[ #HistoiresExpatriées ] La (barrière de la) langue…
(avec pour marraine Estelle, qui a été expatriée en Australie)
Thème proposé :
LA LANGUE
L’explication se cache très probablement derrière un nom : Léopold Sédar Senghor, emblématique premier président (de 1960 à 1980) père de l’indépendance sénégalaise, écrivain et poète émérite reconnu, ardent défenseur de la francophonie et premier Africain à devenir un “immortel” en entrant à l’Académie Française en 1983.
Paradoxalement, bien que le français ne soit plus du tout compris par une partie de la population, il reste incontournable. En tout cas officiellement… c’est-à-dire d’un point de vue administratif, dans les médias, le monde des affaires, et aussi dans le milieu scolaire puisque la langue de Molière est obligatoirement enseignée à l’école dès l’entrée en primaire à l’âge de 6 ans.
Avant la scolarisation, la langue maternelle n’est pas le français.
Dans les faits, chacune de la vingtaine d’ethnies peuplant le Sénégal a sa propre langue. Ainsi, suivant la région où l’on se déplace, on entendra parler par exemple wolof, sérère, poular, diola, mandingue, soninké, bambara, bédik, etc.
La langue qui titille les oreilles lorsqu’on débarque au Sénégal, c’est le wolof, parlé et compris par une majorité de la population, ainsi que dans bon nombre de régions des pays frontaliers.
Youssou N’Dour la chante.
De plus en plus de médias audiovisuels locaux l’utilisent.
Les sermons religieux (musulmans comme chrétiens) sont bien souvent dispensés en wolof.
Avec l’ère d’internet, les réseaux sociaux contribuent à répandre et généraliser son usage courant.
Pouvoir avoir accès à ces livres aurait dû être une opportunité supplémentaire pour m’imprégner de la langue. Mais elle me paraissait tellement complexe et inaccessible que j’ai été lamentablement hermétique jusqu’au bout…
La pratique francophone a donc été un confort considérable. Cela a sans aucun doute bridé toute réelle volonté d’apprentissage… Comme ce n’était pas absolument nécessaire, je suis passée complètement à côté de ce pan important de l’expatriation, je le confesse bien volontiers.
J’appréciais leurs “sénégalaiseries”, comme par exemple : aller se baigner qui signifie se laver ; le long pour désigner une personne de grande taille, et inversement le court pour nommer un petit ; la bitik pour le petit commerce, la boutique ; il voyage pour dire que quelqu’un est juste absent pour plus ou moins longtemps ; une disquette qui est une minette coquette aimant attirer tous les regards ; le second bureau qui est l’amant/la maîtresse.
En guise de conclusion, je livre ci-dessous un mini lexique très sommaire. Cela pourrait être utile à ceux qui envisageraient d’aller découvrir le Sénégal un jour ou l’autre ?.
Ne connaissant que la “version orale”, je ne peux donc que retranscrire phonétiquement.
➥ améké (bonjour)
➥ anélangal (merci)
➥ anélangal chobé (merci beaucoup)
wolof
➥ salamalékoum (bonjour) ce à quoi on répond malékoumsalam
➥ nangadèf ? (comment ça va ?) / manguifi (ça va) / manguifi rek (ça va bien)
➥ anawakeurgué ? (comment ça va chez toi, la famille ?) je ne me souviens plus comment on répond… je me rappelle juste que “keur” veut dire maison/foyer.
➥ ouahou (oui) / dédète (non)
➥ diérédieuf (merci)
➥ niokobok (de rien, pas de quoi)
➥ manguidem (je m’en vais, dans le sens de “au revoir”)
➥ kaïfi (viens ici)
➥ atcha (va-t’en)
➥ baïma (laisse-moi, plutôt dans le sens “fous-moi la paix”)
➥ am (tiens)
➥ amna (il y a)
➥ amoul (il n’y a pas)
➥ amoul solo (pas de problème) = HAKUNA MATATA ?
➥ graoul (c’est pas grave)
➥ niofar (on est ensemble)
《 amoul solo, graoul, niofar ! 》 est un parfait résumé de la philosophie adoptée par les sénégalais pour “encaisser/digérer” les aléas de la vie. On devrait s’en inspirer plus souvent…
➥ barna (c’est bon, dans le sens “c’est ok”)
➥ baroul (c’est pas bon, dans le sens “c’est pas ok”)
➥ bi (ça, ceci, cela)
➥ dara (rien)
➥ denga wolof ? (tu comprends/parles le wolof ?) / toutirek (un petit peu) / dégouma wolof (je ne comprends/parle pas le wolof)
➥ raliss (argent) / amoul raliss (pas d’argent)
➥ taftaf (tout de suite, vite)
➥ bougnoul (ce qui est noir) / bouress (ce qui est blanc)
➥ inshallah (si Dieu le veut)
➥ alamdoulilahi (grâce à Dieu)
➥ mbourou (pain)
➥ leuk (lièvre)
➥ bouki (hyène) oui, je sais… mot pas très utile, mais je m’en souviens !
➥ gouigui (baobab)
➥ niata ? (combien ça coûte ?)
Là où ça se complique un tantinet, c’est que pour donner les prix, on ne compte pas tout-à-fait pareil… L’unité de base est 5 francs CFA qui se dit dérèm. Tous les montants découlent de ce système en base 5.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
➥ ben (un)
➥ niar (deux)
➥ nièt (trois)
➥ niente (quatre)
➥ diouroum (cinq)
➥ diouroum ben (six) cinq (diouroum) / un (ben) = 6
➥ diouroum niar (sept) cinq (diouroum) / deux (niar) = 7
➥ diouroum nièt (huit) cinq (diouroum) / trois (nièt) = 8
➥ diouroum niente (huit) cinq (diouroum) / quatre (niente) = 9
➥ fouk (dix)
➥ fouk ak ben (onze) dix (fouk) et un (ben) = 11
➥ fouk ak niar (douze) dix (fouk) et deux (niar) = 12
➥ niar fouk (vingt) deux (niar) / dix (fouk) = 20
➥ niar fouk ben (vingt-et-un) deux (niar) / dix (fouk) / un (ben) = 21
➥ nièt fouk (trente) trois (nièt) / dix (fouk) = 30
➥ témère (cent)
➥ diouni (mille, mais aussi 5000 francs CFA)
➥ dérèm (5 francs CFA)
➥ niar dérèm (10 francs CFA) 2 (niar) x 5 (dérèm) = 10 FCFA
➥ fouk dérèm (50 francs CFA) 10 (fouk) x 5 (dérèm) = 50 FCFA
➥ témère dérèm (500 francs CFA) 100 (témère) x 5 (dérèm) = 500 FCFA
A vous de jouer maintenant ! Bon courage ?…
édition n°4 : Ma nouvelle routine…
édition n°3 : Pourquoi es-tu partie ?
Toutes les autres participations abordant ce thème sont listées en fin d’article ici.
Super cette vidéo !!! Merci de l'avoir signalée Lucie. En effet, elle explique super bien les bizarreries des irréductibles gaulois. C'est vrai que quand on apprend à l'école le français, on ne se rend pas du tout compte de la difficulté de notre langue si tarabiscotée et bourrée d'exceptions tordues
Ah c'est fou le système pour compter en wolof ! Mais à bien y penser en français on compte sur la base dix jusqu'à 69 puis sur la base vingt jusqu'à 99, ce qui n'est pas logique mais que Karambolage explique très bien dans une petite vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=AisR8Cq6c6M
C'est clair…
Je crois que si ma langue me permettait de me faire comprendre je n'aurai pas fait l'effort non plus d'en apprendre une autre ! D'autant que le wolof a l'air effectivement assez compliqué…