviens bien đ !
Il y a plein d’autres endroits que j’aurais adorĂ© voir autour de Salta, et notamment un “salar”, moins cĂ©lĂšbre que le Uyuni bolivien mais tout aussi impressionnant d’aprĂšs les photos que j’avais vues. Le gros hic semblait ĂȘtre l’accĂšs pas trĂšs facile.
J’ai trop hĂąte que vous puissiez repartir en AmĂ©rique du Sudđ !!!